Chapitre 2 / Le Bastion

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— Attends un instant, coupa Hagest alors qu'ils commençaient à quitter le terrain, tu ne m'avais pas dit qu'il y aurait un « autre examen » derrière ? Aurais-je finalement droit à une grâce de la part de mon Général ?
— Aussi profonde soit mon affection à ton égard, mon grand, je n'irais pas non plus favoriser une recrue au point de lui faire sauter quelques épreuves, rétorqua ledit Général avec un faible rire. Non, il s'agit plutôt d'une épreuve... hum, comment pourrais-je la qualifier... Casteliage, des idées ?
Hagest perçut en lui son démon qui esquissait un sourire moqueur, et il commença à comprendre de quoi il retournait :
— Une épreuve « spirituelle », cela devrait être un qualificatif approprié à ce qu'il t'attends, répondit Casteliage sur un ton moqueur. Après tout, cela fait déjà quatorze ans que ce sceau éphémère tiens en place.
Parcourant le chemin qui les menait à la sortie de l'espace d'entraînement dédié aux recrues, ils commencèrent à longer divers casernements à la forme arrondi, bâtis avec des tôles à la couleur de rouille. Autrefois des logements prévus spécialement pour les résistants à l'époque du premier CMI, désormais servant de zones de stockages pour les différents exercices opéraient par les encadrants. Dorénavant, il ne serait plus nécessaire à Hagest de côtoyer les différents chemins reliant les casernements entre eux, afin d'aller récupérer différents équipements tout en se faisant copieusement secoué par ses supérieurs, dans l'art traditionnel du bahutage de recrue. Les fausses précipitations pour ramener un matériel qui n'était finalement pas nécessaire, voir courir les recrues pour récupérer la clef du champ de tir, ou la bobine de fil de mire, ce genre de demande fantasque lorsqu'on est précipitamment réveillé avant les poules. Cette époque pendant ses classes lui manquerait probablement, mais dans l'immédiat il était satisfait de ne plus y avoir droit.

Tout en se tenant le menton, son coude reposant sur sa main gauche, la nouvelle recrue songeait maintenant à cette fameuse « dernière épreuve spirituelle » qui ne ferait pas appel à des compétences guerrières :
— Je ne te cache pas que j'angoisse davantage pour cette partie, Castel... C'est vrai que d'un côté j'ai de plus en plus de mal à conserver ton énergie... Alors est-ce que révoquer ce sceau pour en imposer un autre ne va pas tout simplement laisser l'entièreté du flux se libérer d'un coup et provoquer notre mort à tout les deux ? Non, parce que cela m'embêterait légèrement d'avoir entendu toutes ses années pour enfin être un soldat du CMI pour mourir à domicile à cause de l'échec d'un rituel.
Délaissant le secteur dédié à l'entraînement et la formation des nouvelles recrues, les trois membres du CMI se dirigèrent vers la sortie. Seule une vigie était cantonnée à l'entrée. Celle-ci effectua un admirable salut face à Carter et Runaway, puis elle se contenta d'un simple hochement de tête respectueux avec un clin d'oeil appuyé envers Hagest qui le lui renvoya avec enthousiasme.
— Sacré Ervold. Dommage qu'il soit dans le Groupement des Formateurs. L'un des seuls où on prenait plaisir à ramasser avec Xarias, ajouta-t-il en aparté.
— Pour en revenir à ton sceau, se manifesta soudain Casteliage.
— Et à nos chances d'y passer...
— Je suis un Innommable, pas un Bourreau des Âmes. Évidemment que j'y ai réfléchi. Il n'est pas question d'enlever ton sceau, simplement de le... mettre à jour comme le dirait Khaled. Même si ton potentiel naturel, pour les différents types d'énergie, est maintenant développé, j'ai également repris davantage de force qu'à l'époque, au point que moins de trente secondes sans un sceau pourrait nous mettre hors de combat pour un bon moment voir nous tuer. Bien sûr, il n'est pas question de tenter le Grand Martyr. Pour être plus exact, je vais renouveler quelques runes et consolider celles-ci avec un peu de ma puissance afin de le conserver intact. Théoriquement parlant, la procédure devrait être indolore, tout dépendra du flux qui tentera de se libérer pendant le très court instant où le sceau sera le plus affaibli. Éventuellement tu risques bien d'encaisser un sacré choc, de même pour moi, aussi faudra-t-il l'endurer avec énormément de volonté, au risque de véritablement subir toute l'intensité des forces que je réprime depuis aussi longtemps.

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