11 - Jardin d'hiver.

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"Certaines passions demeurent à jamais insondables."





Les premières lueurs du jour pénètrent par la fenêtre de ma chambre. Il fait encore sombre, et pourtant je suis réveillé depuis plusieurs heures. J'ai beau tourner et tourner dans mon lit, impossible de trouver le sommeil.

Je me lève en trainant les pieds, avec pour seul et unique but : me servir un verre d'eau. Rubben est confortablement endormis dans son petit panier en fourrure offert par Myriam, je ne peux pas m'empêcher de lui caresser le haut de son petit crâne. Ma boule de poil constitue ma seule source de réconfort depuis mon retour à Amsterdam.

J'ère dans les couloirs de mon nouveau chez moi, profitant du calme ambiant de la matinée. Et pourtant, je ne parviens pas à faire taire les informations qui fusent dans mon cerveau.

Aujourd'hui nous sommes Samedi.

Et ce soir, Viktor donne une seconde réception. Cette fois ci, en l'honneur d'un de ses contrats avec la ministre des Finances, madame Kaag.

Lundi, si tout se passe bien, j'intègrerai le New Valerius, finirait mon stage d'ici cinq mois et serait diplômée par la suite.

J'ai profité de ces deux derniers jours de répit pour travailler un peu plus sur Psychologie d'un meurtrier
sans pour autant réussir à lui donner la direction que je souhaite. Pour la première fois dans mon parcours universitaire, je piétine. Et tout à coup, je ne me sent plus si sûr de moi.

Je me masse les tempes et me prépare un latte macchiato.

Hier soir, les filles sont passées. Agathe m'a pratiquement menacé pour que j'organise une pendaison de crémaillère. Alors on s'est retrouvé toutes les trois comme avant, et je dois avouer que ça m'a fait un bien fou. Pour la première fois depuis mon départ pour l'Angleterre, j'ai pensé à autre chose que Broadmoor et les secrets de Léo.

ou encore un certain patient désormais devenu fugitif...

La soirée a tourné autour d'un sujet qui fâche : ma relation avec Harrys. L'une pariait que je finirai par retomber dans ses bras, l'autre me suppliait de ne pas le faire. L'alcool n'a pas aidé et je suis presque certaine de m'être mise à pleurer en leur faisant des déclarations d'amour.

Nora aussi a fait son grand retour dans ma vie, elle passe quasiment tous les jours pour s'assurer que tout va bien. Je dois avouer que ça me fait bizarre de la voir se donner un rôle de mère aimante alors qu'il n'y a personne d'autre que nous deux dans la pièce...

Bref.

Deux choix s'offrent donc à moi.

Tourner définitivement la page sur ce qu'il s'est passé et reprendre ma vie là où je l'avait laissé.

Ou me rendre à cette réception et en savoir plus sur cet Aljazaar.

Après la soirée de la dernière fois, il s'était retiré sans rien ajouter de plus, et ma mère avait refusé catégoriquement d'aborder le sujet. Et ça avait suffi à décupler mon angoisse. Tout semble lié, et si j'étais effrayé jusque ici de me retrouver au cœur de cette affaire sordide à cause d'Harrys, c'est ma propre mère qui m'y liait désormais.

Je m'affale sur mon canapé et scroll les réseaux sociaux. Les élections législatives arrivent à grand pas, et ça semble être le sujet de discussion numéro 1 ces derniers temps. Je ne me suis jamais vraiment intéressé à la politique, même si mon père était un membre influent du gouvernement autonome de Sicile, je n'ai jamais su m'identifier aux différents élus politiciens. C'est bien la seule chose qui nous rassemblait Nora et moi. Elle haïssait plus que tout les débats politiques tous plus corrompu les uns que les autres.

P4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant