Chapitre un

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Cela fait dix minutes que je suis plantée au début de l'allée qui mène au bâtiment principal de l'université. Je me fais bousculer quelques fois, mais ça m'importe peu. Je fixe le bâtiment fait de briques rouges. L'université d'Arizona du Nord est vraiment plus belle que celle de Phoenix. Celle-ci est à l'exact opposé avec ses bâtiments neufs. Celle de Flagstaff a gardé ses anciennes bâtisses qui font tout son charme.

            Ce n'est pas pour une question de goût sur les locaux que je suis venue faire mes études à Flagstaff. À presque dix-neuf ans, j'avais besoin d'indépendance. Je ressentais la nécessité de m'éloigner de ma famille. Ils me manquent, je ne dirais pas le contraire.

            Je suis partie pour grandir, devenir adulte. J'en ressentais le besoin. On m'a souvent répété qu'il était temps que j'arrête d'agir comme une enfant et que je prenne mes responsabilités. C'est ce que je compte faire en vivant ici. Je veux leur prouver que je sais m'en sortir sans eux.

            Je me décide finalement à avancer pour entrer dans l'université. D'ici à ce que je trouve ma salle de classe, je risque d'arriver en retard. J'aimerais bien ne pas me faire remarquer dès le premier jour.

            Megan m'a abandonné dès que nous sommes arrivées sur le parking. Elle était trop excitée pour attendre. Elle a pris option arts alors que j'ai pris communication visuelle. La publicité m'intéresse depuis plusieurs années déjà. Je trouve ça fascinant le fait de partir d'un simple produit et de créer un univers tout autour. Il y a toute la place possible pour l'imagination.

            Après avoir tourné en rond pendant quelques minutes, je trouve la salle qui m'intéresse. La porte est encore ouverte et un brouhaha se fait entendre, m'indiquant que cela n'a pas encore commencé. Je me trouve une place vers le fond. J'espère réussir à m'intégrer facilement. Bien que je sois là pour obtenir ma licence dans quatre ans, c'est toujours mieux s'il y a une bonne entente et de l'entraide.

            J'observe les personnes se trouvant dans la classe. Certains ont l'air de déjà se connaître alors que d'autres sont seuls, comme moi. Ils attendent simplement que le temps passe. Une voix masculine me sort de ma rêverie.

            — La place est libre ?

            Je relève les yeux vers cette personne. Je hoche timidement la tête en reconnaissant ces iris bleues. Il affiche un grand sourire tout en me remerciant. Je détourne rapidement les yeux tant je suis gênée. Je ne sais même pas pourquoi. C'est ma nature. Je cherche quelque chose à faire pour éviter de le regarder. Je ne trouve rien de mieux que de jouer avec les pointes de mes cheveux.

            — Ils sont beaux.

            — Pardon ? lui demandé-je dans l'incompréhension.

            — Tes cheveux, ricane-t-il.

            — Oh, merci.

            Je me sens rougir. Pourtant, ce n'est pas la première fois que quelqu'un me dit que j'ai de beaux cheveux. Tout le monde dit que je suis rousse. J'ai plutôt tendance à dire que c'est une couleur naturellement caramel. Ils ne sont pas aussi vifs que le roux. Mes cheveux ajoutés à la couleur ambrée de mes yeux accrochent beaucoup de regards. C'est assez dérangeant quelques fois.

            Je me surprends à l'observer alors qu'il discute avec la personne devant nous. Il a une petite barbe qui lui va parfaitement bien. Dire que je n'ai jamais aimé les hommes avec de la barbe... Les souvenirs d'enfance avec tous ces adultes qui font des bisous alors que leur barbe pique y sont certainement pour quelque chose. Sur lui, j'aime assez.

A la folie...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant