CHAPITRE 4

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L'aube émerge telle une lueur pâle dans le désert sans fin, révélant un terrain aride marqué par les vestiges métalliques des courses passées. Mon regard absorbe l'étendue silencieuse, imprégnée de l'atmosphère électrique qui précède une nouvelle journée de compétition acharnée. Je me tiens là, parmi les ombres des carcasses abandonnées, le vent impitoyable faisant virevolter la poussière autour de moi. Mes yeux parcourent la ligne d'horizon et j'aperçois Noé, vêtu de sa combinaison de pilote, s'installe derrière le volant. Sasha se penche sur le moteur avec assurance. Mon cœur bat plus fort, la tension s'épaississant dans l'air. Les courses sont un ballet complexe, chaque mouvement, chaque ajustement peut faire la différence entre la victoire et la défaite. Chloé, à mes côtés, me donne un coup d'épaule amical. "Respire, Maëlle. Ils savent ce qu'ils font." J'acquiesce, mais l'anxiété persiste. Les Courses de l'Effroi ne tolèrent aucune erreur. Noé active le moteur, le rugissement de la machine déchirant le silence du matin. La voiture s'élance, dévorant la distance avec une grâce presque animale. Mes yeux restent rivés sur chaque virage, chaque accélération. Sasha, impassible, m'explique les modifications apportées à la voiture. "On a renforcé la suspension, amélioré le système de refroidissement, ajusté les engrenages pour une accélération plus rapide. Noé devrait sentir la différence." Chloé, admirative, ajoute : "Sasha, tu es vraiment un génie des machines." Sasha esquisse un sourire modeste. "C'est mon domaine, Chloé. On veut tous voir Noé briller sur la piste, n'est-ce pas ?" "Évidemment," réponds-je, les yeux toujours fixés sur la voiture qui négocie un virage serré. "On a travaillé si dur pour en arriver là." Noé revient finalement, un sourire éclatant sur le visage. "La voiture se comporte comme une beauté, les ajustements sont parfaits. Merci, Sasha." Sasha incline la tête. "Gagne cette course, Noé. Fais-nous tous briller." La tension se dissipe peu à peu, laissant place à une excitation palpable. Noé rejoint Chloé, Sasha et moi. "C'est bon, Maëlle. On va faire de cette course quelque chose d'inoubliable," déclare Noé, son regard plongeant dans le mien. Je hoche la tête, un sourire naissant sur mon visage. "On est prêts, Noé. On va montrer qu'on peut triompher." Le jour se poursuit avec les derniers préparatifs. Chloé, bien que toujours nerveuse, me lance un regard complice. "On a travaillé dur pour en arriver là, Maëlle. On va y arriver." Je souris, reconnaissante pour le soutien indéfectible de mes amis. Les Courses de l'Effroi sont un défi constant, mais dans cette équipe, je trouve une force qui transcende la peur.

Je ferme la porte de la caravane, échappant à l'agitation du campement. La pièce exiguë devient un havre de tranquillité, éclairé par la lueur tamisée d'une lampe à pétrole. Chloé est assise sur l'un des lits étroits, triant des outils dans une boîte en métal. Je m'affale sur le lit voisin, un sourire espiègle aux lèvres. "Alors, Chloé, tu penses que Sasha a un faible pour toi ?" Chloé lève les yeux de sa boîte avec un sourire taquin. "Oh, arrête, Maëlle. Sasha et moi, on est juste amis." Je lui donne un coup de coude complice. "Bien sûr, des discussions ultra romantiques. 'Oh, Sasha, parle-moi encore de ces filtres à air, c'est tellement sexy.'" Chloé roule des yeux, mais elle rit aux éclats. "Tu es incorrigible, Maëlle. Sasha et moi, on est vraiment juste amis. Pas de complications." "Ah, d'accord, d'accord. Mais si un jour tu décides de passer du côté obscur de la romance mécanique, je te soutiendrai totalement," plaisanté-je. Chloé secoue la tête, toujours en riant. "Toi et tes idées farfelues. On a une course à gagner dans cinq jours, et tu veux discuter de mes 'histoires d'amour' avec Sasha." "C'est important de maintenir un équilibre, Chloé. Les courses, les amitiés, et bien sûr, les potins romantiques dans notre petite caravane. C'est ce qui rend la vie intéressante." Les rires persistent, emplissant l'étroite pièce d'une légèreté bienvenue. Après tout, ces moments de camaraderie sont aussi précieux que les ressources que nous courons tant pour gagner.

À la tombée de la nuit, les étoiles scintillent au-dessus du dôme protecteur qui couvre notre ville. Nous rangeons nos outils, épuisés mais satisfaits du travail accompli. Avant de nous séparer pour la nuit, Chloé et moi décidons de faire un détour par le centre-ville. Le brouhaha de l'activité nocturne nous accueille. Les étals éclairés des marchands débordent de pièces détachées, de gadgets mécaniques et d'objets insolites. Notre destination finale est un petit magasin réputé pour ses pièces rares. La cloche au-dessus de la porte tinte alors que nous entrons. Le propriétaire, un homme au visage buriné par le désert, nous salue d'un signe de tête. Chloé et moi parcourons les étagères à la recherche de la perle rare. Entre deux engrenages anciens, Chloé trouve une pièce qui, selon elle, pourrait améliorer encore la performance de la voiture. "Regarde ça, Maëlle. Une transmission plus légère. Ça pourrait donner à Noé un avantage supplémentaire dans les virages." Je souris, admirant la détermination de Chloé à toujours chercher l'excellence. "C'est une excellente trouvaille. On prend ça, et peut-être cette suspension renforcée là-bas." Les pièces soigneusement emballées, nous quittons le magasin. Le ciel est parsemé d'étoiles scintillantes, et l'excitation de la course de demain persiste dans l'air. Nous retournons à la caravane, transportant nos trésors mécaniques. De retour dans notre coin du campement, nous nous attelons une fois de plus à la voiture, installant les nouvelles pièces avec une précision chirurgicale. La lueur des lampes à pétrole danse sur nos visages concentrés alors que nous finalisons les ajustements. La journée touche à sa fin, la fatigue se faisant sentir. Chloé range ses outils avec soin, son regard croisant le mien. " Maëlle, tu crois qu'on peut réellement gagner." Je lui offre un sourire complice. "Oui, Chloé. On montrera à tous que notre équipe est prête à tout." La nuit s'installe, enveloppant le campement d'une quiétude bien méritée.

Après avoir souhaité bonne nuit à Chloé, je me dirige vers la caravaneoù Côme, dort paisiblement. La porte s'ouvre doucement, et je m'approche du litoù repose Côme. Sa respiration régulière et son visage apaisé me remplissentd'une tendresse infinie. Je m'assois doucement sur le rebord du lit, caressantdoucement ses cheveux. "Côme," chuchoté-je, "tout va bien. Ontravaille dur pour rendre notre monde meilleur, tu sais ?" Un sourirerêveur danse sur les lèvres de Côme alors qu'il dort, inconscient des défis quele lendemain nous réserve. Je laisse la mère de Chloé veiller sur lui,éteignant doucement la lampe à pétrole avant de me retirer dans ma proprecaravane. La nuit se déroule dans une quiétude relative, la promesse d'unenouvelle course planant dans l'obscurité. Dans cinq jours, les moteursrugiront, les pneus crisseront, et nos espoirs s'aligneront sur la ligne dedépart, prêts à fendre la nuit du désert dans une quête désespérée pour lasurvie. Plus que cinq jours. 

Roues du destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant