Chapitre 1 : L'expérience H-G-T / Préparatifs

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À l'intérieur d'une colossale bâtisse d'un blanc nacré à la pureté sans pareil, où les reflets des vitres des hauts étages dépeignaient le début du ciel violet annonçant le crépuscule, faisant office de phare d'ébène au milieu d'un vaste quartier dont les différents bâtiments affichaient plutôt des teintes sombres et discrètes.

Quelques chercheurs et autres scientifiques se préparaient à passer ce qu'ils voulaient être une nuit d'anthologie. Un jour à marquer d'une pierre aussi blanche que leur bâtiment, pendant que quelques gardes, eux, de leur côté, s'attendaient à encore passer une nuit épouvantablement ennuyeuse, tant leur activité se limitait davantage à jouer aux cartes ou sur leur téléphone. Malgré le mépris que leurs protégés à blouse blanche avaient à leurs égards, les comparant sans cesse à des primates écervelés ou à n'importe quel sous-genre de canoval, sorte de croisement improbable entre une chèvre et une limace, les cornes ainsi que la barbiche de la première en plus de la lenteur du deuxième, une créature considérée comme l'animal le plus crétin vivant actuellement sur les terres de Novsgerath. Malgré leur manque de tact journalier, ceux-ci se contentaient simplement de hausser les épaules, hocher la tête, de valider leurs passes d'accès au bâtiment, puis de retourner à leur poste... Enfin plutôt à leurs occupations, non sans avoir gratifier les scientifiques d'un dernier geste ou signe frôlant l'insolence. Une scène beaucoup plus courante que ce que l'on pourrait croire, en effet :

— Abruti de blouse blanche de mes deux... chuchota un garde passablement irrité par son dernier échange verbale avec l'un des employés.

Fidèle à la tradition, il conclut cette joute par un fier mouvement du bras droit couronné par l'exposition de son majeur.

L'employé en question, qui tendait vers les cinquante ans, comme pouvaient en témoigner ses nombreux cheveux gris qui essayaient tant bien que mal de se démarquer des quelques cheveux noirs récalcitrant, poursuivait son chemin d'une démarche claudicante, séquelle probable d'une de ses expériences. Inconscient de l'attaque sournoise de son adversaire qui n'eut pour cible que son dos, il en était encore à lister les quelques remarques acides qu'il aurait également pu ajouter à son égard.

Bien au-dessus de ce genre de dialogue à l'intérêt discutable, un acolyte se tenait à ses côtés. Beaucoup plus jeune que lui, aux cheveux blonds vénitiens, avançant d'un pas ferme et décidé, comme s'il allait accomplir une quelconque destinée digne des plus grands héros, les mains enfoncées dans les poches de sa blouse de laborantin, un air mesquin s'affichant régulièrement sur son visage. Il semblait s'amuser de la situation, observant avec curiosité et continuant d'écouter son maître ruminer sa précédente rencontre.

— Abruti de garde... renchérit-il, ignorant que celui-ci avait eu la même pensée à son égard. Peuh ! Il serait bien incapable de faire la différence entre un singe et sa propre descendance que ça ne m'étonnerait même pas.

Son compagnon étouffa un rire moqueur, tout en se plaisant à parcourir le gigantesque atrium dont les carrelages noirs parsemées d'éclats dorés reflétaient avec douceur les quelques rayons que les luminaires, artistiquement façonnés, émettaient en continue. La majorité de ses créations garantissaient bien la teneur du bâtiment dans lequel ils évoluaient : ici des fioles diffusant une lueur bleuâtre ajoutant à l'ambiance d'ordinaire calme des lieux, là des statues représentant les doubles hélices et les branches les reliant formant la structure de l'A.D.N avec des lumières teintées de pourpre. Ça et là donc, on y retrouvait les différents clichés du monde scientifique, au service de la luminosité ambiante ! Et d'ailleurs, ça n'était pas le seul domaine où leurs présences s'illustraient, puisque le jeune comparse et son maître, foulant désormais du pied un tapis rouge écarlate posé avec soin afin d'illustrer un passage, longeaient maintenant une immense fontaine à eau.

Concilium Manus InferorumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant