Lorsque le soleil se lève

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On avait souvent dit à Maxime qu'il était aveugle.

Non pas au sens propre car il possédait ses cinq sens mais plutôt au sens figuré. Depuis toujours, il avait tendance à se noyer dans une sorte de déni profond dans lequel les actions de son entourage lui était hermétique. Il vivait dans son monde, dans sa bulle, avec ses habitudes. Le peu d'éléments qui entraient en contact avec ces derniers étaient rejetés et étaient source d'angoisse.

Sans surprise, durant ses années d'études, il incarnait exactement le type de personnage qui ne voyait pas les tentatives de dragues. Ce n'était pas vraiment de la naïveté, seulement un sentiment profond d'incompréhension mêlé à un zeste de manque de confiance. Ce type de tentatives, il les voyait comme une source inépuisable de questionnement. Pourquoi lui ? Est ce c'est sérieux ? Est ce que c'est sincère ? Est ce qu'on l'apprécie vraiment où est ce simplement une illusion ?

Pendant longtemps il avait vécu entouré d'une sorte de coquille qui filtrait les informations et personnes qui gravitaient autour de lui. Peu de personne y avait accès. Les exceptions à la règle étaient sa famille et ses amis proches. Il se protégeait surtout des autres.

Puis, un jour, Sidjil était entré dans sa vie. Le grand toulousain avait tout de suite eu un coup de foudre pour le petit parisien. C'est donc tout naturellement qu'il avait entrepris de se rapprocher de lui dans l'espoir de devenir ami voir plus si affinités. Il avait usé de toutes les phrases un peu lourdes de drague ainsi que toutes les excuses du monde pour être proche de lui et l'emmener en date. Malgré ça, Sidjil avait toujours eu l'impression que Maxime n'était pas réceptif ou plutôt niais la connotation amoureuse qu'il apportait.

Comme cette nuit-là, alors qu'ils se trouvaient sur le rebord du balcon d'un appartement vide de l'immeuble de Maxime. Cette nuit-là, face à la Tour Eiffel, ils observaient les étoiles. Aussi étonnant que cela puisse paraître, le ciel était particulièrement clair et la pollution lumineuse avait été drastiquement réduite. Ils étaient alors tous les deux, au alentour de cinq heure du matin enroulés dans des plaids, profitant d'un moment privilégié ensemble.

- Ca fait longtemps que je n'avais pas profité du calme de la nuit.

- Ça se voit, avait ajouté Sidjil en soufflant du nez.

- Comment ça "ça se voit" ??

- Habituellement tu t'aurais foutu de ma gueule en disant que c'était trop cringe comme idée ! Que là, tu es calme.

- Quoi ? Mais non vraiment pas !

- Mmh, si tu le dis.

Sidjil avait reporté son attention sur le paysage qui s'offrait à lui. A l'horizon, les couleurs changeaient peu à peu et il faisait tout doucement de plus en plus clair. Le soleil n'allait pas tarder à se lever.

- Tu sais Sid, je suis vraiment content de partager ça avec toi...

Le toulousain n'avait rien répondu sachant que les mots du corse n'avaient pas la même connotation que les siens. Maxime ne l'aimait pas comme il l'aimait. Il devait se faire une raison.

Quelques instants plus tard, les premiers rayons et les premières couleurs du matin firent leur apparitions au loin.

- Le soleil se lève Sid !!

Maxime avait agrippé le bras du plus grand et le secouait dans tous les sens. Malgré sa raison qui lui poussait à tout arrêter, son cœur, lui, était enveloppé d'une douce chaleur. Quelques instants plus tard, des rayons orangés dansaient sur le visage de Maxime. Il rayonnait et embellissait ses traits. Il était si beau. Sans réfléchir, Sidjil déposa un léger baiser sur le front du corse. Un moment de flottement passa durant lequel les deux hommes ne s'étaient pas laché du regard. Une douce tension s'était installée. Accompagné des doux rayons du soleil qui leur caressait le visage, ils étaient comme plongés dans une autre dimension.

- Sid...? avait chuchoté Maxime.

Le toulousain était perdu dans les yeux de son homologue et avait terriblement envie de l'embrasser. Qu'est ce que c'était un bisou dans une vie après tout ? En plus avec Maxime. Ils étaient tellement proches... Ce n'était certainement pas cela qui allait les éloigner... N'est ce pas ? Pourtant quelque chose l'empêchait d'agir. Il se recula subitement et sortit la première phrase qui lui vint en tête.

- Est-ce que le soleil vient de se lever ou c'est toi qui m'as souri ?

- Quoi ?

Un silence tomba à nouveau. Maxime regardait Sidjil avec des yeux ronds. Est ce que le brun venait-il vraiment de lui lâcher une disquette ?

- C'est quoi cette phrase de drague toute pétée ?

- Parce que tu dragues mieux peut-être ? Répondit Sidjil avec un air taquin.

- Est ce que c'est vraiment une question que tu me poses là ? Évidement que je drague mieux que toi ! Et puis même depuis quand tu me dragues aussi ouvertement comme ça ?

Maxime avait terminé sa phrase avec un rire cependant l'atmosphère autour d'eux changea brutalement. Un silence lourd s'abattit entre eux. Maxime avait parlé sans réfléchir se laissant guider par sa tendance au rire. Visiblement cela ne faisait pas rire Sidjil, et pour cause : lui était sérieux.

- C'est le cas depuis plus d'un an, mais merci de l'avoir remarqué.

Le ton de sa voix avait été plus sec qu'il ne l'aurait voulu et Maxime s'était soudain senti extrêmement mal. Sidjil était...sérieux ? Des flashbacks lui arrivèrent en masse en tête et d'un coup, tout sembla étrangement clair, évident. Comment avait-il pu être aussi aveugle ? Et pendant si longtemps ? Pourtant, quelque part au fond de lui, il savait, quelque chose lui criait qu'il le savait. Il savait que Sidjil était bien plus tactile avec lui, qu'il était plus attentif à lui que pour n'importe qui d'autre. Les regards ne trompaient jamais. Celui de Sidjil en était la preuve, et ce, depuis maintenant près d'un an.

- Je... Je suis désolé...

- C'est pas grave. Je ne t'en ai jamais tenu rigueur. Je savais dans quoi je m'embarquais...

- Mais pourquoi me dire ça que maintenant ?

- J'aimerais pouvoir passer à autre chose. A vrai dire, j'avais prévu de t'en parler à la soirée de Lucas. Mais je n'ai pas pu... J'en ai pas eu le courage...

Sidjil tourna la tête vers Maxime les yeux brillant d'émotion.

- Je t'ai aimé tellement fort Maxime. J'aurai tellement voulu que ça soit réciproque...

- Il n'est pas trop tard, avait répondu le corse sans hésitation.

Habituellement Sidjil aurait sauté sur l'occasion. Il l'aurait pris dans ses bras, l'aurait embrassé partout, lui aurait susurré à quel point il l'aimait. Si seulement... Si seulement Maxime n'avait pas réagi si tard. Peut-être cela aurait été le début d'une merveilleuse histoire d'amour. Mais voilà, le temps était passé. Peut-être que le corse était sincère - il n'en doutait pas - mais il était plus judicieux de garder leur relation tel qu'elle.

- Si ça l'est Maxime.

- Mais-

- Écoute, c'est mieux que ça reste comme ça.

Sidjil n'avait pas étalé le reste de sa pensée et avait simplement reprit la contemplation du paysage imposant un silence de nouveau pesant. Le soleil, quant à lui, continuait son ascension vers le ciel. La ville autour d'eux reprenait progressivement vie tandis que les sentiments de Sidjil, eux, mouraient.

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| 1194 mots

| "Are you flirting with me ?"
|" I have been for the last year but thanks for noticing"

 Recueil d'OS [Djilsime]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant