7| Mon nom est : POV Ian Monroe

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Ian

Jour de match, 20h

Jour de match, 20h

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Nous affrontons l'Institut des Aigles, une très bonne faculté de notre région. Ils ont de bons joueurs, et le match ne sera pas facile. Nous le savons. L'année dernière, ils ont terminé premiers du championnat, tandis que notre équipe a fini 5e sur 15 équipes. Nous jouons le match aller* dans leur stade, ils jouent donc à domicile, avec leur public venu en masse. Le coach nous motive et prend ce match très au sérieux, car cela pourrait définir la dynamique de ce championnat. Nous représentons notre université, l'Université de la Vallée. Même si nous ne jouons pas à domicile, notre public est là pour nous soutenir.

L'année dernière, je débutais à peine dans cette équipe, je n'étais pas titulaire, mais j'ai fini par gagner ma place. Sam et moi sommes titulaires aujourd'hui. Le coach apprécie sûrement l'alchimie qui se développe entre nous à l'entraînement. Cette année, je commence titulaire, et je compte bien le rester. Nous sortons du vestiaire, les mâchoires de mes coéquipiers sont serrées. Nous voulons prendre notre revanche cette année sur cette équipe qui nous a battus lors des deux matchs aller-retour de l'année dernière et qui a fini championne.

Début du match.

Nous faisons 15 bonnes premières minutes. Je porte le numéro 10 et joue derrière l'attaquant. Je participe au cœur du jeu, tandis que Sam, en tant qu'attaquant gauche avec le numéro 11, utilise sa vitesse et son dribble pour mettre à mal leur défense. De mon côté, j'organise le jeu au milieu de terrain, ce qui demande technique et concentration. Le coach semble satisfait mais reste vigilant, et à raison : nous encaissons un but à la 30e minute. La mi-temps se termine, et nous sommes menés malgré nos efforts.

Fin de la première mi-temps.

À la pause, le coach nous motive et nous rassure. Même si nous sommes menés, nous avons bien joué contre le tenant du titre, ce qui n'est pas rien. Cependant, en rentrant sur le terrain pour la deuxième mi-temps, il faudra capitaliser sur nos actions pour revenir au score.

45 minutes.

Le jeu reprend. Je regarde la position de Sam, il me voit aussi, il comprend que nous allons mettre en place une combinaison. Il se rapproche de moi. Je reçois la balle au milieu du terrain, près de leur défense, dos au jeu. Je talonne la balle pour Sam, puis je me retourne face au jeu. Le ballon lui parvient, il me la remet en une touche et fait un appel de balle dans leur défense. Je lui fais une passe millimétrée qui transperce leur défense, Sam court et enroule le ballon dans leurs filets. C'est l'euphorie, nous égalisons. C'est le fruit de nos entraînements qui se concrétise.

"Ce n'est pas fini, les gars !" crie le coach.

L'équipe adverse commence à me voir comme une menace. La balle arrive sur moi, je m'avance pour la contrôler, mais je reçois un violent tacle du numéro 12 de leur équipe. Il cherche clairement à me blesser, cet enfoiré. Malgré mon protège-tibia, la douleur est si intense qu'elle se lit sur mon visage. Un de mes coéquipiers me tend la main et m'aide à me relever. Je serre les dents et me remets dans le jeu. Nous avons un match à gagner. Sam court vers lui pour lui rentrer dedans, mais je l'arrête à temps. Personne dans notre équipe ne doit sortir de son match. C'est ce qu'ils veulent : nous faire déjouer.

"C'est fini, tu ne passes plus," me chuchote ce même numéro 12 à l'oreille.

Je lui adresse un grand sourire et décide de ne pas répondre à sa provocation, mais à l'intérieur, je bouillonne. Il fait clairement de l'antijeu.

Le jeu devient haché. Leur tactique basée sur la brutalité fonctionne. L'Institut des Aigles domine à son tour. L'arbitre siffle la fin du match. Nous n'avons pas perdu, et je ne suis pas blessé. Ça aurait pu être pire.

"Il voulait clairement te blesser, ce Marx, non ?" me demande Sam.

"Il était en mission. Il faut les éteindre au match retour."

La pression diminue. Nous n'avons pas mal joué, mais je ne peux m'empêcher de ressentir de la frustration.

Pour éviter de trop cogiter, je me projette déjà vers le prochain match. Je triplerai l'intensité aux entraînements s'il le faut !

Sam m'accompagne aux vestiaires, mais j'aperçois Flora et son groupe d'amis. Je souris malgré moi.

"Va la voir," m'encourage Sam.

Je ne l'ai pas calculée depuis notre dernière conversation. Elle me fait peur. Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Je ne peux pas nier ce que j'ai ressenti cette soirée-là, et qui persiste maintenant que je la vois. C'est exactement ce qui me fait peur : tomber amoureux encore.

Si je dois souffrir, ce sera à cause d'elle. Je suis tout à toi, Flora.

Je trottine vers elle, le cœur battant.

"Hey Flora !"

Je l'attire hors de son cercle pour être en intimité. Chaque regard qu'elle me lance provoque des décharges électriques en moi. Elle répond à chacun de mes sourires. Je réalise que cette soirée n'était pas du tout un rêve.

— Ça te dit une interview ? Tu veux être ma star pour une journée ? propose-t-elle

— Pour que tu puisses passer plus de temps avec moi, c'est ça ? 

— Non, non, ça reste strictement professionnel, monsieur.

— Ouais, c'est ça ! Demain, rejoins-moi à l'entraînement.

Merde, dans quoi est-ce que je m'embarque ? Une partie de moi meurt d'envie d'être avec elle, mais l'autre me retient, comme un avertissement. Sauf que le seul danger que je vois ici, c'est moi.


Demain, 17h (entraînement)


Elle foule la pelouse et fonce vers moi. Je me débarrasse du ballon avec lequel je jonglais pour l'accueillir comme il se doit.

— Tu as préparé une liste de questions ?

— Évidemment ! Qu'est-ce que tu croyais !?

— Quand tu veux !

Le soleil devient doux, le terrain est vide à part elle, moi, et sa caméra.

— Nom et prénom ?

— Ian Monroe. C'est quoi le tien déjà ? Je ne te l'ai jamais demandé.

— Flora McCarthy.

— Enchanté, Flora McCarthy.

—Parle moi  de toi, Ian Monroe, de tes parents, où as-tu grandi ?

— Alors, je suis né à Seattle d'un père américain et d'une mère haïtienne.

— Comment qualifierais-tu ton enfance ?

Pourquoi cette question ? En quoi est-ce utile d'aller aussi loin pour son devoir ?

— Chaotique. Tu m'interroges pour toi ou pour ton devoir ? protesté-je.

— Qu'est-ce qui se passe, Ian ? Je suis allée trop loin, c'est ça ?

— Un peu...

— Hmmm, ronchonne-t-elle. Recentrons-nous sur le foot.

Je n'en doute pas, elle veut en savoir plus. Elle veut entrer dans mon monde. Suis-je capable d'être un type bien et stable pour elle ? Je n'ai pas la réponse. Pour l'instant, le destin ou je ne sais quoi m'invite à foncer vers elle, alors je fais taire mes doutes.

Plus elle enchaîne les questions, plus j'entends "Souviens-toi de la dernière fois !" dans ma tête. Je m'étais promis que plus personne n'aurait de contrôle sur moi. Mais ça, c'était avant qu'elle n'arrive et que la vie en décide autrement.

Après mes réponses brèves, je cherche un moyen de m'échapper. Elle n'insiste pas et remballe ses affaires, puis s'en va. Je ne la retiens pas. 


APORÉTIQUE (réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant