Chapitre 15

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Le vent glacial, un bourreau sans pitié, me gifle le corps à travers mes vêtements qui, désormais, ne sont que des remparts fragiles face à la morsure hivernale.

Huit heures se sont écoulées depuis que j'ai démarré ma moto, et à chaque kilomètre franchi, le paysage subit une transformation progressive, révélant une nouvelle facette de sa nature.

Les arbres deviennent de plus en plus squelettiques, perdant leurs feuilles à chaque fois que je m'approche un peu plus de cet endroit.

Cet endroit qui me paraît si distant, mais si proche dans mes souvenirs.

Je vois enfin cette fameuse écriture qui m'était si familier, dorénavant, me laisse un arrière-goût, si amer en bouche.

"Carson city"

Une vague de mélancolie incontrôlable m'envahit à mesure que je revis tous les souvenirs qui ont tissé les fils de ma vie depuis ma plus tendre enfance.

Là où les rues résonnent des échos de mon passé, et où chaque coin de rue raconte une histoire familière. Pourtant, même au cœur de cette familiarité, une amertume persiste, car ce lieu, chargé de souvenirs doux-amers, ne sera plus jamais le même depuis ce fameux jour.

Le vrombissement se stoppe net quand j'arrive à ma destination finale. Un étrange silence se fait ressentir quand je commence à parcourir ce lieu chargé d'énergies.

Mes pas me guident et s'arrêtent d'un seul coup.

Boum.

Un bruit sourd résonne en moi, vibrant à l'unisson avec la douleur qui étreint mon cœur.

Mon cœur est meurtri par cette douleur atroce, portant le poids des événements comme un fardeau.

Une sensation de vide intense se propage dans tout mon être, comme si une partie de moi avait été arrachée.

Ce que je vis chaque jour depuis ce fameux 20 décembre.

Là où j'ai tout perdu.

Je suffoque, chaque inspiration est une lutte, mon cœur est déchiré, et mon âme semble s'être égarée avec la sienne.

J'oublie peu à peu ta chaleur enveloppante, ton odeur familière, et cette douce mélodie qui accompagnait nos moments.

Tout commence à devenir flou, les contours de ton visage, la lueur dans tes yeux.

Je ne veux pas.

Je m'efforce à garder ces magnifiques moments de lumière dans l'obscurité qui est devenue mon quotidien.

Mais pour l'instant, ce que je vois devant moi, c'est ton nom gravé sur cette pierre, tellement froide, dénuée de la moindre once de ta personnalité.

Ça ne te représente pas.

"Ce n'est pas toi."

Les yeux vides, je fixe chaque détail. Le silence s'installe seulement brisé par le vent léger caressant les feuilles des arbres alentour. La pierre devient un écran sur lequel je projette les souvenirs, des images qui semblent s'estomper, comme des fantômes dans ma mémoire.

Les ombres dansent sur le marbre, évoquant des moments qui appartenaient à un autre temps. Les larmes menacent, mais je les retiens, ne voulant pas les laisser trahir la force que je tente de maintenir.

Pourtant, ton absence est une présence constante, pesante. Les détails de cette pierre deviennent presque flous à travers le voile de ma douleur. Et je murmure encore, "Ce n'est pas toi."

Des larmes silencieuses coulent le long de mes joues froides. Mes lèvres se ferment, ne permettant aucun son de sortir. Je lui ai promis que quoi qu'il arrive, je dois rester forte, mais c'est impossible.

Alors, avec toute la volonté qui me reste, je lui tourne le dos en laissant mon âme tout entière à ses côtés.

Mes pas me mènent tout seuls vers un second endroit. Là où je m'abaisse et dépose délicatement une fleur.

"Je t'interdis de laisser cette fleur."

Mes membres se tendent en reconnaissant sa voix et je me redresse en lâchant cette fleur.

Des pas se rapprochent et une main me tire en arrière.

"Je t'avais dit que je ne voulais plus jamais te voir dans les parages !" dit-elle en écrasant cette pauvre fleur qui n'avait rien demandé.

"Part."

Mes jambes obéissent sans demander leur reste, et je quitte ce lieu chargé en émotions.

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"Elliiiss, tu étais passé où ?! Trois jours sans nouvelles de ta part, vraiment si tu n'étais pas majeur et vacciné, j'aurais lancé un avis de recherche", crie Sophia, qui vient de s'installer à mes côtés dans l'amphithéâtre.

"J'étais malade", dis-je, mon regard bloqué sur un point vide dans la salle.

Elle ne dit rien, contrairement à ce que je pensais.

Sophia détourne le regard, laissant un silence inconfortable flotter entre nous. Les murmures des étudiants dans l'amphithéâtre deviennent un fond sonore lointain, tandis que mes pensées restent ancrées dans le lieu douloureux que je viens de quitter.

Je me sens comme une coquille vide, me déplaçant mécaniquement à travers les mouvements de la vie quotidienne sans réellement y participer. Les visages des personnes autour de moi semblent flous, tout comme les mots qui me parviennent.

Sophia, cherchant à briser la glace, lance d'une voix plus douce : "Tu sais, tu peux me parler. Je ne suis peut-être pas une experte, mais parfois, partager la douleur peut rendre un fardeau un peu plus léger."

Je tente un sourire reconnaissant, mais mes lèvres peinent à s'étirer. Comment pourrais-je expliquer ce que je ressens à quelqu'un qui n'a pas vécu la même douleur déchirante ?

La journée se déroule dans une routine morne.

Le soir venu, je me retrouve assise seule sur ma fidèle compagne, faisant face à la ville en contrebas, observant distraitement les étoiles qui parsèment le ciel nocturne.

La nuit, loin d'apporter un répit à ma douleur, amène une certaine quiétude. Les souvenirs ressurgissent, des fragments de moments partagés, et je me laisse emporter par le flot de ces pensées.

Puis, un doux bruit me tire de mes sombres pensées. Un rugissement qui fait hérisser les poils de mes bras. Je ferme rapidement ma visière, sachant pertinemment qui est le cavalier de cette 4 cylindres.

Sans aucun doute, je vois une BMW S1000RR se garer à mes côtés. Frustré que ce moment de solitude soit coupé par son conducteur.

La visière s'ouvre, et je peux apercevoir ce regard bleu azur qui transperce mon âme, cette couleur évoquant d'innombrables souvenirs mélancoliques.

"Tu as trouvé le meilleur spot de la ville à ce que je vois", dit Aaron après avoir coupé la douce mélodie de son instrument.

Comme à mon habitude, je réponds avec un simple hochement de tête.

Mon regard se porte au loin, ignorant sa présence, un silence apaisant s'installe.

Mais cela ne dure qu'un court instant.

"Je sais qui tu es."

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Hello !

J'espère que vos fêtes se sont bien passées ?

Je reviens avec un court chapitre, mais intense.

J'espère que ce chapitre vous a plu. Si c'est le cas, n'hésitez pas à voter et à laisser un commentaire !

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XOXO

The Reckless BikerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant