L'amour avec un grand "S" 〚Sans alter/Vie réelle〛〚Tododeku〛

Chapitre 1 : Comme un fleuve agité

Un jour de plus dans ma vie en dents de scie. Cette même rengaine d'amour, de passion, de culpabilité et de tristesse sera au rendez-vous une fois de plus. Et puis, histoire d'en rajouter une couche, Hitoshi est parti en voyage d'affaire pour quarante-huit heures.

Me retrouvant seul dans notre grand appartement silencieux, cette situation a pour effet de m'angoisser plus que je ne voudrais me l'avouer. Cette sensation qui arrive sans crier gare, venant du plus profond de mon être, me paralyse presque sur place. Ne souhaitant pas lui donner plus d'attention qu'elle n'en mérite, je sors en trombe sur la grande terrasse attenante à notre lieu de vie.

J'inspire et j'expire cet air frais qui se faufile jusqu'à mes poumons, et je sens ce sentiment de renouveau s'emparer de mon corps ainsi que de mon esprit contre lequel je me bats continuellement, avec une force plus ou moins puissante.

Dès mon plus jeune âge, j'ai fait face à de nombreux problèmes familiaux. Ma confiance en moi, envers les autres et en ce monde ont été fortement ébranlées. Puis j'ai connu Hitoshi à un moment pas forcément glorieux de mon existence. Entre nous, c'était une histoire d'amitié, il m'a tendu la main et je l'ai attrapée pour ne plus la lâcher.

Malheureusement, il était mal vu par mon groupe d'amis de l'époque, nous faisions donc en sorte de se retrouver en catimini. En y repensant, ce n'était pas l'idée du siècle car dès que cela se passait mal, les seuls vers qui je pouvais me tourner étaient mes deux meilleurs amis, qui étaient présents à tout moment pour moi.

Puis, finalement ce qui devait arriver, arriva. Nous nous sommes embrassés pour la première fois sous ce réverbère clignotant devant la porte de mon immeuble. Alors celui qui faisait battre mon cœur depuis quelque temps déjà, m'a immédiatement proposé de transformer notre relation amicale en relation amoureuse. La délicieuse sensation de ces papillons dans mon ventre face à ses quelques mots ont bien entendu influencé ma réponse positive.

Cependant, il reste toujours cette douce nostalgie qui réside en moi. Car j'ai certes obtenu Hitoshi mais c'était au détriment d'Ochacco et Tenya. Je me questionne souvent sur ce qu'ils sont devenus, quels emplois ils occupent ou bien encore comment est-ce qu'ils vont. Évidemment, il m'arrive de temps à autre de ressentir ce regret de les avoir perdus de vue à cause de ma décision de mettre mon compagnon au premier plan dans ma vie personnelle et professionnelle. Mais comment j'aurais pu résister au fait qu'il m'apportait exactement tout ce dont j'avais besoin. Je me sentais aimé comme si j'étais le plus précieux des diamants, en sécurité comme un trésor dans un coffre fort. En d'autres termes, j'avais tout ce que j'ai jamais pu recevoir affectueusement et c'est pour cette unique raison qu'il a été prioritaire pour toutes les décisions que j'ai pu prendre.

Je ne pouvais pas, plutôt je refusais de prendre le moindre risque pouvant l'éloigner de moi. C'est ma bouée de sauvetage et si je tente de nager par moi-même, je coule tout simplement.

Mais malheureusement, sans m'en rendre compte et surtout à force de croire que je suis fort mentalement et que je suis paré à tout endurer, mon corps et mon esprit m'ont littéralement lâchés, il y a quatres années de ça. Ce qui a déclenché tout ce raz de marée en moi ? Ma propre mère qui ne souhaitait plus être en accord avec ma relation amoureuse envers une personne du même genre que moi. Du jour au lendemain, je n'ai plus eu aucune nouvelle. J'en ai été tellement détruit que pendant ce qui m'a paru une éternité mais qui au final étaient quelques jours, je suis passé par tous les états possibles. Mes nerfs sont arrivés à leur point de rupture, et les tremblements ont pris possession de mon corps invisiblement meurtri, à n'en plus finir.

Hitoshi ? Il a juste été immensément adorable à ce moment-là, me soutenant du mieux possible même si je voyais au plus profond de son regard, qu'il était complètement désemparé et je ne peux que le comprendre car je l'étais tout autant que lui.