1e jeudi

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Pourquoi j'ai fait ça ?

Pourquoi j'ai fait ça ?

Pourquoi. J'ai. Fait. Ça !?

Encore une fois, je me retrouvais devant la porte 205 pour enchaîner une seconde fois mon mois d'heures supplémentaires. Sauf que cette fois-ci, je l'avais fait délibérément, en toute connaissance de cause. Exprès. Laissez tomber, il me manquait une case depuis la naissance.

Me revoilà forcer à rester plus longtemps après les cours, une fois par semaine.

Pourtant, avant-hier, j'étais bien arrivée devant le portail du lycée, prête à entrer avec toute la foule. Sauf que quelque chose a dérapé chez moi, j'ai réfléchi à des trucs qui n'avaient aucun sens. Pleins de «Et si...» alimenté par des «Peut-être que...» pour au final me faire changer d'avis : je n'en avais plus envie, je voulais que tout se passe autrement. M'enfonçant davantage dans mon manque de jugeote, j'ai continué de marcher le long du trottoir, sans m'arrêter une seule fois pour retourner dans mon établissement. Non, au lieu de ça, j'ai avancé jusqu'à me retrouver dans une boulangerie où j'ai pris mon petit déjeuner tranquillement avant de reprendre les cours.

Quelque chose clochait clairement chez moi. C'était ce que je me disais avant de voir au loin un Félix sauvage aussi surpris que moi arriver. Je ne pus m'empêcher de m'exclamer :

«Mais comment t'as fait pour rater encore une fois le speech du Directeur !?

- Je peux te retourner la question.»

On se regardait longuement dans le blanc dans yeux, aucun de nous ne voulant lâcher prise. Qu'est-ce qui se passait donc dans la tête de cet étrange Félix ? Pourquoi devait-il être aussi...lui-même ? Mais au fait...qu'est-ce qui se passait dans ma tête ? 

Prenant pour une fois mon courage à demain, je lui avouai en essayant de garder le visage le plus stoïque possible - impossible - :

«Si je te dis que j'en avais envie, qu'est-ce que tu répondrais ?»

Oui, aujourd'hui j'étais assez énervée contre moi-même pour être bien plus franche que les autres jours. Plus honnête que moi, tu meurs. Il fallait dire que ce n'était jamais un plaisir de se prouver à chaque fois qu'on manquait de neurones.

Les bras croisés, j'observais celui que j'avais réussi à éviter durant huit jours pour mon propre bien. Il fallait que quelqu'un lui dise sérieusement qu'il avait une réelle influence envers la gente féminine. C'était fou de voir à quel point il était aveugle ! Avec sa voix grave et si profonde, il murmura tout juste assez fort pour que j'entende :

«Que...je ne voyais pas d'autres moyens pour te revoir. et te donner mon dernier mot.»

Je retire ce que j'avais dit précédemment : Félix réussissait lui aussi plutôt bien à lâcher des bombes inattendues. La bouche aussi sèche que la Sahara, j'essayais tant bien que mal de ne pas tomber dans les pommes. Non, non, non. Je ne devais pas le croire, je ne devais absolument pas tomber dans ce cercle vicieux de faux espoirs, je ne devais pas... Et pourtant, d'une toute petite voix, je ne pus m'empêcher de demander :

«Pourquoi ?»

Un pourquoi qui voulait à la fois tout et rien dire. Pourquoi lui ? Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi comme ça ? Pourquoi là ?

«Parce que.»

Cette réponse me crispa sans que je le veuille cependant, après une longue inspiration, il décida de continuer :

Et une heure de colle ! (Félix)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant