La Morsure d'Argent [TERMINÉ]

Chapitre 10

- Tu es sûr de toi ? demanda Karmin.
- Oui, l'odeur est bien précise, je la reconnais mais elle ne vient pas de mon ancien clan. assura Prem.
- À ta tête on dirait pourtant que tu la connais, intervint l'inspecteur Nalawitt.
- Oui, du moins je l'ai déjà rencontré, mais je ne me rappelle pas où... Désolé Inspecteur...
- Ne t'inquiète pas, avec tout ce que tu nous a décrit, ça nous avance sur beaucoup de choses. Nous prenons la relève. Monsiuer Guntachai, pouvons-nous demander votre assistance ? Ses connaissances dans le registre des chasseurs nous serait très utile.
- Demandez-lui. fit Boun, bras croisés sur sa poitrine, en retrait.
- Si mon maître est d'accord, je vous aiderai ! assura l'hybride avec force.

Boun sourit, comment pouvait-il le lui refuser ?

- Fais, soupira-t-il.

Alors, le jeune homme s'ajouta au groupe de policiers qui avait investie les lieux pour prendre tout en photos et se pencher sur certains aspects du corps ainsi que des détails qui pourraient manquer à Prem.

Boun l'observait complètement absorbé par ce qu'il ce passait autour de lui. Mais pour que le jeune homme comprenne les enjeux d'un Sentinel, il allait devoir, très souvent même, faire affaire avec la brigade, ce qui n'enchantait pas des masses le vampire. Pourquoi ? parce que lui-même avait fait partie de cette Brigade, pour ne pas dire qu'il en avait été le chef jusqu'à ce qu'il décide de tout quitter pour la tranquillité. Mais avec sa rencontre avec Karsiel, il s'était lancé dans le mannequinat pour avoir de quoi payer ses services, même s'il n'avait pas eut envie d'avoir quelqu'un de plus que lui à gérer.
Au départ, quand Boun s'était posé dans un coin de la forêt, son projet avait été de rester à proximité pour s'assurer de pouvoir être là quand la Déesse aurait besoin de lui.
Mais avec le temps, il avait fini par trouver apaisant de vivre dans cet endroit. Mais la tranquillité ne lui avait jamais été accordé, surtout avec l'arrivée de Karsiel et des autres qui constituaient son personnel de maison. Si kelly, sa mage et intendante, lui était d'une grande aide et amie très précieuse, le reste ne trouvait pas d'intérêt à ses yeux.

Pourquoi les gardait-il ? Même lui ne le savait pas. Le soir il aimait à se laisser aller, un verre de vin à la main, regardant la lune, maîtresse argentée de la nuit, pour discuter avec elle et laisser ses pensées affluer pour se perdre dans ce tableau inédit. Kelly le rejoignait de temps en temps, mais la mage n'était pas attirée par ce désir de beauté. Si Boun et elle vivaient ensemble, c'était parce que Boun lui avait fait une promesse, celle de lui laisse l'accès à sa bibliothèque pour avancer dans ses recherches magiques.
Il savait qu'à tout moment, la mage pouvait le tuer. Avec ou sans raison, les mages étaient un peu comme des renards fourbes et girouettes. S'ils vous saluent et vous souris le premier jour, la nuit ils peuvent vous maudire et finalement vous tuer et pleurer à votre enterrement. Les mages étaient ainsi mais le surnaturel était à l'image de l'humain et vice versa...

Avec l'arrivée de Prem, le vampire s'était rendu compte que beaucoup de choses ne lui étaient plus si indispensables, à commencer par son staff qu'il voulait jeter. Il aimait être tranquille, sauf que Karsiel nuisait effroyablement à cela, tandis que le jeune hybride l'avait bien compris. Quant aux cuisiniers ou aux employés du service d'entretien, il ne savait plus quoi en faire, les entendant prédire la mort de son nouveau familier comme si c'était devenu une cible d'amusement, un enfant qu'on viendrait détruire dans la cour de récré pour montré qui étaient les plus grands et qui avaient le pouvoir.

- Bien joué mon gars ! lança un des inspecteurs à Prem, réveillant Boun de ses pensées.
- Tu te souviens ?
- Oui, mais je me demande pourquoi il a fait ça, grommela Prem, bras croisés, réfléchissant.
- Qui est-ce ? l'encouragea Karmin.
- C'est l'un des fils d'un autre clan qui vit pourtant à des kilomètres d'ici.
- Quel clan ?
- Tilikwan.

Boun, furieux, serra si fort sa main sur la vasque qu'il la brisa.

- Phi ! s'écria Prem en se précipitant vers lui pour examiner les dégâts.
- Tu sais qui c'est, n'est-ce pas...
- Oui et je ne m'attendais pas à ce que ce vieux chien fasse du grabuge.
- P'Boun ?
- Petit loup, gronda Boun. Celui que tu décris est celui qui a trahis la plus part d'entre nous et a tué ma famille des siècles auparavant.

Prem, sur le cul, ouvrit les yeux en grands. Comme si la colère du vampire devenait la sienne, il ressentit une féroce envie de meurtre, au point qu'il eut beaucoup de mal à se retenir de se transformer. Boun n'allait pas se calmer et Prem allait en pâtir si quelqu'un n'agissait pas. Mais, dans un sursaut de lucidité, le jeune homme pris son maître dans ses bras et lui murmura :

- Je le tuerai pour toi, P'Boun.

[...]

- J'ai pu faire ma première enquête ! s'exclama Prem à ses ancêtres apparus sur la souche.
- Comment était-ce ? demanda Kayan, loup curieux et ancien shérif.
- C'était... étrange. P'Boun m'a aidé à me calmer et à me concentrer. Au départ c'était vraiment déroutant. expliqua-t-il.
- Prem, n'oublie pas que tu es un Sentinel, ce qui veut dire que tu as des aptitudes bien plus spéciales encore, lui rappela Syr.
- Je sais grand-père syr.

Depuis une bonne heure, le jeune homme était venu les voir et avait gardé sa forme humaine pour enfin se présenter à eux, tel qu'il était. Mais quand il leur expliqua qui était le fautif, Marianne se renferma. Que ce passait-il ?

- Grand-mère Marianne ?
- Ce nom Prem, ne l'oublie pas, lui dit-elle tristement.
- Pourquoi ? P'Boun m'a dit qu'il avait tué toute sa famille.
- C'est le cas. Et il a été un de ceux en qui nous avions le plus confiance également, jusqu'à ce que notre famille périsse...
- Notre famille est morte à cause de moi, mais il y a eu un drame avant ça, expliqua Syr au jeune homme. As-tu du temps mon garçon ?
- Bien sûr grand-prère Syr. P'Boun ne devrait pas tarder. Il a eut beaucoup de mal à se reposer depuis que nous sommes rentré.

Ceci dit, voilà que le vampire apparu, grondant sa rage, le regard féroce.

- Je crois que la colère du Gardien est encore plus grande que la notre, fit remarquer Kayan. Maître Guntachai ?
- Phi ? Tu es là tôt.
- Karsiel m'empêche de dormir...

Prem lui sourit amusé et se décida à prendre une forme plus convenable pour le vampire. Ce dernier, après avoir salué les trois entités, s'allongea contre le flanc du grand loup et s'enferma dans une phase de pseudo sommeil où il était à l'abri et au calme, uniquement bercé par la voix de Prem et celles des trois créateurs du Dôme. Le loup posa sa queue touffue sur le torse dur vampire qui frissonna de plaisir.

- Avant que notre frère ne commence à tout détruire, raconta Kayan. Tilikwan était mon second et notre ami. Très vite, il est tombé amoureux de Marianne et ils sont devenus amants.
- Quand Marianne tomba enceinte, nous étions tellement heureux... souffla Syr donc le regard s'était soudain ternis avant de reprendre cette lueur mortelle.
- Que s'est-il passé ?
- Il a tué notre fils une fois né. avoua Marianne qui portait encore les traits de la douleur.

Prem feula de tristesse pour cette femme qu'il ne pouvait prendre dans ses bras. Sa tristesse et sa douleur étaient immenses et le loup les ressentaient parfaitement en lui.

- Je l'ai maudit, déclara Syr. Il vivrait indéfiniment avec le souvenir d'un meurtre qu'il n'aurait jamais dû commettre. Mais...
- Il est entré dans une rage folle et s'est mis en tête de tuer toutes les créatures qu'il trouverait.

Prem comprit alors. Il tourna sa tête vers le vampire qui n'avait pas bougé. Très légèrement, il posa sa truffe sur son ventre et sentit une main lui gratter la tête.

- Je le tuerai. annonça Prem.

Peu importait qui pouvait bien l'entendre, il en faisait la promesse.

Il tuerait celui qui avait apporté le malheur sur sa famille, sur Boun et dans ce monde qu'il semblait vouloir diriger comme s'il en était le maître absolu, maudissant son état et tuant sans distinction.

- Je le tuerai....

***