Chapitre 3

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La bibliothèque m'avait toujours attirée. A chaque fois que je montais les marches en marbre blanc et que je franchissais les lourdes portes vernies, j'avais l'impression de mieux respirer. Un poids dont je n'avais même pas conscience semblait s'évaporer de ma cage thoracique, mais reprenait rapidement sa place dès que j'effectuais mon retour vers l'extérieur. Pourtant j'adorais notre Ville, avec ses quartiers composées de hauts buildings et qui à la nuit tombée brillaient de mille feux. Mon préféré était évidemment le quartier de l'Asie, car c'était là bas que je vivais !

La bibliothèque avait cette atmosphère à la fois si caractéristique et si inexplicable. Je parcourais ces rayonnages sans fin, le son de mes pas résonnant sur le sol marbré. La plupart des ouvrages qui se trouvaient ici étaient numériques, enregistrés dans des tablettes et entreposés dans les hautes étagères ou bien sous forme d'hologrammes que nous pouvions visionner dans des salles dédiées. Mais ma partie préférée, tout au fond de l'établissement, était celle qui rassemblait d'anciens manuscrits. De véritables livres physiques, tous différents les uns des autres. Malheureusement, ils étaient protégés sous d'épaisses vitrines, et je ne pouvais que m'imaginer tourner ces pages, sur lesquelles le texte se déroulait, tout en encre noire, parfois entrecoupé d'images et de schémas. J'avais appris en cours de Civilisation Ancienne que tous les livres étaient comme ça avant et que n'importe qui pouvait en posséder.

Ce mercredi, je passais toute ma Pause à la bibliothèque. Je sélectionnais les divers ouvrages traitant des arbres, mais sans réellement trouver d'informations utiles.

Je reposais une énième tablette, lorsque j'aperçu un visage familier entre les rayonnages : Aden. Je paniquai et retournai sur mes pas. Je slalomai entre les rayonnages, tournai à un angle et poussai une porte au hasard avant de la refermer brutalement. Je me laissai glisser sur le sol, essoufflée. "Pourquoi tu agis comme ça, sérieux ?" pensai-je, énervée contre moi-même. "Tu le vois tous les jours !" Je relevai la tête en soupirant. La pièce était plongée dans la pénombre, seulement éclairée par la lumière filtrant sous la porte. De nombreuses étagères métalliques couvraient les murs. Je plissai les yeux en voyant une forme noire sur le sol. Je me mis à genoux et saisit l'objet. Un livre. J'éternuai car le sol était plein de poussières.

- Un vrai livre... murmurai-je en caressant la couverture de ma paume de main.

Je l'ouvris délicatement. Un symbole représentant le signe de l'infini était représenté sur la première page. En feuilletant je compris que c'était un journal intime, qui devait être très ancien au vu de ses éraflures et autres déchirures. La matière était vraiment étrange, lisse, très fine mais aussi résistante. Je ne savais pas si je devais le lire car la personne qui l'avait écrit serait probablement contrariée, du moins si elle apprenait que je l'avais lu. Mais vu son état, l'auteur ne devait plus être de ce monde... Il n'en fallut pas plus pour me décider.

Je pris le journal, allais m'installer dans un coin reculé de la bibliothèque, à l'abri des regards indiscrets et commençais ma lecture...

20 Août 2079

J'ai enfin l'âge de la maturité et de la responsabilité. Dans deux semaines je rentrerai dans l'une des universités les plus prestigieuses d'Amérique. Je crois que je ne le réalise pas encore. Ce matin, lorsque j'étais dans le métro j'ai vu un jeune garçon qui jouait avec une petite voiture et c'est à ce moment, je crois, que j'ai compris que mon enfance était finie.

En arrivant devant chez moi j'ai ouvert la porte et tous mes amis et ma famille étaient là pour me souhaiter un joyeux anniversaire. Max m'a tendu un verre d'alcool et m'a dit que je pouvais boire maintenant.

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