Lundi (1)

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Ryhu

Le lycée était sur une colline, alors on avait une bonne vue sur la mer depuis la bibliothèque. Le lever du soleil illuminait les grandes étagères remplies de livres en tous genres.

Mes cours ne commençaient qu'à neuf heures, mais il fallait que je vienne plus tôt pour aider madame Ratus pour la journée de la culture qui aura lieu demain. En gros, il fallait juste prendre tous les livres ayant un manteau de poussière, les remettre « à neuf » et les ranger dans des cartons.

La bibliothèque était comme d'habitude, vide, même la « professeure » documentaliste n'était pas là. J'ai eu moins de trois heures de sommeil et la personne qui m'a demandé de venir n'est même pas là...

Alors, je commençais à me promener dans les allées à la recherche de vieux livres, mais si on se réfère au taux de poussière, c'est toute la bibliothèque qu'il faudrait donner à ce stade.

En sélectionnant des livres, je commençai à repenser à la soirée d'hier. Je ne sais toujours pas pourquoi je l'ai invité ni pourquoi j'ai insisté pour qu'il reste dormir. J'aurais pu regarder ces films toute seule, voire même avec Dehivyd, mais c'est comme si, au fond de moi, je voulais qu'il soit là.

Qu'est-ce que je raconte ?! Ça ne fait même pas une semaine que je le connais, j'ai sûrement fait ça pour mieux le connaître, et puis c'est bien d'agrandir son cercle d'amis. Ouais, voilà, c'était pour ça !

Au bout du troisième carton, je fis une pause en continuant mon livre de science-fiction.

Soudainement, la porte s'ouvrit et une personne que je n'aurais pas voulu voir rentra d'une démarche que je trouvai agaçante.

Sukanya était accompagné de misérables chiens lui tournant autour, n'attendant qu'une seule chose, voir plus que son décolleté.

Je me cachai derrière une grande étagère et ne fit aucun bruit. Je savais pourquoi elle était là et je ne voulais pas commencer la semaine avec ça.

J'entendais leurs pas sur le parquet, elle cherchait quelque chose, elle n'a pas l'habitude de venir à la bibliothèque. La chose qu'elle cherche, c'est moi.

— Binoclarde, dit-elle en rallonge, je sais que tu es là.

— Suka, pourquoi tu perds ton temps avec cette fille, dit un garçon à sa droite.

— Je connais un super endroit situé dans la troisième ville, on pourra y aller ensemble ? Dit un autre garçon à sa gauche.

-Fermez là ! Ordonna Sukanya. Cette myope doit me rendre mes devoirs avant que madame Leroy ne fasse toute une histoire. Vous deux cherchez là, elle ne doit pas être bien loin.

— Suka, tu verras cette meuf à la récré, tu ne pourras pas la louper.

— Eric a raison, profitons de ne pas avoir cours pour aller fumer sur le toit.

J'eus l'impression qu'elle réfléchissait, j'espérais de toutes mes forces qu'elle veuille cramer ses poumons plutôt que de me remettre une raclée.

Elle se rapprocha lentement de l'étagère où je me cachais. Si mon cœur avait un micro, toute l'île l'entendrait.

– Vous avez raison, cette nullité m'a fait assez perdre mon temps ici. Aller, venez avant que ça sonne.

La grande porte de la bibliothèque se ferma, et ma semaine ne faisait que commencer.

...

Noha

Le cours de Madame Molcoq, notre prof de français, semblait interminable. Je ne sais pas si c'était ma fatigue ou juste ses mots qui flottaient dans la salle, mais tout bougeait au ralenti.

J'étais assis au fond à gauche de la salle, de là je voyais l'ensemble de la classe et surtout Dehivyd affalé sur sa table. La prof ne lui disait rien, peut-être parce qu'il était le chouchou. Il a toujours eu un bon feeling avec les gens, ça ne m'étonnerait pas de savoir qu'il est pote avec le maire.

Commencer avec trois heures de français un lundi matin après avoir fait une nuit blanche me vide complètement. J'ai passé la dernière heure de madame Molcoq au pays des rêves et fus réveillé par la sonnerie de neuf heures trente, c'était la récré.

D'habitude, je serais déjà dans la prochaine salle de cours, mais mon équipe a absolument voulu faire une réunion d'« urgence » concernant notre plan d'attaque contre les Blue Bulldogs le mois prochain. On venait de commencer l'année et on avait déjà un match amical.

Je me rendis au gymnase, j'aperçus Ryhu qui rentrait dans les toilettes des filles. Je n'y prêtai pas grande attention et rejoignis les Red Lions.

Je ne fus pas surpris de voir qu'il n'y avait que deux membres sur sept présents à cette réunion. Jay et Béa.

Jay est le joueur le plus ancien de l'équipe. Il entame sa dernière année dans ce lycée et, grâce à sa grande taille et sa détente, il est notre pivot sur le terrain.

Béa, quant à elle, est notre joueuse la plus polyvalente. C'est généralement elle qui a sauvé les Red Lions quand ils étaient dans l'impasse.

– Alors comme ça, on n'est que trois. Dis-je en me rapprochant d'eux.

– Cette équipe va me rendre chèvre. Dit Béa en s'affalant par terre.

Jay tapota le parquet pour appeler Béa et il commença à faire des signes.

– Tu peux traduire, s'il te plaît ? Demandai-je. Je comprends quelques mots, mais c'est encore compliqué.

– Il dit que si ça continue comme ça, on ne sera que trois sur sept à jouer contre les Lavish Snake en juillet. Il dit aussi qu'il a autre chose à faire que d'attendre des pauvres guignols pendant sa récré.

Le muet lui donna un coup de poing à l'épaule.

– D'accord, d'accord, la dernière phrase vient de moi. Avoua-t-elle. Mais bon, sois d'accord avec moi, Jay, le bleu est présent à cette réunion, mais pas notre capitaine.

– Au pire, on se verra tous au prochain entraînement. Dis-je avec un semblant d'optimisme.

Jay commença à refaire des signes.

– Il dit qu'il est soulagé de t'avoir dans l'équipe, mais que de voir le positif partout ne va pas nous faire remporter le prochain match.

– Il a raison, avouai-je, mais c'est quasiment tout ce que j'ai. Je n'ai pas envie de rester là à me plaindre alors que je pourrais m'améliorer sur le terrain... Sans vouloir vous vexer.

Béa se redressa doucement.

– Il dit que tu l'as vexé. Dit-elle alors que Jay n'a fait aucun signe.

– Je comprends, désolé.

Un long silence s'installa entre nous, jusqu'au moment où le muet commença à s'exprimer.

– Hm, tu as raison. Dit Béa en se levant. La réunion est officiellement finie.

– Si c'est par rapport à ce que j'ai dit, je vous jure que je ne le disais pas en mal, je voulais jus-

Jay mit sa main sur mon épaule et me sourit.

– Tu lui as donné une « illumination ». On a fini les cours, alors aujourd'hui on va s'entraîner, et je t'ordonne de faire pareil si tu veux « t'améliorer ».

Ils prirent leurs affaires et quittèrent le gymnase. La sonnerie retentit et je me rendis en cours.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 12 ⏰

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La pluie qui t'a amené à moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant