Adélie, je me suis rendu au moment où je t’ai vue.
Depuis le début de l’après-midi, je t’attends, les pieds incrustés dans le sable, respirant l’air marin, l’iris rivé vers chaque ondulation de l’eau par laquelle tu pourrais sortir.
Lors de ta rencontre c’était simple : je me suis retourné et j’ai été submergé. Je me souviens de tout de toi. Ta peau était si pâle, pâle comme maladive mais sans l’être. Tes doigts étaient long, fin, aiguisé. Presque tranchant. Ta silhouette était parfaite. Tes yeux ! Je pouvais y voir les abysses. Ils étaient profonds, ensorcelants, j’y décèle parfois une once de chafouin, mais rapidement, elle est camouflée par un sourire délicieux. Mais il y a une chose que je n’eu pas abordé, je ne parlais pas, par peur de te voler et par conséquent manquer ne serait-ce qu’une seconde de ta voix, mais sache que je te poursuivrais au bout des océans, j’irais de la surface ensoleillée au fin fond des abysses pour t’entendre ! Ta voix Adélie ! Ta voix !
Elle était grave et portait à elle seule une sorte d’amplitude qui n’aurait pu être dissimulée, par rien du tout. Et pourtant elle était calme, calme et tempérée mais pas plate, tempérée comme quand l’on ressent une rage à s’en faire trembler mais que l’on essaie de maîtriser ce qui sort de nos bouches. Ta voix était faite pour jouer à ces jeux de camouflage. Elle ne flanchait à aucun instant, et je n’aurais pas su déceler ce que tu tentais de maîtriser si je n’étais pas doté d’une sensibilité purement humaine portant autant d’amplitude que ta voix. Ou alors était-ce encore toi qui te jouais de nous ? Tu sais que les hommes ont ce grain que vous considérez comme un défaut de fabrication. Et tu sais t’en servir à notre revers. Le son s'adoucit franchement, et j’en oubliais toutes les réflexions que mon cerveau avait pu produire. Chacun de mes afflux de connexions neuronales s’allonge d’une pittoresque pitoyabilité envers toi et chacun de mes globules sanguins se traduisent en un éclat folklorique.
Puis, à la seconde ou tu m'as appelé par mon prénom pour la première fois, mon cœur est tombé au son de ton intonation. Je n’ai jamais remis en question le fait que sans que l’on ait jamais parlé auparavant, tu connaisses mon prénom. Non. J’ai juste été bercé, enveloppé, attiré, tiré vers toi. Soudainement, tu criais et c’en était si percutant.
Toute la splendeur de la très reconnue de l’acuité de la lucidité humaine ne pouvait que se trouver faible et misérable avant de s’effondrer d’un fracas silencieux au pied de ton être ineffable.
Cette après-midi, chaque oscillation m’a fait espérer. Mais entre-temps, la soirée s’est installée et la mer s’est calmée. Seuls quelques animaux osent fuir l’Eden dans lequel tu t’es reclu, ils ne savent pas ce qu’ils ratent ! Ces ignorants.. Tu sais Adélie. J’ai peur d’attendre pour rien, mais encore plus de partir et que tu ne reviennes à ce moment précis.
Une femme m’interpelle d’un “Que faites-vous ici monsieur ?”. Tandis que mes yeux commencent à se fermer de fatigue. Je vois sa maison située à quelques pas d’ici. Et des cernes, éclairés faiblement par la lanterne qu’elle semble tenir à bout de bras. Je lui réponds que j’attends l’amour de ma vie, ce à quoi elle répond “J’ai perdu mon fils dans ces eaux, je peux m’installer près de vous, nous attendrons ensemble ?”. Je lui dis “Non, sans façon”. Puis suis rattrapée par la conscience que tu m’as prise. Je ne la regarde même plus ! J’ai été condamné à t’attendre dès lors que je t’ai vue, c'est une promesse Adélie !
Je l’a remercie simplement et intérieurement de m’avoir réveillé, pour que je puisse t’attendre plus longtemps. Puis la nuit à défilé, tu n’arrivais toujours pas. Je suis resté là.
J’ai attendu.
Toute la nuit.
Et j’ai fini par apercevoir le petit jour se refléter sur la surface de la nappe. Tu jaillis en même temps, voulant voler sa lumière et selon moi, tu l’as aisément gagné ! Ta beauté froide à conquérit le soleil ! Adélie j’en suis si fier !
Je reconnais la voix de la femme d’hier et me retourne, elle est rousse, lumineuse, en contraste avec toi. La femme lève les yeux vers la vague sur le point de l’assaillir, figée de peur. Clouée de terreur.
Pas moi. Je t’ai vue dans la vitrine de la vague. Tes traits si parfaits étaient tirés. Froncé ? Serais-tu fâchée ? Je ne l’espère pas contre moi car c’est la dernière chose que j’ai pu voir.
M’entraînant dans le fond des abysses, une sirène. Oui ! Il y en a d’autres que j’ai vu dans tes yeux à notre rencontre, si ce n’est pas merveilleux ! Adélie, tu as réalisé mon rêve ! La disproportion de ton corps ne m’était pas étrangère, au contraire tu m'émerveille toujours un peu plus. Je t’aurais supplié pour que tu m’gardes. Peu importe ce que tu es. Fais moi remonter, par pitié s’il-te-plaît Adélie. Je t’aime, je connais même ton prénom.
Tout s’arrête. Elle perd en charme, en vigueur et se visage se tord en un bagne cauchemardesque. Dans un nouvel halo corrupteur et destructeur. La faune autant que la flore meurent autour d’elle. Elle m’en veut de savoir ou de savoir que je sais. à mon tour, je crois mourir.
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Recueil en tout genre
RandomC'est aléatoire et peut passer du réaliste, à la dystopie, au fantastique et même à quelques soupçons de fan-fiction !