Languor

Chapitre 5

Chapitre 5

L'enfant s'est enfin endormie. L'homme me la confie et il me semble tout naturel de tenir ce petit être entre mes bras. Elle doit avoir à peine un an, vêtue d'un léger tee-shirt blanc et recouverte d'une robe : elle me rappelle Chiara, mais en plus jeune. Je me colle un peu plus au mur froid afin de me protéger du soleil et de ses rayons qui dégagent une chaleur presque insupportable. L'homme ouvre son sac et en sort une bouteille d'eau. Pour une raison qui m'échappe j'ai l'impression de le connaître: ses cheveux noirs, décoiffés et ses yeux couleur miel me paraissent familiers. Il me voit en train de l'observer et un grand sourire joyeux s'affiche alors sur son visage. Puis son regard se porte par-dessus mon épaule. Curieuse de savoir ce qui attire son attention, je me retourne en serrant la petite contre moi, de peur de la faire tomber. Un jeune garçon est affalé au milieu du chemin, de la poussière volant partout autour de lui. Il se relève péniblement et s'écrie :

- Papa, on est bientôt arrivés ? Parce que là j'en peux plus de marcher...

L'homme repose sa bouteille d'eau avant d'afficher un grand sourire :

- Regarde devant toi avant de râler, Lucas !

C'est donc son père...

Lucas fait quelques pas hésitants. Il lève les yeux et semble avoir un soudain regain d'énergie. Je suis son regard et aperçois une vaste étendue d'eau, bordée de sable blanc. Une plage ! Je ne l'avais pas vue non plus... Lucas se met à courir en laissant des petites traces de pieds dans la poussière du chemin, qui se transforme rapidement en sable.

- Attends- moi bonhomme ! crie son père en lui courant après.

Les deux se déshabillent en vitesse avant de se jeter à l'eau en riant.

Je sens un sourire se dessiner sur mes lèvres sans même savoir pourquoi. Je m'avance pour ramasser les affaires des garçons et en repliant le tee-shirt de Lucas, j'y vois un drôle de dessin : on dirait un flyboard mais avec des roues. Je descends sur la plage et m'assois en tailleur tout en faisant attention à ne pas réveiller l'enfant.

Une brise légère chargée d'embruns me parvient, mêlée des cris des mouettes et des bruits d'éclaboussures des garçons. Je prends une poignée de sable tiède et regarde les grains s'écouler fluidement entre mes doigts.

- Tu viens ? me crie Lucas pour couvrir le son des vagues.

Je secoue la tête négativement en lui montrant la petite fille, toujours endormie sur mes genoux. Je réajuste son chapeau pour la protéger du soleil tapant. L'homme se tourne vers son fils et lui chuchote quelque chose dans l'oreille. Lucas sort de l'eau, dégoulinant et se plante devant moi.

- Qu'est-ce qu'il y a ? je lui demande, amusée.

Il s'approche de moi et me serre dans ses bras brièvement, laissant mon tee-shirt trempé, et éclate de rire lorsque je laisse échapper un grognement agacé. Cependant, je devais bien admettre que cela avait eu le mérite de me rafraîchir ! Il reprit la parole :

- Alors tu viens ma...ivy ! Ivy ! IVY !

La voix de Lucas résonnait dans ma tête devenant de plus en plus grave et de plus en plus forte.

J'ouvris les yeux péniblement avant de faire face à mon père. Il me sourit d'un air désolé.

- Tu vas être en retard ma puce, chuchota-il.

Il déposa un baiser sur mon front avant de se diriger vers la porte de ma chambre. Juste avant de sortir il se retourna et me lança plus fermement :

- Ne te rendors pas Ivy. J'ai dû éteindre ton réveil à ta place tellement tu dormais profondément !