CHAPITRE IV

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« Le pire des tombeau est dans le cœur des humains »


STAN

Ayant grandi dans un environnement nauséabond, j'ai fini par m'habituer à l'odeur de la merde qu'il abritait. Je ne peux me plaindre de sa puanteur car elle est tout ce dont j'ai connu.

On dit que le corps s'adapte, et le mien ne fait pas exception. Tout comme on dit que l'on a conscience que l'on saigne que lorsque l'on nous fait la remarque.

Et pourtant, j'ai toujours su que je saignais. Même beaucoup trop.

Son comportement a mon égard était tout sauf normal. Je le savais, tout le monde pouvait le voir.

Sauf elle.

Pour ma mère, je ne pouvais pas recevoir son affection. Je n'était qu'un racaille qu'elle a mit au monde à son grand désarroi.

J'accélère au feu rouge, tandis que mon téléphone dans ma poche arrière ne cesse de vibrer.

Il n'y a pas plus impatiente que les femmes de droits...

— Il faut aussi que je t'achète une horloge Grant ? Jacasse April à mon arrivée.

— Je m'en passerais de tes bonnes œuvres.

Elle soupire et me tend une enveloppe, le regard curieux.

Je ne me prêterais pas à son jeu, elle le sait très bien.

J'attrape la clé qu'elle me tend tandis que je relis une dernière fois le bail de mon nouveau logement.

À quand remonte la dernière fois où j'ai posé mon dos sur un matelas valant le coup ?
Assez longtemps pour que je change de coupe trois fois si ce n'est pas plus.

— Tout semble s'arranger à ce que je vois.

— Si on veut. On a fini ?

— T'as pris la bonne décision Stan, il aur...

— Il aurait quoi April ? Dis-moi, j'aimerais bien savoir moi aussi.

Il y'a des moments comme celui-ci.

Tout semble échapper de mon emprise et mes sentiments vont à l'encontre de mes pensées.

April n'y est pour rien, elle le sait. Ou du moins, je l'espère.
 
— Je ne suis pas ta camarade Stanislas. Tes sauts d'humeur, je peux m'en passer.

Adossé contre sa portière, j'attends la suite de mon sermon. Mais, c'est tout le contraire. 

À quelques pas du pont de Chicago, nous ne pouvons détourner nos regards du ciel étoilé.

C'est affreusement agréable, que j'en gerberais presque face à la nostalgie de cette fin soirée.

— Tu comptes pas me dire ce qui t'as retardé à ce point ?

— Un imprévu.

Je n'ai pas besoin de tourner la tête pour savoir elle me sonde du regard.

Comme elle aime si bien le faire.

— Tu ne me parles plus Stan.

— Parce qu'il n'y a rien à dire.

— Pas de ça entre nous, pas à moi. Ça se passe bien l'école ? J'ai entendu dire que tu danses en collant maintenant.

— Faut croire que t'as de bonnes sources, Femme.

Le timbre de sa voix retentit alors, arrachant malgré moi, un sourire que je peine à dissimuler.

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