Chapitre un.

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Colin Bridgerton n'avait jamais été du genre à rester toujours au même endroit. L'ennui était une sensation bien trop familière pour lui, et depuis toujours, il s'était efforcé de combler ce vide en lui. Puisque oui, l'ennui s'apparentait selon lui au vide, à un creux béant, là, tout près de son palpitant. L'expression de son visage était pourtant le plus souvent ornée d'un joli sourire qui le caractérisait, et quelle antithèse était-ce quand on connaissait ses pensées désordonnées. Il n'était pas fier de lui, il était loin de l'être. Il se sentait toujours assez seul alors qu'il était on-ne-peut-plus entouré, et il le savait très bien. Peut-être était-ce le manque de son père qui lui montait à la tête, de plus en plus, chaque année.

Edmund Bridgerton avait été un exemple pour beaucoup, mais surtout pour ses enfants. Les plus jeunes n'avaient malheureusement pas ou très peu de souvenirs de lui, mais les autres, ceux qui avaient eu la chance de grandir un peu à ses côtés, en possédaient, et peut-être même trop.

Chaque fois qu'il se tenait debout dans la demeure où il avait grandi, il ne pouvait s'empêcher d'être mélancolique. Et en cet instant précis, il l'était. Revenu depuis peu à Londres suite à l'un de ses voyages répétés, il se tenait droit comme un « i », contemplant le tableau de son paternel.

──── Mon fils, vous êtes déjà là ! Nous ne vous attendions pas si tôt, entendit-il alors qu'il relevait les yeux pour apercevoir Violet Bridgerton vêtue d'une jolie soie bleue se rapprocher de lui.

Il ne put s'empêcher de sourire en voyant sa mère se pointer devant lui avant de l'entraîner dans une étreinte sans lui laisser le moindre choix. Son rire retentit dans le grand hall de la demeure familiale de Londres. Il se sentit déjà un peu plus heureux.

──── Mère, je suis trop jeune pour mourir étouffé, souffla-t-il difficilement en grand comédien qu'il était.

──── Je n'ai donc plus le droit de vous serrer contre moi ? Cela fait des mois que vous êtes partis, enfin !

──── Et désormais, vous m'aurez auprès de vous durant des mois, n'est-ce pas un merveilleux compromis ? Sourit-il, se dédouanant de toute rancœur.

──── Vous n'êtes pas croyable. Votre humour m'avait manqué. Vous êtes rentré depuis quand ? Et surtout, je vois que vous êtes déjà prêt pour la soirée de ce soir.

──── C'est vous qui m'avez le plus manqué, vous le savez bien. Je suis rentré depuis quelques heures, j'ai à peine eu le temps de m'installer dans mon appartement londonien, s'enquit-il de dire alors que sa mère, indignée, lui frappa l'épaule avec son éventail, ce qui le fit rire avant de prononcer : Lady Danbury m'a envoyé une invitation alors oui, j'ai été mis au courant dès mon arrivée à Londres.

──── Je suis étonnée que Lady Danbury ait été si vite informée de votre retour... avant moi, c'est injuste !

──── Je suppose que mon attelage a été aperçu aussitôt mon arrivée, les yeux sont partout ici, ne l'oubliez pas.

Colin fut interrompu dans son monologue quand une de ses sœurs apparut devant eux. C'était Éloïse, et même si cela l'énervait de l'avouer, il fut très heureux de la revoir. Aussi agaçante, et sans gêne était-elle !

──── Oh non, puis-je regagner ma chambre ? Je n'ai soudain plus tellement envie d'aller à cette soirée, prononça Éloïse sans quitter son frère des yeux.

──── Avais-tu même envie d'y aller, à la base ? Rétorqua-t-il en lui souriant.

──── Tu marques un point, lâcha-t-elle en s'approchant assez pour lui frotter le dos en guise de salutations, ce qui était déjà un sacré effort venant d'elle.

L'Incomparable de son cœur | BRIDGERTON Où les histoires vivent. Découvrez maintenant