C'est comme si le temps s'était arrêté, car aucun des trois n'osent dire un mot depuis de longues et interminables secondes. Ils sont attablés autour du plan de travail qui sert de table d'appoint, une tasse fumante servie devant eux. Daïria ne semble pas surprise par les événements, prenant simplement soin de la théière fumante tandis que Cæru regarde Astarion du coin de l'œil. Ce dernier est impassible, comme toujours, avec pour seul défaut son rictus peint sur les lèvres. Cela ne l'empêche pas de boire une gorgée de thé au miel, ses yeux rivés sur un félidé rougissant.
- Vous auriez dû me dire que vous aviez de la compagnie. Elle s'installe en face d'eux, les sourcils froncés mais le sourire bien présent. Je ne suis pas de ceux qui critiquent les fréquentations des autres. Elle prend une gorgée et exprime son ravissement bruyamment. AH ! Elle claque la tasse férocement. En tout cas, plutôt que de faire entrer ce charmant jeune homme en douce, vous auriez pu l'inviter dignement.
- Vous avez bien raison. Astarion profite de la situation, riant sous cape. Cela m'aurait évité d'user de mes capacités de sournoiserie. Cæru tourne sa tête vivement, une légère veine faisant son apparition sur son front.
- Oh oh, vous êtes un farceur, commence t-elle en se penchant sur la table, j'aime ça.
- Vous êtes bien aimable. Sourit Astarion, croisant ses jambes élégamment. Je dirais même que votre charme n'est d'égale votre rondeur.
Daïria rit fortement, plus que comblée et charmée par les pitreries d'un Astarion bien doué de sa langue. Cæru ne dit rien, les regardant se courtiser sous son nez. Il pourrait allègrement les ignorer l'un comme l'autre, mais il ne peut empêcher son regard de divaguer. Les voir se rapprocher, quand bien même est-ce par pur cordialité, ne l'enchante guère.
- Vous semblez bien vous entendre. Dit-il en regardant Astarion droit dans les yeux, un sourcil levé.
- Voyons, ne vous méprenez pas. Commence l'aubergiste en souriant grandement. Votre homme est simplement d'une grande délicatesse.
- Mon homme ? S'étrangle Cæru, avalant une gorgée de travers. Astarion lui tapote le dos, toujours habillé de ce sourire narquois.
- N'est-ce pas là la relation qui vous unie ? Demande Daïria, la tête penchée, en attente d'une réponse.
Les deux hommes se regardent, les yeux dans les yeux, avec une incompréhension totale. Ce sentiment est nouveau pour le félidé, mais beaucoup trop familier au goût de l'elfe. Il fait claquer sa langue sans s'en rendre compte, détournant le regard pour reprendre sa tasse. Cæru prend ce geste à tord. Peut-être est-il allé trop vite en besogne, mais dans son esprit s'est tout aussi embrumé que dans celui de Astarion.
- Je dirais que nous sommes... Commence le félidé en regardant son reflet dans la tasse.
- Compagnons. Termine Astarion en souriant à Daïria.
Un petit silence se suit où une légère atmosphère d'inconfort s'est installée. La jeune femme se frotte la nuque, ressentant le malaise entre les deux hommes.
- Il se fait tard. Dit-elle en regardant l'horloge, ne sachant pas quoi dire de plus.
Elle débarrasse la table et nettoie le plan de travail. Astarion et Cæru ne se regardent plus, n'échangeant même pas un seul regard. Daïria avale bruyamment sa salive. C'est rare pour elle d'avoir une telle froideur dans l'air, elle qui a l'habitude d'apporter sa gaîté partout où elle passe.
- Cela vous convient si vous faites compagnons de chambrette pour la nuit ?
Deux têtes se lèvent comme un seul homme, regardant la jeune femme, avant de se regarder eux. Leurs yeux s'accrochent et la gêne prend place entre eux. Le félidé rougit, ses joues prenant feu, tandis qu'Astarion se met à tousser.
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La chaleur d'un vampire
VampireIl n'y a pas plus effrayant que l'inconnu, encore plus quand vous ne connaissez absolument rien au monde qui vous entoure. Cæru, qui n'est jamais allé plus loin que les frontières de son clan, aspire à une vie libre de toutes contraintes. En chemin...