Chapitre 43

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VIKTOR

L'hélicoptère venait de décoller, et je ne lâchais pas Chiara du regard, guettant sa réaction. Elle restait comme paralysée sur son siège, clignant des yeux par intermittence. Quelque chose n'allait pas. Est-ce qu'elle avait le vertige ? Comment avais-je pu être aussi bête pour ne pas m'en assurer avant ? J'avais pourtant remarqué au club qu'elle adorait observer les gratte-ciels. J'en avais conclu qu'un tour en hélicoptère lui ferait plaisir. Mais à en juger par son comportement, je m'étais trompé.

- Chiara, l'appelai-je à travers le micro du casque qu'on nous avait fourni. Chiara, est-ce que tout va bien ?

Elle tourna son visage et plongea son regard sur moi. Ses yeux étaient grands ouverts, on y discernait comme une lueur à l'intérieur. Elle était au bord des larmes. Merde. Merde. Merde. Tu parles d'une idée de cadeau pourrie.

- Chiara, l'appelai-je encore en posant ma main sur sa cuisse. Ça va ?

Elle fixa ma main sur elle puis se replongea dans mes yeux et dit :

- Oui... C'est juste... C'est la première fois qu'on me fait une telle surprise.

Je la regardais quelques instants, ayant du mal à enregistrer ses paroles. J'avais toujours été convaincu qu'elle n'était qu'une fille à papa gâtée, habituée aux cadeaux et surprises démesurées. Mais son ton si fragile me poussait à reconsidérer mon opinion sur elle. Peut-être que Chiara n'avait pas eu la vie facile que je lui avais attribuée, sans même la connaître. Je lui souris pour la rassurer.

- J'ai pensé que tu aimerais voir la ville de cette façon, dis-je.

Elle me sourit et hocha la tête avant de se mouvoir enfin. Je la vis sortir de sa poche son portable et prendre des photos du spectacle qui s'offrait à nous. New York était magnifique. Nous surplombions des immeubles si hauts que leur toit se perdait dans le ciel. Les lumières de la ville dessinaient des lignes informes, nous rappelant les milliers de New-Yorkais qui, plus bas, animaient la nuit. Chiara était perdue dans cette contemplation. Et moi, je ne la quittais pas des yeux. Jusqu'à ce qu'elle se retourne face à moi à nouveau.

- C'est incroyable, dit-elle, le sourire aux lèvres.

Je lui rendis son sourire, sa joie était contagieuse.

- Donne-moi ton téléphone, dis-je alors.

Elle s'exécuta, et je me rapprochai d'elle sur la banquette arrière pour nous prendre en photo, avant de m'envoyer cette dernière. J'avais envie d'immortaliser ce moment. J'étais heureux de la voir heureuse. Je lui rendis son téléphone, et quelques minutes plus tard, l'hélicoptère nous déposa sur le toit d'un bâtiment. Chiara n'avait aucune idée d'où nous étions, mais elle se laissa guider.

Nous franchîmes une porte qui nous conduisit à l'intérieur. Je pris sa main et la conduisis dans les escaliers avec moi, mes gardes du corps sur nos talons. J'avais choisi de l'inviter dans le restaurant d'un grand hôtel pour le dîner. Lorsque les serveurs nous virent arriver, je n'eus pas besoin de me présenter pour qu'ils nous conduisent à notre table, légèrement à l'écart des autres. Je m'installai, et Chiara s'excusa pour aller aux toilettes. Lorsqu'elle revint, j'étais en train de consulter le menu, impatient de la retrouver.

Pourtant, à mon grand désespoir, à son retour, Chiara resta silencieuse. Dévorant le menu des yeux, comme s'il s'agissait du livre le plus passionnant qu'il lui ait été donné de voir. J'attendais poliment, puis n'y tenant plus, j'engageai la conversation en lui demandant ce qu'elle comptait prendre à manger. Elle me répondit brièvement, et le silence retomba. Quelque chose n'allait pas. J'allais lui demander la raison de son mutisme lorsque le serveur débarqua pour prendre nos commandes. Après un bref échange, il repartit et Chiara scrutait le restaurant.

- Bon, qu'est-ce qu'il se passe ? demandai-je.

- Rien, dit-elle presque immédiatement.

- Chiara, qu'est-ce qu'il se passe ? Ne me mens pas, tes émotions se lisent sur ton visage.

Elle leva les yeux au ciel, toujours pleine d'insolence. C'était cette partie d'elle que je détestais et en même temps admirais. Cette partie d'elle qui m'attirait et me donnait envie de la dompter. Quand bien même, je l'avais compris, Chiara ne serait jamais docile.

- C'est juste... que... comment dire ?

Elle était hésitante, fuyant toujours mon regard. Je franchis la distance qui nous séparait au-dessus de la table et agrippai son menton entre mes mains pour la forcer à me regarder. Lorsque ses yeux rencontrèrent les miens, elle répondit :

- Je suis intimidée, avoua-t-elle.

Cette révélation me prit par surprise.

- Comment ça ? demandai-je, perplexe.

Il y eut un moment de silence pendant lequel le serveur déposa nos verres sur la table. Puis elle reprit, sans que je n'aie à réclamer.

- Tu es prince héritier Viktor, murmura-t-elle.

J'étais perdu. Dès notre première rencontre, mon titre ne l'avait pas empêché de me dire mes quatre vérités. Elle ne m'avait jamais traité différemment en raison de ça. Alors pourquoi en était-il différemment maintenant ?

- Depuis quand cela est un obstacle ? demandai-je.

Elle laissa échapper un long soupir avant de reprendre :

- C'est juste intimidant d'avoir un entretien avec le futur roi de Suède.

- Un rendez-vous, la repris-je. Crois-moi, Chiara, vu combien j'ai envie de t'arracher cette robe indécente, nous sommes bien loin d'un entretien.

Ses yeux se posèrent sur moi alors que le rouge lui montait aux joues. Je vis à quel point mes propos suscitaient son désir et me réjouis de la retrouver. Pourtant, je ne fis pas un mouvement et poursuivis :

- Mon titre est mon job. Et ce soir, nous ne sommes pas là pour le boulot. Ce soir, nous ne sommes qu'un homme et une femme qui veulent apprendre à se connaître, alors détends-toi et parle-moi de toi.

Je sentis qu'elle était confuse. Après tout, nous n'avions jamais vraiment eu l'occasion de discuter. Et je dois dire que je n'étais pas non plus très habitué à ça. J'avais beau avoir eu pas mal de conquêtes, il s'agissait souvent de relations purement physiques. Je ne cherchais que rarement, voire jamais, à les connaître plus que ça. Mais ce soir, j'avais envie de tout savoir d'elle, de connaître ses goûts, ses rêves, son passé et ses désirs. Chiara était l'objet de mon obsession depuis des mois, et cette soirée en marquerait la fin. Pourtant, avant de la laisser s'en aller, j'avais envie de la connaître, car je l'avais compris, elle était loin de la jeune fille fade que je m'étais imaginée.

- Donc, raconte-moi, qu'est-ce que tu étudies ? demandai-je, avide de tout savoir sur elle.

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La suite arrive prochainement ! N'hésitez pas à me laisser vos avis !

L'étreinte InterditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant