La reine des Enfers

Chapitre 2: Ode à la sensualité

23 octobre. Pendant la fête. 

Pour Tracey, la soirée avait des airs de débauche. Des têtes délurées déambulaient partout dans le jardin, pour abreuver leur soif de plaisir, et se sustenter par la chair. La nature semblait le lieu où n'importe quel désir pouvait se réaliser, s'actualiser, s'incarner, tel un jardin d'Eden. Des proies se laissaient faire, tandis que d'autres repoussaient les avances des prédateurs sans heurts. L'herbe de la pelouse se retrouvait fréquemment arrachée par les mains avides des invités, et par mégarde leurs ongles se salissaient de terre et de crasse. Les roses blanches des buissons se retrouvaient tachées et effleurées par les gouttelettes des boissons : Bordeaux, Rosés, Punch, Sangria, jus de cranberry, Bloody Mary, etc. Cependant Tracey restait en spectatrice de ce spectacle voyeuriste. Elle voulut quitter cette ambiance de fornication, donc elle partit dans les fins fonds du salon, et passa à travers les invités. Elle croisa Kyra près d'une table avec un verre d'alcool à la main, et un jeune homme qui se tenait face à elle, la tête penchée sur elle. " Elle doit passer une bonne soirée finalement." pensa-t-elle. Dans la foule, transpirante d'alcool, une chevelure violacée lui caressa le nez. Elle s'arrêta raide devant cette chevelure lourde et volumineuse qui lui tournait le dos. Derrière cette touffe de cheveux, se dévoila un visage aux traits délicats d'une jeune femme au regard envoûtant. Elle portait un Crop top bleu avec un décolleté en forme de losange qui laissait entrevoir sa chaire ivoirine, mais aussi la forme de ses seins tachetés de grains de beauté. Ils étaient parsemés sur sa poitrine comme des perles noires qui coulaient sur une colline enneigée. Elle avait aux pieds de grosses chaussures dans un style grunge. Tracey ressentit un certain émoi en la trouvant face à elle. En retour, la jeune femme tourna son regard sur le côté pour la regarder aussi et un sourire plein de malices se dessina. Un groupe de filles passa entre elles, et la femme à la chevelure améthyste se retourna complètement vers elle. Les deux se regardèrent, mais l'une et l'autre se contrastaient drastiquement par leur physique. Tracey avait un visage ingrat, de l'acné, de grosses lunettes, un air timide et renfermé, elle était vêtue d'un gros pull pourpre qui dissimulait ses formes, d'un pantalon vert en velours : en bref elle ressemblait à une vieille fille. La jeune femme était en plus très grande, elle mesurait autour des 1m80 et elle se pencha sur Tracey, un peu impressionnée.

- "Bonjour petite... Quel est ton nom ?

- Heuuu... Je me nomme Tracey... Mais ne m'appelle pas "petite" s'il-te-plaît, je crois qu'on a à peu près le même âge...

- Oh oui excuse-moi, oui j'ai surement le même âge que toi.

- Et comment t'appelles-tu toi ?

- Je suis Philomène, mais appelle moi Phiphi, répondit-elle en plaçant ses mains sur ses hanches et en secouant légèrement la tête pour soulever une mèche de cheveux qui lui bouchait la vue.

- Je vois, c'est un très beau prénom, mais un peu ancien. " Mène" signifie la lune il me semble en latin, et "Phil" signifie "aimer"... Déblatéra-t-elle avec un ton de professeur, mais Philomène lui coupa la parole.

- Ça signifie surtout " désirer" ! Dit-elle avec arrogance, puis elle ricana délicatement en mettant sa main devant la bouche.

Tracey trouva les manières de cette femme agaçantes et cela la fit rougir.

- Peu importe, la soirée est mortelle et tu es la seule personne à qui j'ai adressé la parole. Dis-toi que tu en vaux la peine, comparée à tous ces gens inconscients. Regarde là-bas ! dit-elle en pointant du menton un adolescent qui essayaient de charmer une demoiselle.  Il a l'air franchement stupide à essayer de draguer cette pauvre fille alors qu'elle n'est pas intéressée. Il est tellement saoul qu'il fait des gestes grandiloquents pour l'impressionner, en plus il fait des grimaces. Pathétique ! Demain il aura oublié et ses amis l'auront pris en photo pour se moquer de lui. Toi tu ne fais pas partie de ces gens stupides et frivoles qui se saoulent pour se rendre plus forts. Je crois que tu es la seule personne censée de cette soirée. Ou en tout cas, tu as de la conversation et tu sais faire une phrase correcte. Regarde à présent la blonde là-bas avec son bustier argenté et ses talons ! Elle ne sait dire que des vulgarités et gémir comme une truie. Hahaha...