Chapitre 60

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VIKTOR

Quelques semaines plus tôt

Elle avait disparu. Dès mon départ de New York, après notre nuit partagée, j'avais mandaté mes services de renseignement pour veiller sur Chiara. Bon ok, il s'agissait plus de l'espionner que de veiller sur elle. Ne me jugez pas, je voulais juste m'assurer qu'elle allait bien... et connaître ses activités quotidiennes. Je ne saurais m'expliquer pourquoi mais j'avais du mal à m'imaginer ne plus la revoir, ne pas savoir ce qu'elle faisait, qui elle voyait. Depuis des mois, je l'observais à distance. Ce besoin n'avait pas disparu lors de notre nuit à deux. Pire encore, je constatais à quel point mon idée était naze "passer une nuit avec elle pour la sortir de mon système". C'était tout l'inverse qui se produisait. À la seconde où j'avais atterri en Suède, j'avais eu la sensation de commettre une erreur. J'aurais dû la retenir.

L'idée de la rejoindre par la suite m'était donc parue évidente. Mais elle s'était tout bonnement évaporée. J'avais accès à un bataillon de services de renseignements et aucun n'était parvenu à la localiser. C'était inédit. Je ne m'étais jamais autant énervé sur mes hommes que ces derniers jours. Comment pouvaient-ils être incapables à ce point ? Tout cela avait duré des semaines entières. Je poursuivais mes devoirs royaux d'un pas lourd, chaque jour plus inquiet pour elle que la veille.

Jusqu'à ce qu'il y ait du mouvement. Mes hommes avaient vu des putains de mafieux vider son appartement. Il n'y avait que deux hypothèses : soit elle avait été exécutée ou bien elle était retournée avec son ex. Et cette deuxième hypothèse fut toute aussi douloureuse lorsque je reçus les photos de surveillance de ses promenades en bord de mer.

J'étais fou de jalousie. Comment pouvait-elle repartir avec lui après ce que nous avions vécu ? Étais-je le seul à ressentir cette connexion qui nous unissait ? Ma fierté en avait pris un coup. Et comme à notre première rencontre, je repartis dans mes vieux travers cherchant à l'oublier dans les draps d'une autre. Pourtant, au fond de moi, je sentais que quelque chose n'allait pas. Tout ce que mes hommes parvenaient à obtenir étaient des clichés d'elle lors de sa balade quotidienne toujours gardée de près. Chiara n'était plus que l'ombre d'elle-même sur chaque cliché, son air triste me faisait mal. Elle avait beau en avoir choisi un autre, j'avais besoin de la savoir heureuse. Sans quoi, je me refusais de l'abandonner. Je la méritais plus que lui, pensais-je égoïstement. Mais comment la contacter ?

Je ne me faisais pas d'illusions, Chiara sortait avec ce qu'on annonçait devenir le plus important chef de la mafia italienne depuis des décennies. Elle était chasse gardée et l'approcher relevait du défi. Mais j'étais un futur roi après tout et j'étais prêt à lutter pour la faire mienne. Alors, sans renoncer, j'attendis une opportunité.

Présent

Et elle se présenta sous la forme d'une notification de @chiara0312. L'utilisateur n'avait aucune photo mais c'était la date d'anniversaire de Chiara. Qu'est-ce que je risquais à presser le bouton 'appel' ? Rien. Et c'est ce que je fis. Un coup de fil. Puis deux. Le troisième devait être le bon. Mon cœur s'accéléra dangereusement lorsqu'elle apparut. Je n'avais pas noté à quel point elle m'avait manqué avant de la revoir.

- Tu n'es pas facile à joindre, princesse, dis-je d'une voix enjouée.

- Tu contactes souvent des inconnus sur internet ? répondit-elle sceptique.

Je ris face à sa répartie. Je retrouvais ma princesse. Sa voix était plus triste qu'à l'accoutumée, elle avait perdu de son éclat, mais pas de son mordant.

- Seulement celles qui font défiler 5 années de photos de moi.

Je devais lui manquer au moins un peu pour qu'elle passe la nuit de son anniversaire à remonter tout mon profil Instagram.

- Joyeux anniversaire, princesse, repris-je rapidement.

- Comment sais-tu ? Je... Merci, murmura-t-elle.

Un léger silence s'installa. Je me contentais de l'observer ayant du mal à réaliser qu'elle se tenait enfin en face de moi même à des milliers de kilomètres. Plus rien autour, ne me paraissait réel. Je me trouvais sur un yacht au milieu de l'océan pacifique, mais mon esprit tentait d'enregistrer chaque détail de cet appel.

Chiara s'enfouit un peu plus dans son sweat-shirt avant de se redresser et d'allumer sa lampe de chevet. Son visage m'apparut un peu mieux, provoquant une colère profonde en moi. Ses yeux étaient rougis et légèrement gonflés. Elle avait pleuré, j'en étais certain.

- Qu'est ce qui t'es arrivé ? Demandais-je sans même réfléchir.

Elle me lança un regard lourd avant de dissimuler sa tristesse.

- Je ne veux pas en parler, répondit-elle pour mettre fin à la conversation. Où es-tu ? Il fait jour chez toi.

Elle tentait de faire diversion. Je pris une forte inspiration cherchant à calmer la rage qui m'habitait. Comment pouvait-on la faire pleurer le jour de son anniversaire ?

- Je suis en Australie, princesse, répondis-je sans la regarder.

- J'ai toujours rêver d'y aller, dit-elle avec excitation.

Je rouvris les yeux pour admirer son léger sourire. Mon cœur sembla taper plus fort dans poitrine, s'en était douloureux. Elle était si belle dans la lumière de la nuit, ses cheveux en bataille. Je pouvais presque la sentir et mourrais d'envie de la toucher. Repousser ses mèches de cheveux qui masquaient ses beaux yeux verts. Goûter ses lèvres, mordre son cou et y laisser les traces de mon désir pour elle. Chiara méritait plus, elle méritait d'être honorée, chérie et son entourage n'était clairement pas à la hauteur.

- Je peux t'envoyer un avion pour me rejoindre, repris-je.

Dis oui. C'était un pari risqué, fou. Mais si seulement je pouvais la faire venir à moi... Je ne pouvais pas intervenir en Italie. C'était trop risqué pour elle ou sa famille. Et mes services secrets m'avaient mis en garde, si je m'en prenais à son petit ami, la Suède risquerait d'entrer en guerre pour ingérence dans les affaires internationales. Mais si je parvenais à la faire quitter le pays, je pourrais la protéger de toute menace et ce connard ne parviendrait plus à l'attendre.

Je sentis son hésitation. Ses lèvres s'entrouvrirent et je crus la sentir sur le point d'accepter. Jusqu'à ce que... son regard se durcisse, elle sembla fixer un point derrière moi. La mâchoire contractée, elle répondit :

- Tu sembles déjà bien occupé.

- Bébé tu es là ! Entendis-je au même moment.

Une blonde à forte poitrine se pencha vers moi en posant ses mains sur mes épaules, penchant son visage par dessus mon épaule. Elle apparut à l'écran. Et Chiara raccrocha. Merde.

Je me tournais vers la fille qui m'avait rejoint sur le pont du yatch. Son maillot de bain honteusement serré mettait en valeur ses attributs, laissant admirer ses courbes voluptueuses. Elle avait tout d'un mannequin, d'ailleurs elle l'était peut-être. Je ne savais même plus son prénom. Quoiqu'il en soit, elle n'était pas Chiara. Et c'est à cet instant que je compris, que je ne saurai plus désirer personne d'autre qu'elle. Je l'avais dans la peau. Et je n'avais plus envie de la sortir de là. Putain.

- Je rentre en Europe, dis-je fermement à la femme qui me faisait face.

Il était temps que j'arrête de fuir mes sentiments et que je fasse Chiara mienne.

L'étreinte InterditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant