Meet Marnie.

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« ... Thunder only happens when it's raining
Players only love you when they're playi-«

Je coupe le son rapidement et saute sous mes draps, feignant de dormir. Les pas se rapprochent, et bientôt ma mère entre, embaumant la pièce de son odeur de clope froide. Elle me secoue légèrement, je grogne.

« - Allez Marnie, c'est l'heure. Ce soir les vacances ! Youhou ! »
« - YoUhou ... » Je crachote.

Elle quitte ma chambre, et je me retourne pour faire face à ma méduse en papier, pendue au dessus de mon lit à baldaquin. Je sors rapidement et me déshabille. Le vent salé provenant de l'océan caresse ma peau, l'enrobe.
Je profite de l'instant aussi longtemps que je peux, et finis par passer un pantalon noir retroussé jusqu'au dessus des chevilles et un débardeur très ouvert blanc sur lequel est écrit « Pluviophile » en bleu pastel. Mon préféré. Je me maquille rapidement et coiffe tant bien que mal ma tignasse châtaigne tirant vers le roux.
Après un petit déjeuner rapide, j'enfile mes Vans, et prend mon sac.

« - YOUHOU ! » Me cris encore ma génitrice du salon.

Je pars directement vers mon lycée. Pas le temps de faire un arrêt à la plage, j'ai pris trop de retard.
Mes écouteurs dans les oreilles, Bastille à fond, je cours, le vent accompagnant chacun de mes pas.

Fin de mon dernier cours. Enfiiiiin. Je sors en compagnie de Margot lorsque Emma me rattrape.

« - Anaïs fait une énorme fête ce soir, elle a pas précisé les invités, je tape l'incruste discret. »

« - Vodka ? » Je demande sans même la regarder.

« - Une cargaison. »

Je la regarde. Elle me sourit et me fait un clin d'oeil, qu'elle ponctue d'un « A tout à l'heure ! » .

19h. Je passe une paire de talons noirs et un body tout aussi sombre. Je me mêlerai plus facilement à la foule de cette façon, donc accès plus rapide à ma boisson.
Heureusement que ma mère est cool, je pense qu'elle était bien plus excitée que moi par cette soirée. Honnêtement, je m'en contre-fou, mais Marnie ne crache pas sur la Vodka. Jamais.

Le bruit est assourdissant. Tss, tu veux réveiller la planète entière Anaïs ? En plus c'est quand même de la musique de merde. Je crois du Kendjimachintruc de je sais pas trop de chanteur français. Urg.
Je me dirige vers le buffet et me saisit d'une bouteille, et bois une gorgée au goulot. Un type me regarde bizarrement.

« - Un problème ? »

Il me fixe, ne répond pas et se contente de s'en aller.
C'est bien, énerve pas Bibi.
Je trouve le reste des 18 bouteilles sous la table. Hé hé ! J'en prend trois, appelle Emma tant bien que mal, qui en attrape quatre.
On sort aussi discrètement que possible, et tombons nez à nez avec une ambulance.
What the fuck, déjà des comas hityliques ?
J'aperçois une fille aux cheveux longs gris allongée sur une civière, pâle, ayant presque l'air morte.
Putain, elle est jolie !
Un ambulancier nous toise.

« - On bouge. » Je lance à la brune à mes côtés.

Et on détale comme des lapins.

23h. Emma et moi rentrons discrètement chez moi, elle me laisse deux de ses bouteilles.

« - T'es sure que tu veux pas y retourner ? » Me demande-t-elle en finissant de planquer une bouteille derrière un amas de livres.

« - Nah. Trop de monde. 'Préfère les petits comités. »

Je la raccompagne à la porte, me fait un signe de la main et s'en va.
Le silence tombe soudainement. Mes épaules se relâchent et je soupire. Je retire mes talons et savoure la sensation du parquet froid sous mes pieds.
Je me dirige vers le frigo et saisit du chocolat. La quantité de fruits et légumes me met l'eau à la bouche. J'envoie un sms à Alex, ma Biatch Soumise.
Vodka ?
Il répond quelque minute après.
Pas de Rhum ?
Je grogne.
Tss. Okay.
Il pourrait pas préférer la Vodka nah ?
A tout de suite <3

Ouais, ouais c'est ça. Je monte les marches cèdre menant à ma chambre à pas de loup. Je passe sans jeter un regard au bureau adjacent et entre dans mon antre. Le rideau vole tranquillement, et je peux apercevoir à intermittence les rayons de lune se reflétant sur les vaguelettes noires d'encre. Mon corps est soudainement légé. Je me sens comme si je planais. L'odeur du sel marin emplit mes narines, et le vent assèche mes lèvres. Un frisson remonte le long de mon échine et tout mon être devient sensible. J'esquisse un sourire et murmure de vieilles paroles, nostalgiques.

« You can't run, nowhere.
'Cause of this labyrinth, you're not able to breath.
It's not tragic, come on.
It's your only home. »

Traine pas.

Je passe rapidement un pull oversize bleu pastel et remet mes vans. Je bouge en silence mes piles de livres et en dégage une bouteille de Vodka petit forma que je fourre dans mon sac. J'attrape ma chaise, grimpe et réussit à atteindre le haut de ma bibliothèque en me mettant sur la pointe des pieds. La bouteille de Rhum en mains, je la place à la suite dans mon sac et sors.

« There's a hole, in my soul
I can feel it, I can feel it
There's a hole, in you-«

Alex me chope un écouteur et le plante dans son oreille. Ses yeux disent « Encore Bastille mon Dieu tu es un cas perdu » . Il porte la bouteille de Rhum à ses lèvres, rosées. Une goutte s'échappe et roule gracieusement le long de son menton. Ses longs cils papillonnent, laissant paraître des yeux verts pastels.

« - Tu devrais arrêter de fixer les gens comme ça, c'est ce qui les met mal à l'aise. »

« - Tu sais très bien que j'aime la beauté. »

Un sourire se dessine sur son visage, rehaussant ses pommettes rosées par l'alcool. Ses tâches de rousseur ont l'air de grains de sable caressant sa peau.

« - Merci pour le compliment. »

Ses cheveux roux ondulent sous la brise océanique. La nuit rend ses mèches comme des ombres, dansantes à la lumière lointaine d'un lampadaire.

« - Tu es beau, physiquement. Je n'ai pas dis que tu étais une belle personne. »

« - Mais tu le penses. »

Je ris. Mes cheveux s'envolent et du sable vient se coller à mon cou. Je n'ai pas froid, l'alcool se répandant dans ma gorge puis dans mon corps me réchauffe.
le « ding » de mon téléphone me fait légèrement sursauter.
Ah, June.
Salut ! Dis demain je sors avec des amis, ça te dit de venir ?
Mon estomac se serre un peu. J'aime pas trop rencontrer des jeunes de mon âge. Je suis sociable, le soucis c'est que ça me stresse. J'ai toujours la sensation que je vas me faire rejeter.
Je mordille ma lèvre inférieure
.
« - Qu'est-ce qui se passe ? » La voix grave d'Alex vrille bizarrement mes oreilles. Putain, il me connait trop bien.

« - Rien, du stresse de mes deux. »

Il m'ébouriffe les cheveux. Hein ? Pourquoi c'est rêche comme ça ? Le temps que l'info monte à mon cerveau, j'envois un ok à June et cours après ce foutu rouquin sur la plage, une tonne de sable dans les cheveux ! Bordel Alex, on voit que t'es pas une fille !

MarnieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant