Chapitre 32

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Je me réveille et l'espace de quelques secondes, j'ai le sentiment d'être en paix avec moi-même. Durant ces quelques secondes, j'oublie mes problèmes. Cela fait tellement du bien de ne pas s'inquiéter en permanence. C'est tellement inhabituel mais c'est apaisant. Si je pouvais être comme ça toute ma vie, je ne m'en plaindrais pas. Cependant, ce sentiment de plénitude prend fin lorsque les souvenirs de la veille reviennent à la surface et efface ce sentiment de sérénité qui émanait en moi. Le dilemme qui s'installe à l'intérieur de moi est en train de me rendre fou. C'est comme si j'avais une double identité : une avant l'accident et une après.

Je ne sais plus qui je suis. Suis-je vraiment ce gars atroce ? Non, ce n'est pas possible, je refuse d'y croire. L'homme que j'étais avant mon traumatisme crânien est un inconnu. Ou est-ce seulement pour me rassurer que je me dis ça ? Et si au final j'étais réellement ce gars indifférent, ingrat, impitoyable et mauvais ? Je n'arrive pas à me rendre compte que j'étais ce genre de personne odieuse prêt à tout pour cesser de souffrir. Cet homme qui voulait se venger n'a pas de morale, pas de code de conduite. Ses seules règles sont de parvenir à sont objectifs qu'importe les conséquences.

Tous les moyens sont permis du moment que l'on soit satisfait pas le résultat final. Suis-je vraiment cet homme ? Cette mentalité me répugne au plus haut point. Je me dégoûte d'avoir était cette personne. Je n'arrive même plus à me regarder en face. Comment le pourrais-je ? Je viens de découvrir que j'étais un psychopathe et que tout ce que je croyais est remis en question. Découvrir la réalité sur mes réels intentions envers ma petite amie avant l'accident me fait froid dans le dos. Comment suis-je venu à prendre une telle décision ? Mais qui est cet homme prêt à blesser les autres pour son propre confort ?

Oui, la mort d'Akhan m'affecte encore mais ce n'est pas une raison pour faire payer les autres ! Je ne me reconnais pas en cet homme prêt à nuire des inconnus pour apaiser sa peine. Si je n'avais pas perdu la mémoire, que serait-il arriver ? Aurais-je réussi à lui faire mal comme moi j'ai souffert ? Serais-je aller jusqu'au bout pour accomplir cette vengeance envers mon frère ? Je n'en sais rien et je ne veux pas le savoir. Me rendre compte que j'étais un salaud de première accentue ma déception sur l'idée de la personne que j'étais. Je suis dans l'incompréhension la plus totale.

Certes, j'étais furieux et j'en voulais à la terre entière mais cela ne m'excuse pas mon comportement. Je ne vois qu'une seule explication à l'excès de colère qui m'a poussé à élaborer ce plan de vengeance cruel : j'ai écouté la petite voix en moi. J'ai laissé mes pensées noirs s'immiscer dans ma vie personnelle alors qu'elles devaient resté cacher au plus profond de moi afin que personne ne découvre leur existence. Je n'ai pas résister assez fort et je l'ai laissé gagné. J'ai baissé les bras, lassé de cette dualité à l'intérieur de moi qui m'épuise et m'use trop d'énergie. Je suis devenu cette personne sans cœur que je méprise tant. Une personne qu'Akhan aurait détestait. Mais c'est pour lui que j'ai fait tout ça. C'est parce qu'il ne me reste que la souffrance et le chagrin que j'ai agi de cette manière.

Cette douleur dans ma poitrine est née lorsque l'on m'a annoncé son décès. Cette souffrance est la seule chose qui me reste de lui. Ce chagrin a fait naître ce monstre en moi qui m'habite et me consume. Cette bête qui est composé de mes pires pensées, de mon côté le plus sombre a soif de vaincre. Cet être hostile à l'intérieur de moi est le fruit de ma colère face à l'injustice de la mort d'Akhan. Il était trop jeune pour mourir. Il avait tant a apporté au monde et au final il ne restera aucune trace de lui. Savoir que son existence ne perdure que dans notre mémoire et qu'un jour je ne me souviendrais plus du son de sa voix me fout la chair de poule.

Cette bête noir me rappelle que je souffre de son absence. Elle me montre que le monde est cruel et sans pitié d'avoir enlevé la vie d'un garçon de 7 ans. Sans cette colère, Akhan n'existera plus à travers moi. Et cette idée de ne plus l'avoir à mes côtés me tue à petit feu. C'est comme si on me l'enlevait une seconde fois si ce tempérament de feu parvenait à disparaître. Je me suis laissé dicté par cette rancœur car d'une certaine manière c'est comme si en l'écoutant j'avais mon frère à mes côtés. J'étais tellement anéanti par sa mort si injuste et cruel que je me suis laissé porté par cette rage de nuire ceux qui lui ont ôté la vie. Malheureusement, c'est tombé sur Soélie.

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