Chapitre 14

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Le soleil se couchait à travers la grande baie vitrée du loft, lorsque Derek en passa la porte. Il entra d'un pas hésitant, comme s'il n'habitait pas là. Isaac l'avait prévenu que Stiles avait trouvé une clef du loft sur son trousseau dans la journée. Il avait bien essayé de demander comment c'était arrivé, mais Derek s'était contenté de lui ordonner d'aller passer la soirée chez Scott et n'avait pas donné d'explication.
Stiles était donc déjà là, lui tournant le dos. Sa silhouette fine dans la lueur du soir donna envie à Derek de s'approcher pour l'embrasser. Mais il s'abstint, resta debout près de la porte et attendit que Stiles veuille bien lui faire face. L'adolescent se tourna lentement, et l'observa quelques secondes avant d'enfin prendre la parole.

- Quand as-tu mis une clef sur mon trousseau ?
- Hier soir, pendant la réunion. Quand que tu étais occupé avec Scott et Isaac.
- Pourquoi ?
- Je te l'ai dit, tu es ma famille. C'est chez toi aussi, maintenant.
- Est-ce que tu es en train de me proposer d'emménager avec toi, Derek ?
- Je te donne ce qui t'appartient, tu en fais ce que tu veux.

Son cerveau tournait à cent à l'heure. Stiles n'avait aucune idée de comment il était sensé interpréter les choses ni comment il était supposé y réagir. La première émotion qui le traversait était la surprise. Il n'aurait jamais imaginé que Derek puisse partager autant avec lui. C'était son loft. Sa tanière. Il était question de partager ce qu'il avait de plus précieux et il semblait le faire sans même se poser de question.

- Je ne peux pas accepter la clef de chez toi, Derek. Ce loft, c'est toute ta vie. Tout ce que tu possède. Et il y a mon père, je ne peux pas laisser mon père tout seul, tu comprends ? Qu'est-ce qu'il va penser si je m'installe ici avec mes affaires ? Et Scott ? Je ne peux pas le trahir ...

Derek ne bronchait pas. Il observait Stiles attentivement, cherchant dans ses émotions débordantes, laquelle prédominait. L'adolescent était visiblement au bord d'une crise de panique et Derek avait du mal à comprendre ce qui provoquait cet état. N'était-ce pas normal de partager son chez soi ? Pourquoi Stiles y réagissait-il aussi mal ? Toutes les excuses que lui présentait l'adolescent lui semblaient futiles lorsqu'il pensait à cet enfant qui grandissait pour les rejoindre. Il s'approcha finalement de Stiles et posa ses mains sur ses épaules en cherchant son regard.

- Stiles, il faut que tu te calme. Je ne t'oblige à rien. Cette clef, c'est juste pour te montrer que tu es libre d'aller et venir ici comme tu l'entends. Il n'y a rien de plus.

Stiles le regarda dans les yeux, complètement abasourdi. Visiblement, le partage aux yeux de Derek n'avait pas de limites lorsqu'il s'agissait d'en faire profiter les siens. Et visiblement, il n'avait pas parlé sans réfléchir lorsqu'il avait annoncé à l'adolescent qu'il était désormais sa famille, le soir de l'échographie. Stiles commençait seulement à prendre conscience de l'ampleur de ce qui arrivait, alors que Derek semblait avoir déjà des idées toutes claires sur la question.

- Tu m'as donné la clef de chez toi ...
- Ce n'est rien, Stiles.
- C'est la clef du loft ... Ton loft ...
- Notre loft.

Le regard de l'adolescent était tombé vers le sol mais remonta rapidement pour se plonger dans celui du loup. Il ne voyait aucune hésitation, aucun doute dans les yeux clairs de son aîné. Derek était sûr de sa décision et il ne cherchait en rien à le forcer. Stiles se sentit tout étourdi, brusquement. Il posa sa main sur le poignet de Derek qui lui tenait encore les épaules, et son regard descendit vers le canapé à quelques mètres.

- Je vais m'asseoir. J'ai besoin de m'asseoir.

Derek s'empressa de le lâcher et même, de l'accompagner vers le canapé en plaçant une main délicatesse dans le creux de ses reins. Stiles se laissa lourdement tomber tout en fixant le sol, reprenant ses esprits sans cesser de penser à ce qui était en train d'arriver. Il se sentait désarçonné par la nouvelle. Il était partagé entre la fierté évidente de recevoir la confiance aveugle de Derek, et la culpabilité de n'avoir rien à partager en retour avec le loup.

- Excuse-moi Stiles. Rien ne t'oblige à l'utiliser, d'accord ? Je veux seulement que tu l'aie.

Stiles aurait voulu le remercier mais les mots lui manquaient. Il se contenta de se laisser tomber en arrière dans le canapé et reposa sa tête en la renversant vers le plafond. Il était haut, le plafond. Stiles se fit la réflexion qu'il n'avait jamais levé les yeux là-haut et qu'il comprenait mieux soudainement, pourquoi il faisait si froid dans le loft. L'espace était immense et les meubles bien peu nombreux. La pièce serait un enfer à chauffer. Son bébé y mourrait de froid, s'il vivait ici.

- Est-ce que tu veux que je te ramène chez toi ? Ou tu peux rester ici, si tu veux. C'est toi qui décide.

Derek mourait d'envie que l'adolescent reste au moins pour la soirée. Il s'était pris à se languir de la présence de l'être humain, ces derniers temps. Il n'était pas le genre à imposer sa présence ou à demander celle des autres, mais il devait bien avouer qu'il ne se sentait plus aussi bien que lorsque Stiles était dans son périmètre direct. Il n'aimait pas le savoir livré à lui-même, dehors, alors que tant de dangers potentiels rôdaient autour de Beacon Hills. Il aurait volontiers enfermé l'adolescent dans un donjon, s'il en avait eu la possibilité.

- Je vais rentrer, mon père m'attend sûrement à la maison.
- Je te raccompagne, alors.
- Non. Ca va aller, je peux rentrer seul.

Le loup avait envie de le contredire, de lui forcer la main. Il voulait au moins le suivre partout, si l'adolescent refusait de s'installer ici. Mais il connaissait suffisamment Stiles pour savoir que le maintenir en laisse ne mènerait qu'à le perdre définitivement. L'être humain avait besoin de sa liberté et la revendiquerait aussi longtemps qu'il serait en vie pour le faire. Alors, ravalant son orgueil, Derek obtempéra en silence et raccompagna l'adolescent jusqu'à sa jeep. Il le regarda partir jusqu'à ce que la vieille guimbarde disparaisse de son champ de vision, à l'angle de la rue. Pendant encore de longues minutes, il eut l'envie violente de rejoindre l'adolescent pour vieller sur lui. Mais il parvint à se retenir et finit par remonter les escaliers qui le menaient à son loft, désormais bien trop vide à son goût.

[Sterek - Mpreg] AccidentellementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant