La reine des Enfers

Chapitre 6 : Mensonge(s)

Non loin de là, à une dizaine de mètres, une caméra de téléphone brillait dans la lueur du jour, au travers d'une vitre des toilettes. L'objet était tenu entre des ongles manucurés, et juste en dessous, se trouvait une petite tête blonde, les bras tendus. Mathilde mirait par la fenêtre depuis son altercation avec Kyra. Elle s'était refugiée dans les sanitaires, pour donner des coups de pieds dans la cuvette, dans les murs, et la glace du miroir. Elle arrêta la vidéo, voyant que le petit groupe s'en allait vers les autres bâtiments. Elle descendit des toilettes d'où elle était perchée, et poussa un soupir d'ennui. Elle avait soigneusement retiré ses talons aiguilles afin de ne pas faire de bruit en descendant, et pour grimper plus facilement. Cependant au moment où elle posa un pied sur le carrelage jaune, son autre pied glissa et se cogna dans la cuvette, des éclaboussures d'eau claire se jetaient par terre, et Mathilde arbora une moue dégoutée, un visage crispé, comme si elle venait de faire l'expérience la plus répugnante qui soit possible sur terre. Elle retira son petit pied délicat de l'eau, et le reposa sur le sol. Elle empoigna ses chaussures, et poussa la porte verte en bois, pour se rendre au lavabo. De là, elle prit un papier pour s'essuyer les orteils, et ses talons. Elle se regarda dans le miroir trouble, sur lequel se trouvait des tâches blanches, des grises, et des fissures qui laissaient entrevoir le mur porteur. Elle ouvra le robinet froid, et l'eau s'échappa avec quelques fuites. Elle passa, et rinça ses mains, au cas où quelqu'un la surprendrait. Dans l'eau qui coulait sur les courbes de l'évier, elle voyait son reflet déformé, ses yeux, étaient plus gros, gigottaient, son menton était tordu, ses joues tantôt creuses, tantôt bouffies. Elle se fixa dans le miroir, pour s'observer de plus près. Elle se demanda pendant plusieurs longues minutes, si ce qu'elle venait de faire, était quelque chose de juste. Elle dégaina son téléphone, et ouvrit la vidéo. Elle la rembobinait plusieurs fois, dont une fois au ralentit, pour regarder de plus près Kyra. Elle se remémora des souvenirs de la fête où elle voyait son frère discuter et flirter avec cette fille. Ses dents se serraient, et une chaleur bouillante montait dans ses joues, et ses tempes, et pensa très fort « Je suis sûre qu'ils sont plus loin », tout en songeant à cela, elle prononça des insultes et d'autres jurons. Plus elle cafardait, plus elle stressait, bougeait, faisait les cent pas, parlait avec les mains, secouait la tête, se tapotait la tête. Quand sa fièvre stressante monta à son paroxysme, et prête à hurler, la sonnerie de 11h retentit, et ramena Mathilde à un état plus calme.

C'est à ce moment qu'une main masculine s'agrippa à la porte d'entrée des sanitaires, Mathilde releva le menton, les joues encore rouges de furie, et elle vit son frère Michael.

- Je te cherchais Sœurette. Je voulais t'annoncer quelque chose qui te fera plaisir.

Il avance d'un pas doux, et referme silencieusement la porte des sanitaires derrière lui.

- Ah oui ? Que veux tu ? Me raconter tes conquêtes ?

- Non du tout ma chère, au contraire.

Mathilde le regarde interloquée, et ses joues tournèrent au rose, et sa colère semblait s'apaiser.

- J'ai perdu notre défi. Je n'ai pas réussi à intéresser Kyra autant que je le voulais. Elle était en plus bien trop timide à mon goût, contrairement à toi.

- Oh mon dieu ! soupira-t-elle de soulagement. Cela signifie que j'ai frappé Kyra pour rien tout à l'heure !

- Ce n'est pas grave, elle s'en remettra. Tu ne pouvais pas le savoir.

- D'accord, mais en la frappant, je lui ai fait mal, j'y suis allée un peu fort.

- Ne t'inquiète pas, je ferai en sorte que cela ne s'ébruite pas. Mise à part cela, j'ai étudié attentivement les textes et les photos que tu m'as envoyés. Avant de te donner mon analyse, je voudrais avoir la tienne.