II.

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Tout à coup, ma respiration s'accéléra me faisant perdre ma notion du monde extérieur. La nausée prit le relais de cette descente soudaine vers les profondeurs. Ce monstre si machiavélique était appelé crise d'angoisse. Je le sentais m'étouffer. Il allait m'abattre, je devais me battre le plus longtemps possible. Une fille comme moi ne pouvait pas s'effondrer, c'était inconcevable. 

Heureusement, mes amies essayèrent tant bien que mal de me parler, m'aider à remonter à la surface de ce navire qu'est la vie. Cette dernière, Emily me prit la main et me regarda droit dans les yeux. Son regard criait au secours. Elle se souciait de moi, ce n'était pas une sensation à laquelle j'étais habituée. J'essayai de parler mais les mots n'arrivaient pas à produire le moindre son. J'étais emprisonnée par ma propre conscience? Je trouvais cela assez paradoxal. On pouvait donc devenir soumis par ses pensées, et ces fameux monstres marins.

" -Je.. ne t'inquiète pas Emily, seulement un peu de fatigue. J'ai du mal à dormir en ce moment.

-Vic, ne me prends pas pour une fille sotte, à chaque fois que cela arrive tu me répètes sans cesse la même phrase. A croire que tu l'apprends par coeur  .

-T'as raison Emi, ça me fera du bien de sortir ce week-end.

-Je ne m'attendais pas à cette réponse mais enfin, tu te sentiras mieux et je serai là. On va bien s'amuser"

Pour vous simplifier le dialogue, il risque d'y avoir les fameux "excès" de jeunesse tant convoités. J'appréhendais un peu cette soirée, cela fait des mois que je ne suis pas sortie. Depuis lui. Il fallait absolument que je pense à autre chose. Emily m'accompagna jusqu'à mon fameux cours d'histoire-géographie. Je connaissais cette fille depuis quelques années. Pour être plus précise, en franchissant les portes de ce lycée. Elle faisait justement partie de ces étoiles dont je vous parlais. C'était une personne qui essayait de faire rayonner le monde autour d'elle. Elle oubliait peut-être qu'elle aussi brillait. Il faut croire que nous possédons les défauts de nos qualités. 

Je suis entrée dans la salle de classe où tout le monde me regarda comme si j'étais une simple mouche en train de voler, sans trajectoire précise. C'est à cela que je ressemblais dans la vie des gens. Une jeune femme perdue essayant de se trouver une place dans ce monde violent et cruel. Je pensais à la fameuse soirée de samedi, je l'appréhendais autant qu'elle m'obsédait. 

Quelques jours s'écoulèrent...

La pluie tombait depuis ma fenêtre, ce qui me rappelait mes pleurs, je me souviens de la fameuse citation de Charlie Chaplin "je pleure sous la pluie car mes larmes sont invisibles". Je me reconnaissais plus que n'importe qui dans cette phrase, j'étais cette personne dans la vie des gens, la fille invisible. Le second choix, celle qui ne fait pas d'histoire enfin du moins jusqu'à peu. Mon amie, Emily, venait me chercher en voiture. 

Je descendis dans mon salon avec une certaine boule au ventre, il fallait que j'arrête d'imaginer toujours le pire. J'allais passer une bonne soirée aux côtés de personnes que j'apprécie.

Ma mère apparut dans la cuisine avec un air abattue, encore victime de la violence verbale de mon père :

" Tu sors ce soir ? me lança-t-elle.

Oui, ça fait plusieurs jours que je te le répète.

Je sais, je suis un peu chamboulée en ce moment. Tâche de ne pas sauter sur le premier venu, il ne reviendra pas tu sais."

A peine cette phrase prononcée, je sortis en larmes du salon, tout le monde m'évoquait cette personne de façon implicite. Il ne fallait pas briser la petite faible. Mais pourquoi vouloir tout minimiser ? Une maman qui perd son enfant n'est pas comparable à la douleur que subit un enfant lorsqu'il perd sa peluche ? L'amour est une source de bonheur, d'extase mais aussi une source de mélancolie, haine. Il n'y a qu'un pas entre l'amour et la haine. Tomber amoureux, c'est confier un pistolet à la personne aimée en espérant qu'il ne tire jamais sur la gâchette. Pourquoi avait-il tiré ? L'avais-je méritée ? 

Le klaxon de la voiture me sortit hors de mes pensées infernales, je pris mon sac et je sortis de la maison. Je sentais déjà l'appréhension monter, vous savez, cette nausée qui vous prend à l'oesophage et dont vous ne pouvez pas vous séparer. Je montai dans la voiture avec mon amie.

"Coucou al.. t'as pleuré toi ?

Non, démarre. J'ai besoin de musique Emily. Urgent.

Le mot "urgent" avait une signification claire dans notre relation, j'étais au bord de la crise d'angoisse et je n'arrivais qu'à articuler quelques mots pour qu'elle sache ce qu'elle doit faire. Elle activa son téléphone et lança la chanson Luminary de Joel Sunny. Cette chanson me permettait de m'apaiser et de reprendre mes esprits pour réfléchir à nouveau.

"Merci Emily.

Oh, mais tu vas arrêter de me remercier.

Non je veux dire pour la soirée, c'est vraiment génial qu'on puisse profiter comme avant"

Comme avant. Cette expression était ambigue. Elle signifait qu'il y avait une rupture à ub moment, un verre brisé en comparaison. On ne peut jamais réparer ce qui a été brisé, même avec tous les efforts possibles. Il restera ces fragments entre les morceaux, ces failles indélébiles..

Arrivées au lieu de la soirée, tout me rappelait mes années lycée, mes folies des nuits entières avec mes amies, en fait, tout me rendait nostalgique. J'étais si jeune et pourtant si mélancolique du passé. Je suivis mes amies, habillées.. elles étaient sublimes. Je n' aimais pas me mettre en valeur, je pensais que si quelqu'un m'aimait sincèrement, c'était pour ma beauté intérieure. Elles buvaient des verres entre elles, j'avais aussi pris un verre. Il fallait que je fasse attention, les filles paumées font n'importe quoi, c'est bien connu.

C'est à ce moment précis que mon amie me secoua le bras

"Vic, je euh.. retourne toi, je te promets que ce n'est pas moi qui l'ai ramené.

Je me retournai et ce fut l'abysse la plus profonde. Lui. Il était là, riant à gorges déployées avec une fille, je devais partir, m'évader, m'enterrer dans le sol. J'étais incapable de bouger, d'émettre le moindre son. John était là, sous mes yeux, après tant de temps. Regards croisés, il parut extrêmement surpris avant de sourire, je restais totalement neutre, je balayais tout l'endroit du regard. Il n'avait pas changé, aucun trait. Ses cheveux étaient toujours blonds rappelant le soleil et ses yeux verts me transpercèrent de l'intérieur. 

A suivre..

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 25, 2023 ⏰

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Une fille mal rangée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant