Chapitre 3 : Nos chemins se séparent

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Le temps s'est écoulé doucement, et une journée entière est passée. Cæru n'a pas ouvert l'œil depuis, surveillé de près par un Astarion préoccupé. Les événements de la nuit dernière lui reviennent sans cesse à l'esprit, se demandant si ce félidé est bel et bien un vampire. Il a beau se poser cette question, il en connait la réponse : c'est impossible. Un rejeton caché ? Il serait au courant le premier. Une espèce apparentée à la sienne ? C'est plausible. Il n'obtiendra pas de réponse d'un muet, si tenté que ce dernier lui dit la vérité. Tout porte à croire que Cæru a plus d'un tour dans son sac, tout comme lui, et c'est bien cela qui l'inquiète. Jouer les faibles pour attirer le prédateur mais au final, le chasseur devient le chassé.

Il dépose ses doigts sur la morsure, encore fraîche, et frissonne en la touchant. Cæru devait vraiment être ailleurs pour ne pas remarquer la cicatrice sur sa nuque, la remplaçant par sa propre oeuvre. Il ricane, se moquant de lui même, pour avoir été aussi naïf. Depuis quand tendait-il la nuque sagement ? Depuis quand n'avait-il pas été aussi proche de quelqu'un ? Sa dernière étreinte, la dernière fois qu'une chaleur s'est mêlé à la sienne, son cœur en est ressorti dévasté. Perdre la personne que l'on aime, cela brise un cœur, mais se faire rejeter pour un autre, c'est un coup de poignard dans le dos. Astarion en garde un goût amer dans la bouche. Une trahison qui lui a coûté plus qu'un simple cœur brisé, remettant en question l'homme qu'il était devenu pour elle. Remettant en question chaque secondes passées à ses côtés, chaque étreintes, chaque baisers. Cela lui avait retourné l'esprit pendant quelques décennies et jamais il n'avait fait de pas en arrière pour savoir. À quoi bon ? La réponse lui aurait déplut et cela n'aurait pas changé son état.

Secouant la tête pour chasser ces mauvais souvenirs il soupire une énième fois, regardant le soleil se coucher. À quand remonte son dernier bain de lumière ? Il avait eu la chance d'y goûter après ces deux siècles de cavale. La chaleur sur sa peau, la luminosité aveuglante des rayons. Il donnerait plus qu'il ne possède pour jouir de nouveau d'un tel délice. À contrario, il apprécie la compagnie d'un bon feu. Cela ne remplacera jamais le soleil mais cela lui apporte une chaleur tout aussi savoureuse. Un soleil chaud et doux, c'est si appréciable en printemps. Avait-il fait le bon choix de renoncer à une vie de pouvoir pour une de misère ? L'amour fait faire bien des choses, notamment les plus stupides. Stupide, il l'était, et l'est sans doute toujours, mais il est plus lucide.

Justement, quand on parle du loup, Cæru se réveille de son profond sommeil, le corps groggy et la tête en vrac.

- Et bien, le sommeil fut plus que réparateur. Il n'est pas près du feu comme l'aurait pensé Cæru mais à ses côtés. Sans pour autant franchir sa bulle d'intimité, Astarion est assis proche de lui, le regard rivé sur les flammes.

Le félidé grimace en se mettant en position assise, son corps tout entier endoloris par une position peu confortable. Il comprend vite, en regardant le tas de branche et la montagne de cendre, qu'il n'a pas seulement dormis quelques heures. Il s'est littéralement effondré sur Astarion après l'avoir mordu. Il se rappelle de ce moment dans les moindres détails et son corps réagit dans la foulée, rougissant à vive allure. Il met immédiatement ses mains à sa bouche, mais ses canines ont retrouvées une taille correct. Il regarde alors son compagnon, focalisant son regard sur sa nuque là où trône sa marque. Mise à part une coloration immédiate de ses joues il ne ressent pas l'envie de se jeter sur lui. Il n'entend plus le bruit de son sang dans ses veines, juste le calme de la nuit et le crépitement des flammes.

- Alors, ai-je mauvais goût ? Astarion tourne la tête, essayant de faire la conversation sans réelle intention de vouloir engager quelque chose, sachant que pour seule réponse il obtiendra un silence de mort.

Cæru le regarde intensément dans les yeux, essayant par tous les moyens de déceler quelque chose, comme un inconfort ou peu importe, il veut simplement comprendre ses émotions. Mais l'elfe ne laisse rien transparaître, ni par son regard, ni par ses gestes. Il a un contrôle total sur lui-même et cela laisse Cæru sans voix, en quelque sorte.

La chaleur d'un vampireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant