Chapitre 66

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CHIARA

Des cris. Des bruits de pas. Je fus réveillée au lendemain de la fête avec tumulte. Un vacarme inquiétant régnait dans la maison familiale. Je sortis du lit brusquement et m'habillai lorsque j'entendis des coups contre la porte de ma chambre. Quelqu'un tambourinait.

- Ouvrez, entendis-je à travers la paroi.

La peur se saisit de moi alors que je restais dans la sécurité de ma chambre. Mais mon répit ne fut pas long car quelqu'un défonça la porte. Face à moi se tenaient à présent trois hommes armés à l'uniforme sombre. Mon cœur se mit à palpiter à toute allure. J'étais complètement paniquée et seule face à mes intrus qui pointaient leurs armes dans ma direction. Je levai les mains au ciel, signe que je me rendais. L'un d'eux s'approcha de moi, agrippa mon poignet avant de me faire basculer au sol en maintenant mes mains dans le dos. Je ne dis rien, trop sonnée par le choc. Comment étaient-ils entrés ? Qui étaient-ils ? Et surtout pourquoi en avaient-ils après ma famille ? Tant de questions que je ne parvenais pas à élucider.

L'homme me releva et nous nous mîmes en marche. Il me tira dans le couloir et je remarquai que plusieurs hommes, tous habillés de la même manière, fouillaient à présent la maison. Je tentai en vain de localiser mes parents. Les soldats vêtus de noir portaient tous un casque et aucune insigne apparente. J'ignorais dans quel camp ils se trouvaient. S'agissait-il d'une mafia opposée à Raff ? L'armée ? La police ? Impossible à dire.

Je tentai de retenir mes larmes tout en évacuant la maison. Je devais réfléchir. Quelque chose n'allait pas. Mon père travaillait pour le gouvernement des États-Unis, il bénéficiait de l'immunité diplomatique, par conséquent, personne n'était autorisé à m'arrêter et encore moins à fouiller notre maison. On m'installa à l'arrière d'une voiture. Un 4x4 gris foncé sans aucune distinction. Je paniquais de plus en plus, les souvenirs de ma dernière séquestration me revenaient en tête. Pourvu que ce qui s'était passé à New York ne se reproduise pas. Mes yeux fixaient la porte de la villa alors que j'attendais menottée dans un véhicule devant l'entrée de ma maison. Jusqu'à ce que j'aperçoive mes parents, menottés eux aussi.

- Papa, Maman, Papa, Maman, hurlai-je de toutes mes forces.

Les sons devaient être atténués par la voiture, malgré tout, ils m'aperçurent et je vis mon père se débattre pour tenter de venir dans ma direction. Au même instant, un homme prit place à l'arrière du volant et j'entendis mon père hurler :

- Ne dis rien, Chiara, ne dis rien.

Avant que la portière de la voiture ne se ferme et que le véhicule ne démarre.

- Qui êtes-vous ? demandai-je aux deux hommes présents dans le véhicule.

Aucune réponse.

- Où m'emmenez-vous ? demandai-je à nouveau.

Aucune réponse.

- Qu'est-ce que vous me voulez ? implorai-je cette fois.

- Ta gueule, répondit l'un des soldats.

Je me recroquevillai sur mon siège sans rien dire. Je ne voulais pas les énerver davantage. Quoi qu'il arrive, il était clair qu'ils n'avaient pas l'intention de me répondre. Au lieu de cela, je scrutai le paysage, cherchant à savoir où ils me conduisaient.

Nous nous enfoncions dans les terres, mais le trajet ne fut pas long, ce qui me rassura légèrement. S'il s'agissait d'une autre mafia, ils m'auraient emmenée loin du territoire de Raff. Ce qui signifiait que ces hommes étaient soit liés à l'État, soit sous les ordres de Raff. Se pourrait-il qu'il se retourne contre moi ?

- Sors, m'ordonna le conducteur en tenant la portière ouverte.

Je m'exécutai, non sans difficulté. Quelle galère d'avancer les mains enchaînées. Je perdis l'équilibre et cela dut agacer mon ravisseur qui m'agrippa fermement le bras. Nous arrivâmes dans un entrepôt. Le bâtiment en ciment semblait abandonné depuis l'extérieur, mais lorsque nous entrâmes, je remarquai un ensemble de bureaux disposés dans des pièces ouvertes. Des employés travaillaient là. Je n'avais pas été enlevée par la mafia, pensai-je avec réconfort.

On m'installa dans une salle rectangulaire vide à l'exception d'une table et trois chaises. Je fus menottée à la chaise avant que les soldats ne me laissent seule. J'observai les murs gris totalement vierges, une vitre teintée me faisait face et des caméras de surveillance étaient pointées dans ma direction. Une salle d'interrogatoire des plus classiques.

Je pris une respiration pour me calmer, alors que déjà la porte s'ouvrait sur deux figures masculines. Tous deux blancs dans la quarantaine, chauve pour l'un, cheveux courts pour l'autre. Les hommes prirent place en me fixant, je ne dis rien suivant leurs mouvements.

- Chiara O'Connor, sais-tu pourquoi tu es ici, gamine ? demanda le chauve.

Son ton m'énerva. Cette arrogance. J'avais envie de répliquer. Mais je n'en fis rien. C'était une technique d'interrogatoire, me rappelai-je. J'avais regardé suffisamment de séries policières pour le savoir.

- Mon père bénéficie de l'immunité diplomatique, vous n'êtes pas autorisé à me maintenir en détention.

Les deux hommes sourirent, le genre de sourire carnassier qui n'annonçait rien de bon.

- Sais-tu qui nous sommes ? demanda le plus grand des deux hommes.

Je ne répondis rien. Le silence emplit l'atmosphère avant qu'ils ne le brisent.

- Nous travaillons pour le FBI. Et les services secrets n'en ont rien à foutre de ton immunité, petite, me répondit l'homme qui me faisait face.

Si ce qu'ils disaient était vrai, j'étais dans une merde noire. Pourquoi le gouvernement de mon propre pays se retournait contre ma famille ? Quelque chose m'échappait, mais je me refusais à interroger les inspecteurs. Laisse-les parler, pensai-je, et c'est ce qu'ils firent.

- Ton père est soupçonné de haute trahison, reprit l'agent aux cheveux courts.

- Depuis des mois, il importe de la contrebande à New York. Armes, drogues, clandestins, nos hommes sont remontés jusqu'à votre villa.

C'était impossible. J'aurais été au courant. C'était impossible, me répétai-je.

- Qu'est-ce que tu sais là-dessus ? finirent-ils par me demander.

- Rien, je ne suis qu'une gamine, répondis-je amère.

Ma réponse ne leur plut pas, leurs mâchoires se serrèrent et leurs traits se tirèrent. L'un d'eux s'approcha de moi en empoignant ma mâchoire.

- Le corps d'une fille du nom de Fioretta a été retrouvé dans le coffre de votre voiture familiale. Ça ne te dit toujours rien ? demanda-t-il avant de me relâcher.

- Elle faisait partie d'une mafia, reprit son collègue.

J'eus un hoquet. Impossible de cacher mon choc. Je me doutais que Fioretta était morte après sa tentative d'assassinat envers Raff. Mais bordel, qu'est-ce que son corps faisait dans la voiture de mon père ?

Les deux hommes m'observaient à l'affût de la moindre réaction. Cette histoire était pire que ce que j'imaginais. Mais il était hors de question que je parle. J'avais besoin de réfléchir, de trouver une stratégie. Mon Dieu, je devais voir Raff. Lui seul pouvait me sortir de là. Pourtant, une petite voix au fond de moi me criait aussi que c'était peut-être lui qui m'avait placée ici.

- Je veux parler à mon avocat, dis-je timidement.

- Tu vas en avoir besoin, ma jolie, répondit l'inspecteur.

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