3e mercredi

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«Une souris verte

Qui courait sur l'herbe.

Je l'attrape par la queue

Je la montre à ces monsieurs.

Ces monsieurs me dirent :

«Trempez-la dans l'huile,

Trempez-la dans l'eau

Et ça fera un escargot tout chaud !»»

En face, les enfants applaudirent face à ma médiocre prestation, initiée par Félix qui rigolait au milieu de cette petite foule. Avec sa grande taille, on le remarquait plutôt bien et pourtant, les enfants s'amusaient comme des fous avec lui.

Bon, trêve de plaisanterie, vous devriez sûrement vous demander : mais qu'est-ce qui se passe ici ??? Est-ce qu'on a voyagé dans le temps ? Etaient-ils nos enfants ?

Bon, j'abuse peut-être un peu. Tout a commencé un mercredi après-midi frigorifiant, moi comme toujours arrivant un peu juste à l'heure et Félix prêt devant la porte de notre jolie classe.

Alors qu'on attendait gentiment le professeur à côté de la salle, ce dernier était arrivé avec un bon quart d'heure de retard pour nous prévenir au final que notre punition du jour serait d'aider les assistantes maternelles de l'école d'en face. 

Punition était un bien grand mot, il fallait juste occuper les enfants jusqu'à que leurs parents viennent les chercher. Classique. Les classes de maternelles ont toutes été inondées par je-ne-sais quelle raison - sûrement à cause de la pluie qui ne s'est pas arrêté de la journée - et alors que certains adultes avaient transféré en urgence les jeunes jusqu'aux établissement alentours, d'autres sont restés là-bas pour essayer de limiter les dégâts au maximum. Résultat : un effectif réduit devait maintenant s'occuper des cinquante enfants qui restaient, tous aussi monstrueux que mignons. Évidemment, on avait des professionnels en renfort mais, ça ne suffisait pas et surtout, personne n'était aussi proche de leur école que nous.

Donc Félix en moi-même sommes venus leur porter secours, des sauveurs inespérés qui avaient été accueillis par des cris de joie.

J'exagère ? Bien-sûr !

Tout aurait été bien plus drôle si seulement notre professeur de Technologie n'était pas encore dans les parages, à nous surveiller. Mais, je le supportais un peu mieux, sûrement parce que je le voyais se démener pour aider ses collègues. On avait finalement pas un professeur aussi morne que je le pensais.

«Qui veut qu'elle vous chante une autre merveilleuse comptine ?», demanda Félix avec un bonheur non dissimulé, coupant court à toutes mes réflexions.

Il leva haut un bras, suivi vivement par les autres enfants qui criaient partout des «Moi ! Moi!». Je n'avais pas besoin d'être médium pour savoir qu'il faisait exprès, sachant pertinemment que je n'aimais pas chanter. Plus précisément : je ne savais pas chanter. Je le lui avais dit la semaine dernière, redis en arrivant ici et re-redis quand on parlait des comptines aux enfants. Je pouvais même le lui répéter un million de fois, il ne comprenait pas, c'était presque à se demander s'il n'était pas lui aussi en maternelle.

Je le fusillai du regard mais, qu'importe, il s'en fichait complètement, ce qui n'était pas mon cas. Si je chantais encore une chanson, je pouvais d'or et déjà prévoir mon enterrement pour le lendemain. Il fallait que je détourne l'attention des petits, et vite !

Je cherchai du regard quelque chose qui pourrait me sortir de là jusqu'à ce que je vois dans un coin de la pièce mon sac à dos. Je me jetai dessus comme si c'était une bouée et sortis le seul jouet que j'avais : un jeu de cartes. Heureusement, je savais exactement quoi faire...

Et une heure de colle ! (Félix)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant