Week-end (3)

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Ryhu 

Une fois nos commandes mises sur la table, je sortis de mon sac trois cahiers, un stylo et une calculatrice.

Dehivyd me regardait d'un air dépité, sans doute en voyant mes devoirs, mais c'était ça, le marché.

— Pourquoi tu t'y prends si tôt avec ça ! Dit-il en s'affalant à moitié sur la table.

– Parce que comme ça, je pourrai être libre durant le reste du week-end, au lieu de les faire à la hâte le dimanche soir. Dis-je en le regardant droit dans les yeux.

– Je ne me sens pas du tout visé. Dit-il en détournant le regard.

– En tout cas, j'aime beaucoup l'endroit. Comment tu l'as trouvé ?

— Je les ai découverts deux fois, je crois.

– Comment tu peux découvrir un endroit deux fois ?

— Eh bien, lors d'un cours, j'ai vu une sorte de flyer dans le sac de Noha. Dit-il en se retournant vers lui. Sur celui-ci, il était marqué « Journée gratuite au Kalenji's Coffee », alors je lui ai demandé qu'est-ce que c'était et il m'a répondu que c'était là où il travaillait, mais qu'il fallait que je ne le dise à personne.

— Pourquoi il ne veut pas que ça se sache ? C'est même pratiquement impossible que personne au lycée ne découvre cet endroit. Nous sommes quand même à « l'endroit où il faut être ».

– Je ne sais pas, il ne me l'a pas dit. Mais depuis ce jour, j'ai recherché cet endroit jusqu'à ce que je le redécouvre.

— Je vois, alors toi et Noha, vous vous connaissez depuis longtemps ? Dis-je curieuse.

– On peut dire ça. On était – pendant deux ans – dans la même classe au collège et il m'a aidé quelques fois avec certains... problèmes.

— Quand tu dis certains problèmes, tu parles de

-Oui. Me coupa-t-il. Ces problèmes là.

— Désolé d'avoir déménagé à cette période. J'aurais aimé t'aider, mais le travail de mon père. —

— Ne t'en fais pas, je comprends très bien. Dit-il en buvant une gorgée de son thé. Mais maintenant, tu es là et c'est le plus important.

**

Après un petit moment à faire mes devoirs, le café commença à se remplir.

J'observais Noha – pardon, le barista – prendre et servir des commandes, j'entendais des noms de boisson qui semblaient sortir d'un livre de fantaisie.

Je le voyais faire du latte art, sourire au client, nettoyer des tables, etc.

-Hé on y va ? Dit Dehivyd fatigué d'avoir « travaillé ».

— Oui, heureusement, on a fini avant midi. Dis-je pour le rassurer.

On se dirigea vers la porte de sortie.

– Prudence sur la route. DIT le gérant des lieux.

On lui fit signe de la main, Noha était occupé avec des clients, alors il ne nous a pas vu sortir.

...

Noha 

Je travaille dans une petite supérette près du centre d'un quartier à l'est de la plage. C'est le boulot le plus calme que j'aie pu faire. Il est rare de voir une foule le soir et je peux en profiter pour faire mes devoirs.

... Ryhu... Elle s'appelle Ryhu. Je suis sûr d'avoir déjà entendu ce prénom quelque part, mais où ?

J'aperçois la façade du magasin, à l'intérieur, il y a Kessy et trois clients. Kessy est une étudiante en informatique, elle change tout le temps de couleur de cheveux et aujourd'hui elle les a teints dans une nuance de bleu. C'est elle qui m'a « formé » dans ce petit boulot.

Je me rends directement en caisse, pas besoin d'uniforme.

— Salut Kessy, comment ça va ce soir ? Demandai-je en lui faisant un check.

Elle termine son bâillement avant de me répondre.

— Mon prof nous a donné un virus à gérer et j'ai passé toute la nuit dernière là-dessus, et je n'ai pas encore fini. Mais à part ça, tout va bien, et toi ?

J'ai pris un peu de temps pour lui répondre. Est-ce que je lui parle de Ryhu ?

– Une journée banale, mon patron est toujours... spécial, c'était calme au café et je crois avoir attrapé une grippe à cause de la pluie.

– Tu as oublié ton parapluie hier ?

— Je n'avais pas prévu de pluie, en rentrant du lycée, j'étais tout trempé. Riais-je.

– Mes années lycée me manquent un peu, je me revois en train de me pavaner dans les couloirs avec ma petite bande, à avoir du rab pendant la pause déjeuner et la soirée du bal de fin d'année...

Elle commence à somnoler, je la réveille en claquant des doigts. Elle sursaute.

— Je t'écoute ! Dit-elle en se réveillant.

— Prends ta soirée, je te remplace, dis-je en désignant la sortie.

– Et si la patronne s'en apercevait ? Chuchote-t-elle en regardant les caméras.

– Les caméras de surveillance ne fonctionnent plus, et si elle vient ici par je ne sais quelles forces, je te couvrirai. Mais pour l'instant, il faut que tu te reposes, tu vas finir par me faire un burn-out. Sans dire un mot, elle se lève, prend ses affaires et se dirige vers la sortie.

— Et comment va ta mère ? Dit-elle avant de partir.

— Elle va mieux, ne t'en fais pas, mentis-je.

– Tant mieux, passe une bonne soirée, Noha.

Je lui réponds par un signe de la tête, et mon boulot du soir commence.

La pluie qui t'a amené à moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant