1 - Crowthorne.

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Crowthorne, 18h50.
- Nous y voilà, Sofia. Murmuré-je

Le petit immeuble de quatre étages qui se dresse devant moi est situé dans un quartier tranquille. Le voyage m'a complètement vidé d'énergie et il me tarde d'enfin pouvoir me coucher. Je sonne à la loge du gardien, M.Brown. Un petit homme grisonnant ne tarde pas à arriver pour m'ouvrir la porte.

- Ce doit être lui.

Faut vraiment que tu arrêtes de te parler à toi-même Sofia...

Le vieil homme se place devant moi en arquant un sourcil.

- Bonjour, je suis Sofia Vitalli, c'est pour-

- L'appartement du deuxième, je sais. m'interrompe-t-il en haussant les yeux

Ok... ça promet...

Sans dire un mot, il tourne les talons et emprunte l'escalier. Je le suis machinalement en n'osant plus respirer. Sérieux, c'est quoi son problème avec moi ?

- Le loyer est à verser tous les 1ers du mois. Pas de fête.

Il finit par s'arrêter devant la porte de mon nouveau chez moi. Il me tend la clef et sans attendre son reste, repart dans l'autre sens. Je suis presque soulagée qu'il ne m'accompagne pas pendant la visite. Je finis par déverrouiller la porte avec la boule au ventre. Etrangement, l'appartement sens la peinture fraiche. Vu l'amabilité du gardien, je craignais qu'il ne sente le renfermé ou la maison de retraite. Bref. Je dépose mes sacs à l'entrée et m'engouffre un peu plus dans mon nouvel habitat.

L'entrée est petite et donne directement sur la pièce principale. Une petite cuisine américaine comble le fond de la pièce, et un grand lustre la surplombe. Je continue d'avancer et me retrouve dans ma chambre. J'ai eu la chance de trouver un petit deux pièces et non un studio comme la plupart des étudiants de ma promotion. C'est grâce à Sam, l'amie de maman, qui a des connexions ici. Sans elle, je sais bien que j'aurai du me contenter d'un petit 5m². La chambre contient un lit double et une armoire penderie. Ce n'est pas le grand luxe, et bien loin de ce que j'ai chez maman, mais il y a de quoi faire. J'ai même un petit (minuscule) balcon qui donne une vue imprenable sur les lumières de Londres au loin. La salle de bain contient le strict nécessaire, une douche à l'italienne et les toilettes. En quelques minutes, j'ai fait le tour de mon nouveau chez moi, mon petit sanctuaire pour les mois à venir... Je me décide à libérer Rubben. Le voyage a été long pour lui aussi, et je sens qu'il a faim. J'attrape dans un des placards un petit bol et le rempli de croquette. Mon petit spitz nain constitue l'entièreté de ma vie sociale ici, en Angleterre, alors il était tout simplement hors de question pour moi de le laisser à Amsterdam. Il fallait que j'aie un minimum de compagnie, et je ne me suis jamais séparé de lui depuis son adoption.

Une heure plus tard, j'ai finis de ranger mes affaires dans les placards. Faute de courses, je dois me contenter de la moitié du sandwich de ce midi que j'ai acheté à la gare centrale. Peu importe, de toute manière, je suis bien trop fatigué pour avaler quoi que ce soit. Je finis par prendre une douche en en profitant pour me laver les cheveux. J'ai beaucoup de mal à les entretenir, entre les cours et la rédaction de ma thèse. Je prends du temps, en laissant couler l'eau chaude sur moi. Et si j'avais fait le mauvais choix ? Pourquoi avoir insisté pour faire mon stage ici, alors que j'aurai pu rester en Hollande ? Je ne connais personne ici... J'aimerai tellement qu'Agathe et Myriam soient là.

Il est six heures du matin quand Rubben saute sur mon lit et met fin à ma nuit de sommeil. Je n'ai pas beaucoup dormi et j'avoue que j'ai le dos en compote. J'ai peur de ne pas être en forme pour ma première journée. Il faut que je le sois, je ne peux pas me permettre de faire mauvaise impression. Même si ce stage ne changera rien à ma fin d'étude, ma mère m'a toujours appris à laisser une bonne image de moi, peu importe l'endroit où j'atterris. En parlant d'elle, je n'ai pas eu de ses nouvelles depuis hier, lorsqu'elle m'a déposé à la gare. Comme à son habitude, elle doit surement être en interview ou autre chose de plus ennuyant encore. Je n'ai jamais voulu lui ressembler. Toutes ces mondanités, cet univers de strass et paillette à toujours sonner faux à mes yeux, et Dieu seul sait que je garde de mauvais souvenirs des réceptions interminables qu'elle donnait à la maison alors que j'avais école le lendemain. Inconsciemment, je pense que c'est cette envie d'échappatoire qui à conduis mes pas jusque ici.

P4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant