Chapitre 17

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Je me réveille aux côtés de la demoiselle, l'esprit apaisé. La nuit que nous avons passé n'était que du plaisir et elle m'a permis de me changer les idées. Je commence même à prendre goûts à ce genre de soirée surtout en si bonne compagnie. Je regarde l'heure sur mon téléphone et constate qu'il est 8 heures du matin. Mince, je suis déjà en retard pour le boulot.

Je m'habille le plus discrètement possible pour ne pas réveiller Lola qui dort profondément. Je saisis un post it sur son bureau et lui inscrit mon numéro de téléphone pour qu'elle me contact si elle a envie de remettre cette soirée. Puis, je file sans attendre au garage en espérant que je n'ai pas fait prendre trop de retard à mon patron. Je lui raconte en vitesse l'histoire et il me pardonne de mon retard car lui aussi a déjà eu ce genre de péripéties dans sa jeunesse. Rassuré, je me mets au travail et positionne mon téléphone en silencieux pour n'avoir aucune distraction et être concentré à fond dans ma réparation.

J'enchaîne les révisions et à l'heure du déjeuner, je mange en compagnie de mes collègues dans un petit resto proche de notre lieu de travail. Je consulte mon téléphone et remarque plusieurs messages non lus. Je les ouvre, le premier est de Soélie, elle me propose qu'on dîne chez elle demain soir et de passer la soirée ensemble. Nathan est en déplacement pour un marathon, elle a l'appartement pour elle toute seule. Ravi, j'accepte puis je lis le second texto provenant de ma mère qui me rappelle notre rendez-vous ce soir à 19 heures chez elle. A cette nouvelle, je me refroidis instantanément, j'avais complètement oublié que c'était aujourd'hui que je voyais mes parents pour la première fois depuis deux ans.

J'appréhende cette rencontre, je ne sais pas comment les choses vont tourner. J'espère que cela ne va pas dégénérer, que nous allons pouvoir entretenir une discussion courtoise sans se crier dessus avec mon père. Nos deux caractères sont semblables, on est des faux calmes. Pendant longtemps on ne dit rien, on encaisse puis le jour où ça sort, c'est la troisième guerre mondiale. Ma mère est plus posée, elle évite les conflits et essaye toujours de rendre tout le monde satisfaits. Avant leur divorce, avant que notre famille ne vole en éclat, je m'entendais très bien avec eux. J'étais en phase avec eux, je me sentais compris et entendu. Cependant suite à la mort d'Akhan, notre lien unie s'est effacé avec le temps et je n'ai plus trouvé le moyen de communiquer avec eux.

Je ne savais pas comment faire pour leur parler sans leur évoquer leur fils mort qui me ressemblait énormément physiquement. Je savais que lorsqu'ils me voyaient, ils avaient l'impression de voir un fantôme. Je savais que ma seule présence leur rappeler leur fils défunt et que c'était pour cette raison qu'ils fuyaient mon regard. Ils ne voulaient pas affronter la réalité que mon jumeau était décédé. Ils voulaient rester dans la désillusion, ils ne voulaient pas que ce drame devienne réel. Durant cette période de deuil alors que j'avais le plus besoin d'eux pour surmonter cette épreuve, ils n'étaient pas là à s'occuper de moi trop occupés à tenter de vaincre leur propre chagrin.

Je ne leur en veux pas, je sais que le décès d'Akhan a affecté tout le monde dans la famille. Je sais que c'était d'autant plus douloureux car c'était le fils destiné à réaliser de grandes choses contrairement à moi. Sa perte était d'autant plus difficile car c'est lui qui ramenait la lumière à la maison avec sa bonne humeur. C'est lui qui était un élément essentiel pour la survie de notre famille. Mes parents faisaient des efforts pour tenir le coup et d'essayer de reprendre une vie normale. Sauf que plus rien n'était normal lorsque mon frère a rejoint le ciel, c'est ça le problème justement. Ils essayaient de reprendre notre vie d'avant sans cette tragédie mais c'était impossible d'ignorer la place centrale que mon frère occupait dans la famille.

Une des étapes le plus difficile a été de se débarrasser des affaires de mon frère. J'avais l'impression qu'il mourait une deuxième fois dans mon cœur. J'avais le sentiment qu'on l'abandonnait en donnant ses effets personnels à des associations. J'avais peur de l'oublier s'il ne me restait plus ses objets. C'est la raison pour laquelle j'ai gardé un maximum de choses qui lui tenait à cœur comme son livre préféré, sa peluche fétiche, son jeux de société favori... J'ai gardé ces babioles pour me rappeler du frère incroyable que j'avais. J'ai pris l'habitude de m'endormir avec son doudou chaque soir pour me rapprocher de lui. Même maintenant alors que j'ai 20 ans, j'ai toujours le réflexe d'enlacer cet ourson avant de sombrer dans le sommeil.C'est un rituel qui peut paraître enfantin mais je n'arrive pas à m'en séparer. C'est trop dur sentimentalement.

Nos Etoiles Alignées (T1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant