Week-end (4)

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Ryhu

Après le café, on se rendit chez lui (car, je site, « on a trop travaillé ») pour faire quelques parties à son jeu préféré. Pour ça, on était assis sur des poufs devant une minuscule télé.

C'est un jeu de stratégie où l'on doit construire une base et la défendre, rien de très spécial, mais tant qu'il aime, c'est le principal.

Sa maison est tout le contraire de la mienne. Il fait partie d'une famille nombreuse composée de deux sœurs et trois frères, dans une assez petite maison située près de la plage. Au coucher du soleil, la vue y est à couper le souffle.

Je me souviens quand, avant que je ne déménage, on se mettait sur la plage pour allumer un feu de camp et on se racontait notre vie future... Mais ça, c'était avant.

– Tu es prête à te faire laminer ? Dit Dehivyd en me donnant un coup de coude.

Je sortis de mes pensées et lui souris.

— Cette fois-ci, je te ferai mordre la poussière ! Dis-je en lançant la partie.

*

... J'ai perdu toutes les parties ! Comment il fait ! Il triche, c'est certain.

Il se leva et me tendit la main.

— C'est ça de se confronter à un Dieu. Dit-il plein sourire.

J'ignorai son « aide » et me levai toute seule. Quand il joue, c'est une toute nouvelle personne qui apparaît.

— Ne te vante pas, Vydou, tu vas la dégoûter de jouer avec toi. Dit la mère de Dehivyd.

Elle adore peindre et s'occuper de ses enfants. Je ne me souviens plus de la dernière fois où je les ai vus sans aucune tache de peinture dans ses cheveux blonds.

— Ne vous en faites pas, Madame Vrhan, Dehivyd excelle peut-être dans les jeux, mais il y a plein d'autres choses où je le surpasse largement. Dis-je en rentrant dans son jeu.

— Voyons, très chère, vous me faites rire avec vos âneries. Vous savez bien plus que moi que si j'y mets un peu du mien, je vous anéantirai. Dit-il en s'avançant vers moi, toujours avec ce sourire.

Un petit silence apparut soudainement, dans cette maison habituellement animée.

Et je pouffai de rire, ce qui entraîna un rire général entre lui et moi. Sa mère roula des yeux et soupira.

— Bon Ryhu, il est temps que tu rentres chez toi, ton père va s'inquiéter si tu ne rentres pas. Dit-elle en me regardant tendrement.

— Ne vous en faites pas pour mon père, mais vous avez raison, je vais rentrer chez moi. En plus, il faut que j'aille faire quelques courses.

– Viens me défier une prochaine fois ! Dit-il en me faisant un signe de la main tandis que j'ouvrai la porte.

— Je te rappelle que c'est toi qui m'a forcé.

...

Noha

Je fermai mon manuel de géo et contemplai la supérette vide. C'est bizarre d'être seul... D'habitude, je suis toujours entouré, mais là, je ne m'habituerai jamais.

Je décidai de faire l'inventaire, car de toute façon, il n'y a pas grand-chose à faire ici.

Soudainement, la porte coulissante s'ouvrit et je n'étais plus seul.

Je me dirigeai directement vers la caisse pour être prêt.

C'était Ryhu, je ne l'avais pas vu sortir du café ce matin et c'est étonnant de ne pas l'avoir déjà vu ici.

- Oh, bonsoir... C'est étrange de te voir travailler ici. Dit-elle en prenant un pot de glace au caramel.

— Pourquoi c'est étrange ? Demandai-je accoudé à la caisse.

— Te voir dans un café et quelques heures après dans une supérette, c'est quand même un peu bizarre comme hasard, tu ne trouves pas ?

– Je travaille pour mettre de l'argent de côté, alors il me faut beaucoup bosser.

– Pourquoi mettre de l'argent de côté ?

Je fis une pause, une longue pause avant de lui sortir une demie vérité.

– C'est juste pour ne pas être à sec... Répondis-je tout en rangeant les derniers articles derrière la caisse.

- Je vois...

Un silence s'installa entre nous, elle continua à remplir son petit sac.

— Et donc, t'es dans quelle classe ? Demandais-je pour faire la conversation.

– Je suis en 107. Et toi, tu es en 210, si je ne me trompe pas.

— Exact, je suis dans la même classe que Dehivyd. Comment c'est de « travailler » à la bibliothèque ?

— C'est extrêmement calme, mais je préfère ça plutôt que de jouer pour l'équipe de baskets du lycée. Dit-elle en riant.

— Notre équipe est la meilleure de l'archipel, je te signale. Dis-je en lui montrant une photo de la dernière victoire des Red Lions.

— Ça, c'était l'année dernière, espérons que vous serez à la hauteur. Dit-elle en plaçant ses articles sur le tapis de caisse.

On se mit à rire, couvrant le silence de la supérette. Après son achat, elle se dirigea vers les portes coulissantes.

Elle fit une pause avant de se retourner vers moi, l'air hésitant.

— Tu as prévu quelque chose demain ? Dit-elle en me fixant droit dans les yeux.

— Hum, je travaille le matin au café, mais l'après-midi, je suis disponible. Pourquoi ?

– J'ai la saga des Shadow Knights que Dehivyd me rabâche de commencer et que je n'ai jamais eu le cran de faire ça. C'est quand même quinze heures de film réparties en cinq.

-Tu rigoles ! Ça doit faire six ans que je n'ai pas regardé ces chefs-d'œuvre. Dis-je en faisant tomber quelques articles.

— Contente que tu sois si excité par ça. Bon, il faut que je file, ce sera plus simple si tu me donnais ton numéro. Dit-elle en tendant son téléphone.

Je lui passai le mien et on s'échangea nos numéros. Elle partit après ça.

Il était vingt-deux heures passées et mon service était terminé. Demain, il y aura une foule au café, mais au moins, je regarderai une superbe saga avec Ryhu.

Pourquoi est-ce que j'ai précisé ça ?

La pluie qui t'a amené à moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant