PROLOGUE

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PROLOGUE

FLORE

J'ai laissé place à mon imagination et regardé couler ma peine.

Si vivre se résumait à une sensation, alors je vis. Si vivre était le fait de se déverser de ses maux, alors mon corps vit.

Je suis partie à la recherche de ma vie tellement de fois, tandis qu'il fallait juste que je laisse place à ma créativité. Quel gâchis.

Assise dans la baignoire, j'observe l'eau mousseuse dorénavant rouge prendre en hauteur tandis que Let me go de Ben Schuller bat son plein. Et une odeur de fer envahit notre minuscule salle de bain.

Est-ce ce sentiment que procure la drogue ?

C'est d'une extase sans précédent, c'est le bonheur.

Bien qu'il soit subjectif, si je devais décrire le mien, je dirai qu'il est rouge sang.

Je laisse couler mes maux tandis que le cutter suit méticuleusement bien la cadence.

Peut-être que c'est moi le problème. Peut-être que ça a toujours été moi. Peut-être que je refuse de voir les choses que je ne veux pas voir. Mais tu as le contrôle maintenant...

Let me go.

Je passe ma main sur mon entrecuisse endolorie, un sentiment dont je ne peux définir m'immerge.

J'ai eu tord de penser que la vie c'était un putain de roman et que je finirai par avoir mon happy end. Mais pas de chance Floriane Mary Johns, les bouquins aussi possède des sad ending.

Je me demande bien quel aurais le titre si ma vie se tenait dans un roman ?
Aurait-il été lu ? Quels auraient été les critiques ?

J'imagine que je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. À force de voler trop près du soleil j'ai fini par fondre mes ailes faites de cire et de plumes. J'ai voulu admiré une vue qui m'était nouvelle, mais la chute à été plus brutale que prévu.

Aurais-je conscience de la fin ?

Sentirais-je la dernière goutte quitter mon corps ou serais-je déjà trop inconsciente pour m'en rendre compte ?

Verrais-je la fameuse lumière blanche dont on ne cesse de mentionner dans les films ?

En tout cas, j'ai vécue une belle vie...

Je songe à croire que si je me le répète assez peut-être finirais-je par m'y convaincre.

Enfin est venu le jour où je pourrais me reposer en paix, sans devoir craindre mes cauchemars. Le jour où mon sommeil n'aura plus de rêve ni de réveil.

— On est en retard magne toi.

Et puis il y a elle.

Marisa Mary Johns, l'équivalent humain de mon animal totem, mon porte-bonheur, ma raison de vivre de tous les jours.

Il m'arrive de la détester pour toutes ces raisons qui me tiennent en vie. Par exemple, maintenant.

Pourquoi est-elle toujours là à m'empêcher de savourer mes instants de répit ?

Ayant comme une prise de conscience, je me précipite vers mon débardeur qui me sert dorénavant de bandage. Je débarrasse la baignoire de l'eau tandis que je m'enroule dans ma serviette.

— On devrait prendre notre douche ensemble à l'avenir, cela permettrait non seulement de réduire les coûts mais aussi d'économiser quelques minutes le matin.

— Je ne suis plus une gamine, je peux prendre ma douche toute seule. Je lui réponds en claquant la porte de ma chambre derrière moi.

Elle serait si dévastée si elle l'apprenait.

Je suis désolée maman,

Mais je le suis pas pour avoir opter pour cette option...



ig: cleeisdnv

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