Il était temps [Nouvelle] 🩷

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Une fois le dernier couplet chanté et le répertoire de la chanson française des années 2000 épuisé, elle retourne péniblement chercher ses affaires, les jambes chancelantes. Elle est déterminée à suivre les autres, en direction du Sixties nouveau bar de nuit super branché tu vas adorer, lui a promis Lucie.

Sur le chemin, elle se rapproche d'un garçon plutôt mignon, qui, contre toute attente, est monté avec elle sur scène chanter du Lorie. Tandis qu'ils se prennent la main et rient aisément, Lucie les rejoint :

— Alors Marion, tu changes vite de cible on dirait ! Allez raconte-moi tout, avec Alexandre, je suis sûre qu'il y a anguille sous roche, ça se voit !

— Non, c'est... c'est compliqué, commence Marion, on s'est rapprochés il y a plusieurs années en voyage, mais ça n'a jamais rien donné.

— Et vous avez toujours des sentiments l'un pour l'autre, c'est ça ?

— Non, pas du tout, s'offusque-t-elle, à vrai dire cela faisait plusieurs années qu'on ne s'était pas parlés, les choses nous ont un peu séparés...

— Donc tu le remplaces avec Tom, c'est ça ? Tu as fait le bon choix Tom, elle est gé-ni-a-le !

Ledit Tom rit à son tour et en profite pour l'embrasser, visiblement peu gêné de la conversation précédente. Ce baiser la surprend, elle s'arrête dans la rue pour le poursuivre, charmée du tour moins déprimant que prend cette soirée. Se laisser aller, c'est pas si mal finalement !

Mais le charme est de courte durée puisque le baiser est interrompu par un bruit très fort de poubelles entrechoquées dans la rue dans laquelle ils se trouvent. Ils se tournent tous deux en direction du bruit, pour y voir un jeune homme qui les fixe, l'air agacé, en sortant ses poubelles avec une énergie un peu trop forte pour l'heure avancée de la nuit. Cette fois, c'est sa respiration qui se stoppe brutalement.

Alexandre.

— Eh regarde, c'est pas le mec qui était avec nous au début de la soirée, Lucie ? Celui dont vous parliez à l'instant justement, hurle Tom en direction de Lucie, quelques pas plus loin.

— Oh, Alexandre ! s'écrie Lucie. Mais qu'est-ce que tu fais là ? Ça va ton problème, tu as pu le régler ? Tu veux venir avec nous, on va au Sixties ?

Il ne répond pas, l'air visiblement gêné, les yeux fixés sur Marion et Tom, toujours dans les bras l'un de l'autre. Elle s'en rend compte et se détache brusquement de Tom, guettant sa réponse.

— Merci beaucoup, mais je ne me sens pas très bien, je préfère aller dormir, on se voit bientôt Lucie, je me rattraperai promis ! lance-t-il en retournant à ses poubelles.

— Je fais mes lacets, pars devant je te rejoins, lance Marion à Tom, s'arrêtant ainsi.

Elle s'approche d'Alexandre, l'alcool lui donnant le courage, hors de question qu'il s'en sorte comme ça.

—Donc ça y est, tu fuis encore ?

— C'est pas ça du tout Marion, j'ai pas fui.

— Tu appelles ça comment alors ? "Bonne continuation..."

— Je ne fuis pas, j'avais vraiment quelque chose d'imprévu qui m'a obligé à partir.

— Et là tu es vraiment malade peut être ?

— Tu ne veux pas plutôt retourner avec ton copain ? Il va finir par t'attendre...

— C'est ça... ? Tu ne veux pas venir parce que tu m'as vu avec ?

— Ça n'a rien à voir !

— Alors pourquoi tu as esquivé ma question ?

— Et toi pourquoi tu ne le rejoins pas ?

— Je vais le faire.

— Très bien. À bientôt alors.

Elle se retourne, énervée, et commence à rejoindre le groupe, on ne l'y reprendra plus, les gens changent avec le temps, mais bien sûr.

Mais sa vessie commence à lui peser dangereusement, alors sans trop hésiter, elle ravale sa fierté.

— Euh... tu... est-ce que je peux monter faire pipi une seconde s'il te plait ? J'ai bu trop de bières...

— Tu peux faire dans la rue, il n'y a personne...

— Alexandre !

— Ok c'est bon, monte.