— Putain Alex, tu m'écrases ! peste Marion, la tête d'Alexandre lourdement posée sur son ventre nu, sur le lit.
— C'est pour être sûr que tu ne t'échappes pas.
— Ah parce que maintenant, je n'ai plus le droit de partir ?
— Non, on a beaucoup trop de temps à rattraper...
— Alex, tu sais, c'est à cause de toi qu'on doit le rattraper ce temps... C'est toi qui as freiné des quatre fers...
— Je sais, j'ai été tellement nul. Mais c'était trop compliqué, on s'est rencontrés tu étais déjà en couple, puis il y a eu ma copine...
— Mais pourquoi c'est compliqué ? On avait décidé d'être juste amis ! Il était où le problème ? Elle était géniale notre relation... Se raconter nos vies, discuter par message jusque pas d'heures, manger ensemble entre deux cours... Nos cerveaux sont des âmes-soeurs, tu le sais bien !
Sa voix se perd, il la regarde longuement et inspire avant de répondre.
— Le problème c'est que j'ai longtemps cru pouvoir rester ami avec toi, jusqu'à ce que je m'en rende compte que j'en étais parfaitement incapable. C'est pas ça que je voulais. Dès qu'on se voyait pour manger ensemble, je ne pensais qu'à une chose, t'embrasser. Dès que tu m'écrivais, mon cœur n'arrivait plus à se calmer. Et Lola était jalouse, et je la comprends, vu notre passé.
— C'était elle le problème alors ? On s'était embrassés qu'une fois pourtant, il ne s'est jamais rien passé d'autre entre nous !
— Bien sûr que c'était elle le problème... Et moi je voulais la préserver de tout ça, j'y croyais tu sais. Elle en a souffert, elle a eu vent de toute l'histoire... Tu imagines toi, on t'annonce que le gars avec qui tu commences à sortir a embrassé une fille en Italie un mois avant et qu'ils ont passé la journée juste tous les deux à Venise, à se perdre dans les ruelles au bord de l'eau et à marcher main dans la main... Tu serais pas jalouse toi ?
— Tu veux rire ? J'aurais fusillé cette fille sur la place publique ! Tu te souviens qu'on était tellement dans notre bulle qu'on avait pas compris où était le lieu de rendez-vous et que tout le groupe nous attendait depuis une demi-heure ?
— Arrête, mes copains m'en parlent encore quand ils veulent me charrier. Disons qu'ils n'ont pas eu l'habitude de me voir vraiment romantique.
— Moi non plus à vrai dire. Je pense que je me souviendrais toujours de ces moments sur le Vaporetto... Toi d'habitude si cérébral et distant, en train de me prendre dans tes bras, en pleine nuit à Venise, et de déposer des petits baisers sur mon front en discutant face à la mer... Tu sais, tu as mis la barre bien haute pour les suivants !
— Ah parce qu'il y a déjà des suivants ? demande Alexandre en levant sa tête de ton ventre, l'air choqué.
— Ben...
— Je peux rappeler le garçon de tout à l'heure si tu veux ? Il avait l'air ravi de passer du temps avec toi !
— Mais non roh ! C'est juste que tu m'as pas facilité la tâche quoi... Je t'ai vu passer devant moi sans m'adresser un regard, tu n'as jamais répondu à mes messages... Ça m'a fait tellement de mal. Je croyais que cette connexion entre nous était bien plus forte que le reste... J'avais sûrement tort.
— Je suis tellement désolé. J'ai jamais voulu te faire du mal. Mais c'était trop compliqué, ton copain, ma copine. Milles fois j'ai voulu arrêter de te parler, mille fois j'ai essayé, et j'arrivais pas à me passer de toi. Mais quand Lola a commencé à me menacer de me quitter si on continuait à se voir, j'ai dû me rendre à l'évidence. Toi et moi, ça ne menait nulle part, on n'aurait jamais dû s'embrasser ce soir-là, alors j'ai coupé les ponts... En vérité, je m'en suis tellement voulu...
Le silence se fait dans la chambre après ces révélations. Elle l'a enfin eu, cette discussion imaginée tant de fois, ces explications tant désirées. Et tout paraît maintenant plus léger, elle a compris, elle ne lui en veut pas.
Et ce soir, nus dans le grand lit, aucun d'eux n'ose parler, perdus dans ces souvenirs d'un amour de voyage, intense, qui aurait pu durer mais que les circonstances ont avorté.
Au bout de quelques instants, elle avoue, en rigolant :
— Tu sais que je m'en souviens à peine, de ce baiser, tellement j'étais saoule ? J'ai repris mes esprits au moment où nos lèvres se sont séparées...
— Quoi ? Tu oses me dire que tu te souviens pas de ce baiser fabuleux, aromatisé à la vodka pure et sur fond de musiques italiennes ?! Tu me déçois, lance Alex, désormais assis dans le lit, moqueur.
— Par contre, tu sais de quoi je me souviens très bien ?
— Non ?
— De ce qui s'est passé il y a une heure... lance-t-elle, mutine.
— Tu veux parler de ça ?
Il s'approche d'elle en douceur, avant de la retourner par surprise sur le lit. Elle est allongée sur le dos, lui au-dessus d'elle et il l'observe, sans ciller. Il prend son temps puis doucement, approche ses lèvres de sa bouche, et dépose un baiser... sur son nez. Puis un sur son menton, puis dans son cou, puis entre ses seins... Avant de descendre au-delà de la pudeur.
— Oui, je voulais parler exactement de ça, rigole-t-elle entre deux soupirs de plaisir.
Elle lui demande soudainement de remonter, et l'embrasse avec tendresse.
— Et maintenant Alex, il va se passer quoi ?
— J'ai ma petite idée, dit-il avec un air appuyé...
— Non, sérieusement, à quoi ça mène, tout ça ? Toi et moi enfermés pendant des heures dans ton appartement... J'en ai rêvé si souvent... mais où ça mène ?
— Je sais pas et on s'en fout non ? Tout ce que je sais c'est que j'ai bien merdé, et que te croiser ici par le plus grand des hasards après plus de trois ans... C'est extraordinaire. J'ai laissé passer ma chance une fois, pas deux. Alors Marion, ce soir je t'emmène à Venise rejouer nos premiers moments, et cette-fois, je ne compte pas te laisser partir !
Il se lève, nu, son grand corps mince presque loufoque dans ce décor de déménagement. Il prend son téléphone, lance "Lasciatemi cantare" sur son téléphone, et la soulève du lit pour la prendre dans ses bras. Il la pose délicatement sur le tapis de la chambre et pose ses mains autour de ses hanches, pour un slow.
Ils dansent au rythme de la musique, enlacés comme au premier jour.
Elle le regarde, sourit, le cœur bondissant dans la poitrine, et soudain, elle a une pensée affectueuse pour Lucie. Elle entoure les épaules d'Alexandre de ses bras, et pose ses lèvres sur les siennes.
Finalement, elle était pas si mal, cette soirée d'anniv... !
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Il était temps [Nouvelle] 🩷
Kort verhaalÇa fait des mois qu'ils ne se sont pas parlés, mais ils vont se retrouver le temps d'une soirée. Une nouvelle en huis-clos, où les sentiments peuvent enfin s'exprimer... Il était temps !