Troisième Partie : Sombre réalité

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Tout était noir, et puis blanc. Embrumées par la panique étaient d'infinies pensées de désespoir parcourant mon cerveau alors que je louchais sur les deux silhouettes s'abaissant sur moi, un brillant reflet de métal aux dents de scie dans chaque main. Déni, frustration et absolue terreur me poussèrent à tenter de m'échapper - mais c'était futile ; le lisse acier de la table d'examen refusait de me laisser fuir. Non, suppliai-je intérieurement. Ce n'était absolument pas en train d'arriver... pas encore.

- Maman, Papa, non !

Les lèvres de la large forme s'étirèrent en un sourire. Ce sourire se mua en un rire profond et chaleureux, faisant distraitement tournoyer la lame crantée entre ses doigts. Il ne voulait pas faire ça. Il ne savait pas. Il était inconscient de ce qu'ils s'apprêtaient à faire - ils l'étaient tous deux, n'est-ce pas ?

- C'est moi ! Je suis votre fils, D-

- Hah !

La plus petite des deux formes tourna ses rutilants yeux rouges vers moi. Un désir pour quelque chose de beaucoup plus torturant et lent que ce que j'anticipais tordit ses traits calmes. Gloussant sans joie, sa lèvre supérieure se tordit en un cruel ricanement.

- Et ?

Alors que cette simple monosyllabique réponse envoya le monde entier s'écraser et se consumer en un infini chaos, elle leva le bras. Meurtre et torture s'écoulèrent de l'écœurant sourire s'étirant sur leurs deux visages, et il n'y avait rien que je puisse faire.

L'éclat du métal m'aveugla momentanément. Maman et Papa commencèrent à lentement me tailler en morceaux-

Je m'éveillai en un cri étranglé.

Me relevant d'un coup, la première chose que mon corps enregistra - à l'exception de mon cœur battant la chamade, lequel se crispa et me monta aux lèvres - fut un combat perdu d'avance contre la gravité. Vacillant et titubant un instant en poussant un petit cri, je tentai vivement, mais vainement d'agripper la surface sous moi avant de rouler sur le côté. J'atterris sur une dure surface au moins un demi-mètre plus bas d'où j'étais précédemment étendu avec un fort bang.

- Agghhoooww..

Un gémissement étouffé s'échappa de ma gorge à travers une panoplie de profondes inspirations à la recherche d'oxygène, mon corps entier endolori.

- Quoi...

Serrant les dents et gardant les paupières fortement fermées, je ne fis aucune tentative de bouger de l'inconfortable et embarrassante position dans laquelle j'avais atterri. Chaque centimètre de mon crâne pulsait, brûlait et me donnait l'impression que quelqu'un le frappait avec un marteau piqueur alors que tout le reste de mon corps était aussi éprouvé qu'il l'aurait été si j'avais été frappé par un semi-remorque. Les persistants éclats du cauchemar s'agrippaient toujours à l'arrière de mon crâne comme de faibles chuchotis, les résidus de ce petit éclat d'adrénaline étant tout ce qui en restait. Je pus sentir un frisson me parcourir la nuque et le cou.

Me débattant pour l'ignorer à l'instant, je demeurai seulement où j'étais tombé un moment, essayant de m'ajuster à la douleur et permettant aux résidus du rêve de considérablement se flétrir. Un rêve, pensai-je. C'était seulement un rêve.

Ce n'est pas réel, me dis-je alors que je gardais les yeux fermés, luttant pour me ressaisir, calmer ma respiration et les battements affolés de mon cœur. Juste un rêve. Pas réel.

Attends - battements de cœur ?

J'ouvris difficilement mes yeux embrouillés par la clarté des lumières intérieures percutant ma vision. Clignant quelques fois, je parcourus mon environnement immédiat des yeux. Les sombres moulures brunes d'une table de salon en bois se dressèrent devant mon visage, l'une de ses pattes tout près de mon nez. À ce moment, je remarquai aussi le doux tapis pressé contre ma joue. Je levai les yeux, voyant le bas d'un long et pâle sofa.

Rat de laboratoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant