ÉPILOGUE

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Amanda

- Bon, éteignez moi ce téléphone. Ça fait au moins dix fois qu'il sonne.

Alors que j'étais à la barre, je me précipite vers mon sac à l'autre bout de la salle pour vérifier si ce n'est pas mon portable qui interrompt notre cours depuis maintenant dix minutes.

Quand je met la main dessus, je constate une flopée de messages de la part de Kyle. Je décide de les lire plus tard, et j'éteins complètement mon téléphone.

- Excusez-moi, je prononce en revenant vers le groupe.

- Ce n'est pas grave, m'assure Georgia ma nouvelle prof de danse.

J'ai repris la danse classique.

Le souvenir que j'avais gardé de ce milieu était pas beau à voir, alors je suis plutôt ébahie de l'environnement dans lequel je baigne à présent.

Je m'entend bien avec les filles de mon cours, je me suis même fait de bonnes amies. Il n'y a pas de coups bas, ou de discriminations ici. Je n'aurais jamais pensé qu'une enseignante pouvait être aussi bienveillante.

J'ai dû me faire une mauvaise image de cette activité, et elle s'était transformé en un supplice. Maintenant, quand je prend le chemin pour mon cours, je suis impatiente parce que c'est redevenu ce que c'était censé être: une passion.

- Il est vraiment obsédé par toi ce beau-gosse, me glisse Clara derrière moi.

Elle a vu Kyle plusieurs fois à la sortie des cours, et à chaque fois s'en suit une semaine où elle me demande si il a d'autre qualités à part sa beauté physique. Ses interrogatoires sont marrants, alors je la laisse faire pour faire passer plus rapidement nos cours d'économie.

- Vos piquets bon sang... il faut qu'on les retravaille ensemble, nous informe Georgia.

Depuis le début de l'année, elle n'a pas fait un pas de travers ou dit quelque chose en trop. Elle a toujours été juste, et ne m'a jamais donné de raisons de fuir. Cependant, elle m'a demandé en privé où j'avais effectué mes cours auparavant. Elle m'a laissé comprendre qu'elle était impressionnée par mes qualités, et ça m'a fait chaud au cœur. C'est l'une des premières a les souligner.

Parce que le tout premier, c'était lui.

Kyle lui aussi dit que je danse à merveille. Il a réussi à obtenir de moi quelques pas que je lui ai montré dans son jardin au Costa Rica cette été. Je savais qu'il n'allait pas se moquer, mais j'avais peur de ne pas être à la hauteur de ses attentes. Mais son regard sur moi en disait long, je pense que ça lui a plu.

Je crois avoir passé mes meilleures vacances d'été avec lui. Toute sa famille est adorable, et sa grand-mère Paloma n'arrêtait pas de raconter des anecdotes honteuses de son petit fils. Il rougissait à table et m'assurait que c'était faux, mais Gab était là pour appuyer les propos de sa grand-mère, ce qui faisait rire toute la table.

J'ai même eu quelques conversations avec Maria à propos de ma mère et de leurs péripéties d'adolescence. C'était aussi l'une de mes parties préférées de ce séjour.

- C'était une bonne séance, vous pouvez rentrer chez vous.

Toutes les filles se ruent vers leurs affaires et partent de la grande salle en saluant Georgia. Leurs rires étouffés depuis les couloirs sont à l'origine d'une blague que je n'ai pas entendu, mais je ne cherche pas à savoir.

- Pourquoi elles rigolent encore ? se demande mon amie marchant à côté de moi.

J'hausse les épaules pour toute réponse mais elle semble avoir compris leur blague quand elle déclare:

- Ah, je comprend mieux.

- Qu'est-ce qu'il y'a ?

- Il est là, c'est pour ça qu'elles rigolent ces groupies ! me fait savoir Clara.

Je me met sur la pointe des pieds et je me maudis pour une fois de faire un mètre soixante six. Mais après mes petits efforts, je le vois au loin. Ses cheveux sombres sont éclairés par le soleil de ce début de mois d'octobre. Les yeux rivés sur son portable, debout contre un mur, il suscite l'attention de la plupart des étudiantes. Je bouscule un peu la foule pour l'atteindre et comme s'il sentait que j'approchais, il lève la tête.

- Tu m'as incendié de message ! je lui reproche quand il effleure mes lèvres pour m'embrasser.

- Je pensais que tu terminais une heure plutôt, et que tu m'avais planté.

Il m'embrasse tendrement avant que je dise quoi que ce soit. Je me détache seulement quelques secondes plus tard en me souvenant que nous sommes entourés.

- Il y'a tout le monde ici !

- Et alors ? Il faut bien qu'ils sachent que tu es déjà prise, surtout le mec qui n'arrête pas de te reluquer à chaque fois que tu sors de ton cours.

Je le traine quand même dans sa voiture que j'aime tant. Même en Californie, elle est avec nous et ça reste toujours mon endroit préféré.

Sans savoir pourquoi, je lâche sans trop réfléchir:

- Il y'a encore quelques mois je n'aurais jamais mis les pieds dans un cours de danse à nouveau, mais avec toi...

Son sourire s'élargit, ému que je lui confie ça. Il pose une main sur ma joue et me dit:

- Alors on a réussi ?

Réussi...

Et même si ça paraissait impossible, et même si on pensait ne pas y'arriver, et même si c'était dur, on l'a fait. On a surmonté tout ce qui nous semblait insurmontable, car la vie n'est pas faites pour être simple. On ne peut ressentir la joie sans connaître le goût de la tristesse. Dans tous les cas, on rencontrera des obstacles, mais rien n'est trop difficile quand on est ensemble.

Difficile d'admettre ?

Difficile de changer ?

Difficile d'accepter ?

Difficile de détester ?

Difficile d'aimer ?

Et pourtant, on l'a fait...

- Toi et moi, ptite amande.

THE END.

HARDWhere stories live. Discover now