Eden & Sebastian

Chapitre 7

Eden peut désormais dire qu'entre lui et Sébastian Mendoza c'est officiel. Il faut dire que cette partie du problème a vite été traitée. Deux jeunes hommes qui se plaisent mutuellement, autant laisser le temps faire les choses. Et même si le mot couple n'a pas été prononcé, l'exclusivité est tombée comme une évidence.

Il reste quelque trucs par-ci, par-là à élucider, mais leur relation est devenue limpide. Eden n'a pas besoin de mettre ses sentiments au clair tout de suite, et il est heureux d'être celui que Sébastian a choisi pour cette expérience de vie.

Ils ont tout de même établi qu'il fallait qu'ils apprennent à se connaître. Effectivement les choses vont peut-être un peu vite entre eux, ils se sont rencontrés il y a maintenant un mois. Les trajets en bus ou en moto, et les deux week-end qu'ils ont passés ensemble ne représentent finalement que peu de temps. Ces moments sont de bons souvenirs et quelques infos arrivent aux oreilles de l'un ou l'autre. Sébastian sait par exemple qu'Eden n'aime pas les poivrons, chose pas très utile au vu de la cuisine mexicaine qu'il a l'habitude de faire. Il l'a regardé un week-end trier ses fajitas à la fourchette... sacrilège. Il a bien cru que sa sœur allait assassiner le blond. Cette scène fut très drôle.

Si chez Eden l'humeur est joyeuse, chez Sébastian elle est plutôt changeante. Oui il est heureux qu'Eden partage les mêmes sentiments que lui, mais il a peur de ce que son père pourrait leur faire. Pas vraiment à lui mais plutôt au blond. Il ne sait pas quels sont les plans de son paternel, et il espère que s'il ordonne à quelqu'un de faire du mal au blond, ce sera lui qui sera appelé à le faire.

Pas qu'il veuille lui faire du mal. Mais il ne veut pas qu'un autre lui en fasse.

Bien que Sébastian participe de loin aux agissements du clan, reste qu'il sait ce qui s'y passe. Jamais il n'a assisté à une des séances de torture signée Enriques et il espère que jamais il n'aura à le faire. Mais ce qu'il sait en revanche, c'est que son père est aussi doué en violence physique que psychologique. Pour preuve, lui, et avant lui, sa mère. Il ne voudra pas se l'avouer, malgré le fait qu'il le sache, mais Bernardo aussi.

Enriques a beau rester discret, ceux qu'il laisse sur son passage sont inévitablement blessés.

Il faut que Sébastian trouve une stratégie. Comment protéger Eden, tout en continuant à le voir ? Il ne sait même pas comment est la situation au lycée, pourtant il semble que ce soit le lieu le moins risqué pour qu'ils passent du temps ensemble. La maison Mendoza n'est plus du tout accueillante, il ne sait pas quand son père pourrait débarquer, ou même son cousin. Il aimerait avoir les moyens de prévoir des sorties avec Eden, mais là aussi c'est compliqué. Et pour ce qui est de traîner dehors, il fait encore trop froid en ce mois de février pour espérer une sortie agréable. Rien qu' hier au terrain vague ils se sont pelés les miches, comme on dit. Sacré casse-tête.

Et en parlant de sortie, Sébastian capte que vendredi c'était la Saint-Valentin, non pas qu'il y apporte une quelconque importance à cette fête commerciale à mourir, où personne ne fait preuve d'originalité et offre la même chose que tout le monde à sa moitié. Il est pourtant persuadé qu'Eden y apporte de l'importance. Est-ce pour ça qu'il était aussi remonté vendredi soir au téléphone ? Il n'en connaîtra pas la vraie raison, mais se console en se disant qu'avant samedi ils ne s'étaient rien promis. C'est pas comme s' ils allaient se marier.

Pour l'instant, son dimanche est aussi vague que son samedi. La chose l'étonne encore d'ailleurs. Bien qu'il ne s'attendait pas à tomber sur William en toquant chez les Campbell. Dans son esprit, le père d'Eden était aussi absent que le sien. Il n'a rien dit, et pourtant il est sûr que William sait qui il est. Ça, il en est sûr. Le quadragénaire l'a quand même fait entrer chez lui, lui a proposé de s'asseoir à sa table. Et encore plus étrange, l'a laissé partir avec son fils. Bien que la discussion qu'ils ont eus tous les deux ressemblait à un interrogatoire, quoique pas de ceux qu'on a au poste de police. Plus du genre gênant comme la première fois qu'on rencontre les parents de la personne avec qui on sort.