Ce qui était censé n'être qu'un échappatoire face au désintérêt de sa famille s'était transformé en bien pire scénario. Après être sortie pour fuir le plus loin possible sa demeure et les êtres qui s'y trouvaient, Pénélope Featherington s'était retrouvée face à la dernière personne qu'elle souhaitait croiser, et lui, semblait enfin comprendre la raison de tous ses silences. Mais, il restait muet. Et cela, c'était impardonnable aux yeux de la demoiselle aux cheveux couleur coucher de soleil. Était-ce si compliqué pour lui de prononcer de simples excuses ? Cela ne pardonnerait pas tout, mais tout de même, cela aurait peut-être permis à Pénélope d'enfin ne plus penser à ce jour où celui qu'elle considérait plus que n'importe qui avait brisé son cœur. Et puis, alors qu'elle s'apprêtait à dire les mots qui s'apparentaient à ses pensées, elle le vit faire un pas vers elle.
Ses traits étaient tirés. Les cernes apparentes sous ses yeux lui donnaient un air foncièrement épuisé, et elle ne put s'empêcher de s'inquiéter pour lui. Elle s'en voulut, évidemment. Lèvres entrouvertes et sourcils froncés, il semblait chercher ses mots parmi les maux qui s'étaient brouillés en lui. Pénélope le trouvait tellement séduisant.
──── Je ne savais pas que vous étiez là, sinon je... tenta-t-il soudainement.
──── Laissez-moi deviner, si vous aviez su que j'étais non loin, vous auriez prêté mes louanges à ces gentlemen ?
──── Vous avez entendu tous les mots que nous avons échangés ?
──── Peu m'importe les mots que ces messieurs ont prononcé, ce sont les vôtres qui m'ont froissé.
Un long soupir s'échappait des lèvres du brun alors que ses yeux verts scrutaient le visage de son ancienne amie, qui semblait piquée au vif. Il était évident qu'il l'avait blessé à tel point qu'elle ne désirait plus être aperçue près de lui, et encore moins dans une rue londonienne où toute la ville pourrait les voir, ou pire encore ; les entendre. Pénélope jeta un regard discret vers Anne, sa camériste, qui regarda aussitôt en l'air, laissant croire qu'elle ne les écoutait pas. Elle savait très bien que c'était faux, et que celle-ci avait sans aucun doute entendu l'entièreté de leur conversation. Cela l'agaçait au plus haut point. Pourquoi devrait-elle toujours être chaperonnée maintenant qu'elle était considérée comme une vieille fille ? Elle ne portait même plus de carnet de bal, et tous savaient qu'elle finirait sa vie seule. Même si Anne n'était pas un chaperon à proprement parlé, elle savait qu'elle était considérée comme tel par Portia Featherington puisqu'elle devait toujours la suivre absolument partout.
──── Je suppose que je devrais vous remercier, prononça-t-elle en s'étonnant elle-même.
──── Que voulez-vous dire ?
──── Vous ne devez pas le savoir, je suis persuadée que vous n'avez rien remarqué hier soir.
──── Aurais-je dû remarquer quelque chose ?
──── Je ne suis plus forcée d'avoir un carnet de bal à mon poignet.
Étrangement, prononcer ces mots ôta un poids conséquent des épaules de Pénélope. C'était la stricte vérité qui s'échappait d'entre ses lippes. La vérité nue.
Colin semblait ailleurs alors qu'il entendait ces mots. Elle le vit cligner plusieurs fois des paupières, comme s'il vérifiait qu'il ne rêvait pas.
──── Vous... vous n'êtes plus une Débutante ?
──── Il y a longtemps que je ne le suis plus. Je ne suis plus une Demoiselle, surtout. Ma main n'est plus à prendre.
──── Vous êtes-vous fiancée en mon absence ?
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L'Incomparable de son cœur | BRIDGERTON
FanfictionC'était un vendredi. Aussi rare était-ce pour Colin Bridgerton de s'en souvenir puisqu'il n'était d'habitude pas soucieux des dates sans réel intérêt ou signification. Mais ce jour-là, il se le remémorerait à jamais malgré lui, éperdument. Car ce...