18. Thoughts

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Cinq ans, j'avais cette âge insouciant, quand j'ai compris que quelque chose n'allait pas.

A la fin d'une journée d'école, je voyais mes camarades se faire récupérer par leurs mères ou bien par leurs pères, arrivait même le moment où les deux parents venaient les chercher. Et moi, j'étais cloué, là, au sol, à les observer. Je fixais la manière dont le père était doux et tactile avec son enfant. Je ne me plains pas, non, j'ai reçu l'affection de ma mère, je n'en manquais certainement pas. Mais parfois, j'aimerais juste connaître la sensation de savoir que ton papa t'attend, qu'il te prendra dans ses bras en te couvrant de baisers pour ensuite faire des choses que font les pères et leurs enfants.

Je ne sait même pas ce que ça fait. Je ne réalisais pas que les autres vivaient ce je ne pourrais jamais vivre. C'est seulement à cette âge que je commençais à me poser des questions.

N'est-ce pas normal que le père ne vit pas avec sa fille ?

Et je le pensais vraiment. Je m'étais persuadé que dans toutes les familles, le père vivait à part. Je me suis sentie horriblement stupide quand j'ai vue que ce n'était pas le cas. J'étais juste en train de me rassurer que mon cas est banal, et que ce sont des exceptions, les familles avec un père présent.

Les exceptions sont plus courantes que les cas normaux, alors ?

Et ce fameux jour, où on devait réaliser un dessin pour la fête des pères, j'étais devant ma feuille toujours vierge alors que tout le monde avait presque finis. Je n'osais pas bouger, pas un seul mouvement, mes yeux ne clignait plus. Et le cri de ma professeur m'a paralysé encore plus. J'ai juste levé la tête vers elle, après qu'elle aie fais une scène, les yeux rempli de larmes, et j'ai prononcé assez bas pour qu'elle soit la seule a m'entendre:

« A quoi bon, je ne pourrais pas lui offrir. »

Puis, elle a pensé que mon père était mort, et elle s'est excusé et en partant aux toilettes pour me calmer, j'ai éclater en sanglots a l'idée que mon père soit décédé.

Je ne le connaissais même pas, mais je l'aimais comme si c'était un être qui m'avait chéri depuis ma naissance.

Sauf qu'il ne s'est jamais montré à mes yeux.

Le jour et j'ai cru enfin pouvoir le rencontrer, il m'a planté. Je me suis enfuie, et mes jambes n'étaient même pas en capacité de m'obéir. La police s'en était mêlée, et après avoir passé une bonne heure dans un parking paumé en me cachant, je suis rentré chez moi avec une idée en tête: je ne pouvais pas aimer quelqu'un sans savoir qui il était.

J'ai compris tout ce que ma mère me disait à propos de lui, elle le connaissait, et moi non. Et j'ai essayé de l'oublier à partir de ce moment.

Mais on ne peut se débarrasser de quelqu'un qu'on a aimé toute notre vie, du jour en lendemain. Alors, j'y pense un peu tous les jours, en me disant que je préfère qu'il ne soit plus parmi nous. Au moins, il aurait une excuse pour son absence.

Mais sachant qu'il n'est pas très loin, et pourtant il refuse de me rencontrer, ça me poignarde.

J'avais treize ans, et j'entrais dans l'adolescence avec une haine profonde pour mon corps, mon poids, et mon apparence.

Tout a commencé quand j'ai voulu faire de la danse classique. Je me suis vite rendu compte que je n'avais pas ma place là bas. J'y suis resté pour leur prouver que je peux me surpasser, je voulais qu'ils regrettent leurs remarques à mon égards.

Ils n'ont rien regrettés, ils ont continué à me dénigrer.

Au bout d'un an de danse, j'ai compris qu'ils avaient raison, j'étais vraiment grosse.

HARDWhere stories live. Discover now