Chapitre 10 ; Un spectacle ?

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Lorsque tous les élèves sont installés, je prends le temps de les détailler. Tous semblent relativement passifs. 
Le cours est mixte. Je pose mes yeux sur des fées, des chamans et probablement d'autres surnaturels, non identifiables à l'œil nu. J'en déduis que tous ceux qui ne portent pas d'uniforme sont des loups ou sont plus ou moins rebelles. De l'autre côté de la salle, je retrouve la fée que j'ai percutée dans le couloir. Elle ne discute avec personne et garde la tête baissée, comme si elle évitait de croiser le regard des autres.

Tous sont présents, sauf le professeur, qui n'a laissé aucun mot nulle part, ni sur le tableau en craie noire, ni sur son bureau. 

En attendant sa venue, j'examine la salle. Elle est immense. À ma gauche, suspendu au plafond, un gigantesque squelette de ce qui semble être un loup est retenu par des fils et positionné d'une telle façon qu'il paraît prêt à attaquer. À ma droite, une longue et haute serre repose sur une table en bois massif. Des papillons multicolores virevoltent à l'intérieur, se posant parfois sur les statuts ou les plantes qui ornent leur habitat. D'immenses fenêtres filtrent la lumière du jour et forment des dessins illuminés sur le sol. Et au milieu de la salle, des tables sont alignées les unes derrière les autres. 

Je prends le temps de scruter les visages, les réactions, mais à mesure du temps qui passe, personne ne bouge. Et toujours aucune trace de notre professeur. Quand soudainement, se dressant de toute sa hauteur, un garçon se met debout sur sa table, fier comme un coq. Il porte un pantalon aux motifs militaires et un tee-shirt gris foncé. Probablement un loup, puisqu'il n'a pas d'uniforme. À quoi joue-t-il ? Autour de lui, ses amis ont un sourire goguenard fixé sur le visage. Selon moi, ils ne s'attendaient pas à cette intervention. 

— Prêts à vous amuser un peu ? s'écrie le garçon. 

Un cri d'approbation lui répond. Tous se lèvent, et chacun plaque sa table et sa chaise contre les extrémités de la salle de classe, en évitant avec soin d'abîmer la serre ou le squelette. Le responsable de ce déménagement, lui, reste perché sur sa table au milieu de l'allée. 

Devant moi, une tête familière apparaît. La fée que j'ai bousculée tout à l'heure tire ma table sur le côté et me fait lever de ma chaise, qui rejoint le reste du matériel. Elle me tire ensuite par le bras et me dirige vers un des groupes qui s'est formé. En effet, deux camps se sont réunis de part et d'autre et se font face. 

— Prête pour un petit spectacle ? me murmure la fée. 

— Un spectacle ? C'est à ça que je suis censée m'attendre en entrant dans un lycée de surnaturels ? murmuré-je un peu plus fort qu'elle, les yeux écarquillés.

— Toi, tu es nouvelle dans notre monde, réplique-t-elle, amusée. Ce sera un spectacle à notre manière. 

Je soupire et observe le garçon descendre de son juchoir pour s'avancer entre les deux groupes.

— Scarlett, mais tu peux m'appeler Scar, murmure-t-elle toujours.

— C'est seulement maintenant que tu te présentes ? Après t'être incrustée dans le dortoir des loups, m'avoir traitée de sac à puces, et m'avoir tirée au milieu de ce qui ressemble à une déclaration de guerre entre élèves ?! 

Elle pousse un petit rire. 

— Tu n'es pas commode comme toutou. 

— Je ne suis pas un...

— Silence ! hurle l'organisateur de ce « spectacle ». 

L'assemblée se tait. 

— Blanche, murmuré-je à l'oreille de Scarlett. 

Elle me fait un signe de tête pour me stipuler qu'elle a compris, mais plaque son doigt sur sa bouche pour me dire de me taire. Je hausse les sourcils, prête à répondre, lorsque le garçon prend de nouveau la parole. Je n'imaginais sûrement pas cela en rejoignant le cours de contrôle de la métamorphose et des pouvoirs surnaturels. 

— En attendant le prof, vous connaissez le rituel.

Un cri d'enthousiasme s'élève des deux camps. 

— Qui veut commencer ? 

Commencer, quoi ? 

De notre côté, une fille s'avance. En face, un garçon fait quelques pas. Tous les deux s'arrêtent à une certaine distance de l'adolescent au tee-shirt gris. Il observe les opposants et hausse la voix pour s'adresser à l'assemblée.

— Voyons voir à quel genre de combattants nous avons affaire ! 

— De combattants ? murmuré-je à Scar. C'est ça, un spectacle à votre manière ?!

Elle hoche la tête et sourit, comme si le simple fait que je sois étonnée par la scène soit hilarant. 

— Une louve, dit la fille au milieu de la salle.

— Un magicien, répond le garçon qui lui fait face.

— Que le combat commence ! s'écrie le responsable de cet affrontement. 

La fille tente de se transformer, avant de se faire éjecter par un éclair magique qui la propulse contre le mur derrière nous. 

Cette journée risque d'être longue.

Rosa Bianca è Luna Où les histoires vivent. Découvrez maintenant