Chapitre 1 : l'envol du héron

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Je poussai la porte de ma chambre en essuyant mes larmes d'un geste las. Je ne pouvais pas faire preuve de faiblesse. Surtout maintenant.
Il ne me restait que quelques mois à tenir.
Et après...
Après, je serais enfin libre !
Mais en attendant, je devais continuer à jouer le jeu.
Je me jetai sur mon lit et enfuis mon visage dans l'oreiller. Je me sentais tellement vide. Tellement triste. Tellement seule.
Je me relevai et me trainai jusqu'à la fenêtre.
Le ciel était limpide, pur. C'était rare ; ce temps en cette période de l'année. Je laissai mon regard dérivé sur le lac qui brillait de mille feux sous l'éclat du soleil. La propriété où je vivais était immense et pourtant, je me sentais prisonnière. Enfermée dans une pièce sans sortie.
Je fixai mon regard sur une vague forme animale qui semblait marcher sur l'eau. Et soudain, elle s'envola dans les airs. Gracile. Belle. Un oiseau. Il déploya ses ailes grises ardoise et vira élégamment dans ma direction. J'ouvris la fenêtre et me penchai. Il volait vers moi et bientôt je reconnus l'espèce.
Un héron.
Je ne m'étais pas rendue compte au départ de sa grandeur toute en finesse. Posé alors sur l'eau, il n'était pas plus grand qu'un lapin. Je crus qu'il fonçait vers moi mais au dernier moment, il me survola et alla se poser sur le toit. Je tournai la tête vers le toit et le vis ; silhouette figée et délicate. Ses yeux, tournés vers moi, étaient étrangement expressifs. J'y lus de la bienveillance.
Mais surement me faisais-je des idées.
Le héron me fixa longuement puis repris son vol.
Je le suivis des yeux, émerveillée. J'enviais son calme et sa sérénité. Sa capacité de pouvoir en un battement d'ailes s'éloigner de tout et de fendre les airs avec une telle majesté.
Cet oiseau était un hymne à l'espoir et à la liberté.
Je continuai à scruter le ciel, même si la silhouette du héron s'était confondue dans l'horizon. Je me sentais rassérénée et prête à faire face à tous mes problèmes.
Ma situation n'était pas si horrible. J'avais un toit et de quoi manger. Je soupirai et lançai un coup d'œil à la porte. Elle était grande ouverte. Je n'avais pas le droit de la fermer sous peine de sanction. Je tendis l'oreille mais aucun bruit ne vint rompre le silence. Je m'avançai incertaine vers mon lit et jetai à nouveau un coup d'œil au couloir.
On n'est jamais trop prudent. Toujours aucun signe de vie.
Je glissai ma main sous le matelas et sentis une pochette cartonnée. Je la retirai de sa cachette tout en surveillant du coin de l'œil la porte. Je m'affaissai par terre, dos au mur et serrait la pochette contre mon cœur.

Le subtil chuchotement de la libertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant