Partie 1 - Security - Prélude

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environ 26 ans plus tard

Avait-on déjà vu un noir aussi opaque ? Oui, mais rarement. En effet, "le somnifère" - le Siégeant des recherches scientifiques – n'avait recensé à ce jour que cinq pannes d'énergie, dont deux en journée. Ces incidents étaient rares et n'arrivaient qu'une fois tous les quatre ans.

Faisant fi de l'absence de lumière, un homme encapuchonné marchait à pas pressés dans les ruelles étroites qui formaient le blocus A-02. A chaque petit bruit, il se stoppait brusquement et jetait un regard suspicieux autour de lui, faisant manifestement particulièrement attention à ne pas se faire remarquer. Il s'arrêta dans une petite ruelle, et frappa quatre coups brefs sur le volet fermé d'un magasin à l'apparence abandonné.

–  Mot de passe ? s'enquit soudain une voix qui le fit légèrement sursauter.

–  Laisse-moi entrer, grogna l'homme en glissant une main sous sa veste pour saisir le manche de son couteau.

Le jeune adluxiste aux courts cheveux bruns eut l'air de comprendre de qui il s'agissait et ouvrit la petite porte en métal derrière laquelle il se cachait.

–  Chef ! s'enquit-il avec entrain. Vous êtes revenu !

L'homme grommela et entra précipitamment. 

L'intérieur était exigu, mais chaleureux. Une table basse trônait au centre de la pièce, avec des tas de feuilles de papiers éparpillés dessus, entourée de chaises.

Une autre personne - une femme, cette fois-ci – arriva par un escalier situé au fond de la boutique.

–  Depuis quand laisse-t-on entrer les gens sans le mot de passe, reprocha-t-elle à son compagnon en les rejoignant.

–  Mais c'est le chef ! se défendit le jeune homme.

–  Quand bien même, marmonna l'autre adluxiste en fronçant les sourcils.

L'homme à la cape éclata soudainement de rire, à la surprise des deux autres. Il se reprit bien vite en murmurant une insulte pour lui-même dans un dialecte inconnu. Ça donnait un peu près : "Patga !".

–  Je ne savais pas que vous parliez la langue du blocus B-01 ! s'étonna l'individu mâle en rigolant à son tour tandis que la femelle, suspicieuse, fixait son supérieur hiérarchique avec intensité.

–  Vous n'êtes pas le caïd, finit-elle par déclarer froidement.

L'homme marqua un temps d'arrêt. Il finit par esquisser un sourire qui était plus que mauvais signe et par déclarer d'un ton égal :

–  Je suppose que tu sais qui je suis, alors ?

Le jeune adluxiste blêmit en constatant que la voix avait changé de sonorité. C'était celle d'une femme, et si ce visiteur était une femme, ça ne pouvait qu'être...

–  Bonsoir, Siégeante de l'organisation interne, déduisit la jeune femelle.

–  Mauvais soir, corrigea la femme encapuchonnée. Je vais vous tuer, alors c'est un mauvais soir. Enfin... Pour vous.

L'adluxiste femelle ne se démonta pas, contrairement à son compagnon, qui était déjà à terre en train d'implorer l'inconnue. Franchement, les adluxistes étaient d'années en années de plus en plus pathétiques...

La Siégeante raffermit sa poigne sur son arme, en se préparant à la sortir. Après tout, ça l'arrangeait.

Un troisième adluxiste, plus âgé et s'appuyant sur une béquille en bois massive pour soutenir sa jambe unique – sa mutation – , était penché sur des cartes dans la pièce du dessous. Sa barbe broussailleuse et la vielle pipe qu'il rongeait entre ses dents lui valait le surnom de "capitaine". C'était le chef de cette section des adluxistes (le caïd étant le chef de tous les adluxistes). Une femme d'apparence jeune aiguisait un couteau dans un coin, assise sur un fauteuil d'un autre âge.

Poule mutante cherche dentisteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant