Recueil d'OS [Djilsime]

L'appel du Vide

TW : suicide.

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Sidjil avait toujours eu un attrait particulier pour le vide.

Il aimait se rendre dans des endroits improbables dans lesquels se trouvait systématiquement du vide : le sommet d'une montagne, un pont qui traverse un canyon, le bord d'une falaise. Il vivait tous les jours avec la recherche permanente d'adrénaline pour le plus grand malheur de son entourage. Sa famille et amis proches avaient parfois peur pour sa vie. Ses longs road trips et ses disparitions ponctuelles qui duraient parfois plusieurs heures étaient source d’angoisse permanente pour les personnes qui gravitaient autour de lui.

Cette tendance au vide avait suscité une certaine curiosité chez ses amis. Les avis étaient par ailleurs plutôt mitigés sur la question. Certains ne voyaient pas le problème dans la mesure où il ne se mettait pas en danger, d'autres estimaient que cette curiosité malsaine du vide finirait par l’emmener à la tombe et qu'il était nécessaire de consulter. Les seuls qui n'avaient pas d’avis aussi tranchés étaient ses plus proches amis. Malgré cela, l'un d'eux était particulièrement attentif à lui. Ce quelqu’un n'était autre que Maxime Biaggi.

Ils se connaissaient depuis quelques années déjà et le Corse avait toujours plus ou moins su pour cette “passion” qui l’animait. Il était déjà arrivé un jour, où ils s’étaient donné rendez-vous, que Sidjil n'arrive jamais. Sur le chemin entre Toulouse et Paris, le brun avait fait une pause près d'un pont et après un courte marche, s'était arrêté au milieu de ce dernier et avait fixé le vide comme hypnotisé. Il y avait passé plusieurs heures avec l'intime conviction qu'il devait sauter. Il ressentait cette envie au plus profond de son âme. Fort heureusement, la raison avait repris le dessus et l’avait poussé à reculer loin de la barrière. Il avait finalement reprit la route en direction de Paris et était arrivé plus tard que prévu chez Maxime.

Ce dernier en voyant Sidjil arrivé si tard s'était posé bien nombres de questions. Que faisait-il durant tout ce temps ? Est ce qu'il s'était perdu ? Il n’avait pas hésité à lui demander lors du repas s’inquiétant profondément pour son ami. Contre toute attente le grand brun lui avait répondu d’un air détaché qu'il avait simplement fait un arrêt sur un pont. Cela avait attisé la curiosité du Corse. Que faisait Sidjil sur un pont ?

– J'ai eu l’envie de sauter.

Cette réponse avait glacé le sang du Corse. Sidjil avait eu envie de sauter. De sauter. De mettre fin à ses jours par simple curiosité. Comment pouvait-il dire cela avec un air si détaché ?

– Mais je l'ai pas fait. Je suis pas complètement con non plus.

– Mais tu y as pensé… répondit Maxime, le souffle court.

– Oui bah comme tout le monde quoi.

Encore une fois Sidjil usait de la carte de l'air détaché. Il disait cela comme si de rien était. La raison était simple : pour lui c'était tout à fait normal. Normal de vouloir se jeter d'un pont à la recherche d'adrénaline. Cependant face à l'air dépassé Maxime, il savait que sa pensée n'était pas anodine. Voir même complètement folle. Après cela, ils avaient finalement fini le repas dans le silence.

Depuis cette soirée-là, Sidjil évitait au maximum de parler de cette obsession du vide qui le hantait, ni des projets la concernant. Il savait que personne ne le comprendrait. Alors il avait continué de vivre sans se soucier de l’inquiétude de ses proches. Il les rassurait de temps en temps mais sans jamais s’étaler, ni ne jamais rien promettre. Lui-même ne savait pas comment évoluerait les choses.