Chapitre 3 : I'm alone, again.

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Zayn reposa le carnet ouvert sur le bureau. Il descendit et prit sa veste.



- Que se passe-t-il ? Tu es tout pâle !
- Je, non, rien. Je sors faire un tour.



Et il sortit. Intriguée, Rosalie monta dans la chambre et aperçut son journal. Elle reconnu tout de suite la page en question. Seul une petite chose avait changé, en-dessous du texte, une nouvelle inscription était désormais lisible.



Je suis désolé, mais n'oublie jamais que je t'aime.

- Zayn

Rosalie relut le texte écrit de sa main. Tous les souvenirs lui revinrent en mémoire.

- Flash Back -

"14/10/2012 _ Sur une route de Londres"

- Rooh ! Que tu es bête !
- Mais c'est pour ça que tu m'aimes !
- C'est tellement vrai ! Mais heureusement qu'il n'y a pas que pour ça !
- C'est aussi parce que je suis grand, beau, intelligent, talentueux, drôle et galant !
- Et modeste aussi !
- Mo- quoi ? Modeste ? Qu'est-ce que c'est que ce truc ? Connais pas !
- Bha oui, je vois ça !
- Rhalala !
- Tu as rai- ATTENTION !


- BAM ! -


"15/10/2012 _ Chambre d'hôpital"


Respirer, ouvrir les yeux, ne pas bouger. Analyser la situation.
Bip ! Bip ! Bip! Bip ! Bip !
Qu'est-ce que c'est que ce bruit strident et incessant ?! Calme-toi. Hôpital. Je suis dans une chambre d'hôpital et ce, sans savoir pourquoi. Il y a juste eut une crissement de pneus, un cri et puis plus rien. Un écran noir. Et voilà que je me suis réveillée ici avec un mal de crâne épouvantable et une douleur dans la poitrine.


- AMAURY !


Je me rappelais de tout désormais : l'accident. Une infirmière accourut dans ma chambre. Je me débattais, essayant d'arracher mes perfusions et criant le nom de l'homme que j'aime.


- Madame ! Calmez-vous !
- Laissez-moi le voir !
- Madame ! Vous ne pouvez pas !
- Rien ni personne ne m'empêchera de le voir !


Je me précipitais sur la porte quand je sentis une piqûre dans mon épaule. Je me retournais et vis que l'infirmière tenait une seringue. La porte s'ouvrit derrière moi et je tombai dans la bras de quelqu'un que je ne pouvait voir, endormie.


Je me réveillai plusieurs heures plus tard. J'étais de nouveau dans mon lit mais j'étais maintenant attachée par des sangles. Je n'essayai même pas de me débattre. Du peu que je pouvais j'inspectai la salle. Un jeune homme était assit sur une chaise près de mon lit. Je ne le connaissais pas. Il devait avoir à peu près mon âge et était légèrement métisse, ses yeux étaient rouges et gonflés comme s'il venait de beaucoup pleurer. Il regardait le sol et n'avait pas vu que j'étais revenue à moi. Je toussotai. Il sursauta et me regarda.


- Oh, vous êtes réveillée.


Il esquissa un faible sourire qui avait l'air tellement forcé. Je n'allais pas lui demander qui il était, je m'en fichais, je voulais juste voir Amaury.


- Où est Amaury ?
- Amaury. C'est le jeune homme qui était avec vous dans la voiture ?


Son visage s'assombrit. Comme si il craignait ma réponse pourtant plus qu'évidente.


- Oui. Où est-il ?


Le jeune homme se leva. Il avait l'air au plus mal.


- Je suis désolé, vraiment désolé.


Et il sortit, sans rien ajouter de plus, sans répondre à ma question. Or, ses derniers mots m'intriguaient, voir plus, ils me faisaient peur. Mon rythme cardiaque s'accéléra, le bip incessant suivait le mouvement. L'infirmière revint dans ma chambre précipitamment, une seringue à la main, prête à me piquer une nouvelle fois. Elle baissa son arme lorsqu'elle vit que je ne me débattais pas. Elle s'approcha et s'assit sur la chaise désormais vide.


- Pourriez-vous me détacher ?
- Pas encore.
- Pourrais-je voir Amaury dans ce cas ?
- C'est impossible.
- Pourquoi ? J'ai pas la gâle que je sache ! Je suis pas contagieuse!
- Non, vous allez bien, et miraculeusement votre bébé aussi.


Mon bébé. Je l'avais oublié celui là ! Je tentais de poser les mains sur mon ventre mais les sangles me retenaient toujours.


- Si je ne peux pas le voir, dites-moi au moins comment il va !
- Mademoiselle, votre compagnon a succombé à ses blessures.


Son ton était tellement calme et posé que je crus d'abord à une blague mais son visage était si sombre que je ne pouvais que la croire.
Le temps s'arrêta, mon visage se décomposa, je voulais hurler, frapper, tout casser autour de moi. Mais je ne pouvais faire aucun geste.
Amaury était mort. Une larme coula sur ma joue, juste une.
Que vais-je devenir sans lui ? Il était ma raison de vivre et maintenant il n'est plus là. Et ce bébé...


- Je veux avorter.
- Ce n'est pas une décision à prendre à la légère mademoiselle.
- Ma décision est toute réfléchie. Je veux avorter alors je vais avorter. Compris ?
- Bien, nous vous emmènerons en salle d'opération dans la semaine.


Elle allait partir quand je la retins.


- Et l'autre conducteur ? Comment va-t-il ?
- Il est en vie, il n'a qu'une côte brisée. Mais je pensais que vous le saviez étant donné qu'il vient de sortir de votre chambre.


Je comprenais à présent pourquoi il avait l'air au bord du gouffre. Il était responsable de la mort d'Amaury.
Non. Amaury n'étais pas mort. C'était faux. Il faisait parti de moi, je l'aurai senti ! Mais au fond de moi, je commençais à réaliser. Une partie de mon âme s'était détachée de moi et s'en était allée.. A tout jamais.
Petit à petit, les larmes coulaient sur les joues. Un cri s'échappa de ma gorge, un cri de détresse. Je me débattais tellement que je parvins à m'extirper des sangles qui me retenaient prisonnière. Je voulais partir le plus loin possible. M'échapper de ce monde. Je courus hors de ma chambre, mes pieds nus rencontrèrent le carrelage froid du couloir. J'empruntai l'escalier, ignorant la douleur dans la poitrine que m'infligeait ma côte cassée. J'arrivai sur le toit de l'hôpital. Je m'approchai du bord, m'arrêtant au plus prêt du vide. Le vent soufflait contre mon visage, comme s'il voulait me repousser à l'abri sur la terre ferme. J'avais froid, n'étant vêtue que d'une simple et légère robe de nuit. Je regardais vers le sol les voitures qui circulaient tranquillement, 15 mètres plus bas.


- Ne fais pas ça.


La voix derrière moi me fit sursauter, je vacillai mais je ne perdis pas l'équilibre.


- Qui que tu sois, mon sort ne te concerne pas.


J'entendais des sanglots. J'hésitais à me retourner pour voir qui était cette personne qui se tenait dans mon dos et que je ne pouvais voir.


- Je t'en supplie, ne fais pas ça. Je ne veux pas vivre ça.
- Qu'est-ce que ça peut bien te faire qu'une inconnue saute d'un toit ?
- Je ne veux pas que tu meurs.


La voix se rapprochait doucement, je le sentais.


- Pourquoi ça ?
- Parce que j'ai failli te tuer une fois déjà.


Rien. Je n'entendais plus rien. Je ne voyais plus rien. Seul ces mots résonnaient dans ma tête. Deux larmes coulèrent sur mes joues puis tombèrent jusqu'au pied de l'immeuble. Et lorsqu'elle s'écrasèrent sur le sol, je sautai à mon tour.

[EN PAUSE ET RÉÉCRITURE] Memories of a Lifetime. (ZM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant