Chapitre 17

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Derek balança dans sa voiture un sac de sport contenant des vêtements de rechange, et tapa frénétiquement sur son téléphone tout en contournant sa voiture pour rejoindre la place du conducteur. La nervosité le rendait étrangement lucide. Il se sentait particulièrement conscient de l'environnement et des bruits qui l'entouraient.
Il traversa Beacon Hills avec un sentiment nouveau qui lui gonflait la poitrine. Il allait avoir un enfant. La meute allait s'agrandir. Une naissance était toujours un grand évènement chez les loups-garous. Ce premier-né était la preuve que leur meute était viable et qu'elle perdurerait dans le temps. Après tout ce qu'il avait traversé, il se sentait renaître. Le vent avait enfin tourné, ses malheurs étaient derrière lui.
Lorsqu'il descendit de sa voiture, Noah Stilinski était devant la porte de sa maison et faisait les cent pas. L'homme s'avança vers le loup d'un pas pressé.

- Tu as mis le temps ! Je n'ai pas eu besoin de le retenir, il n'est pas descendu. Je ne sais pas ce qu'il fait là-haut, mais il fait un boucan du diable.
- Merci schérif. Vous n'êtes pas monté ?
- Ce n'est pas l'envie qui m'a manqué mais j'ai suivi tes directives. J'espère que tu sais ce que tu fais, fiston. Tu as déjà prévenu tout le monde ?
- Deaton est en route pour l'hôpital, Melissa s'y prépare.
- Alors ça y est, c'est pour ce soir ?
- On dirait bien, schérif.
- Je t'en prie, appelle-moi Noah. Tu fais partie de notre famille. Comment sais-tu que c'est le moment ?
- Je crois que l'instinct surnaturel a pris le dessus sous la forme d'une crise de panique. La pleine lune arrive demain, je suppose qu'elle agit aussi sur la grossesse.

Derek lança un coup d'oeil à la fenêtre du premier étage. La chambre de Stiles était plongée dans l'obscurité mais il entendait clairement les déplacements de l'adolescent dans la pièce. Il sentait sa nervosité d'ici. Il inspira un grand coup, rangea les clefs de sa voiture dans sa poche et entra dans la maison pour rejoindre son compagnon.
Le loup monta quelques marches prudemment puis s'immobilisa pour écouter le silence qui s'était soudainement abattu sur la maison.

- Stiles ? C'est moi, Derek. Je vais monter.

Il attendit quelques secondes, puis un grondement sourd lui répondit. Derek monta les dernières marches lentement, guettant des mouvements dans l'obscurité du premier étage : toutes les lumières étaient éteintes. Il s'avança dans la pénombre en guettant le souffle du jeune homme qu'il captait à travers le silence. Il rejoignit la chambre de Stiles toujours sur le qui-vive, il savait qu'il se rapprochait de son compagnon sans parvenir à le voir : il ne percevait aucun mouvement dans la pièce.
Tout à coup, une masse s'éjecta d'un coin de la pièce et atterrit sur son dos. Le poids de l'adolescent emporta le loup jusqu'au sol et les grondements féroces furent bientôt accompagnés par des claquements de dents menaçants. Derek se retourna tant bien que mal en tenant les poignets de Stiles. Il fit face à un regard jaune qui le détaillait avec colère. Derek roula sur lui-même pour tenter de se libérer de son étreinte agressive. Il poussa brusquement un grognement guttural tout en mutant, pour rappeler Stiles à la réalité. Les yeux perdirent leur éclat luisant et le visage de l'adolescent se détendit presque instantanément, au même rythme que la pression qu'il exerçait sur le loup.

- Derek ? Qu'est-ce que tu/

Le regard perdu, Stiles observa la pièce autour d'eux. Il n'avait aucune idée de ce qui s'était passé ici. C'était comme si une tornade avait traversé les lieux. Les meubles avaient bougé, tous les tissus de sa chambre avaient quitté leurs emplacements originels pour se rassembler d'une façon étrange dans un coin de la pièce.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Calme-toi, je vais t'expliquer.
- C'est moi qui ai fait ça ? Derek, qu'est-ce qui m'arrive ?
- Viens par-là.

Derek se redressa en tendant sa main vers son compagnon pour l'aider à se relever et l'emporter vers le lit, du moins ce qu'il en restait : un matelas éventré sur un sommier qui avait quitté sa place initiale de plusieurs mètres. Stiles s'installa docilement, sans cesser de regarder partout autour d'eux. Sa chambre était devenue un champ de bataille.

- Je veux que tu me regarde, Stiles. Regarde-moi.

L'adolescent mit plusieurs secondes à obtempérer. Il n'arrivait pas à croire que tout ceci soit la réalité. Comment une telle chose avait pu arriver sans qu'il ne voit rien ? Il se souvenait avoir téléphoné à Derek, puis plus rien. Devenait-il fou ?
A travers son angoisse, le regard de Derek fut comme un phare dans la tempête. Il s'y accrocha avec désespoir, complètement paniqué.

- Je t'ai dis que j'étais allé voir Deaton, le jour où je suis venu après ton entrainement. Tu te souviens ?
- Le jour où je t'ai expliqué ce que j'avais trouvé. Quand je t'ai annoncé que j'étais enceinte.
- Exactement. Ce jour-là, Deaton m'a expliqué qu'il avait déjà vu ça. Il a confirmé la théorie que tu avais toi-même trouvée.
- Derek, est-ce que c'est moi qui ai saccagé ma chambre ? Pourquoi je ne m'en rappelle pas ? Qu'est-ce qui m'arrive ?

Une main tenant toujours celle de l'adolescent, Derek leva la seconde pour la poser sur la joue de Stiles et l'inciter à le regarder de nouveau : l'humain n'avait de cesse de vouloir regarder l'étendue des dégâts.

- Ne te préoccupe pas de ça. Stiles, la gestation des loups-garous est différente.
- Différente ?
- Comme tu es humain, Deaton pense que tu as été affecté d'une manière particulière. Je lui ai montré l'échographie que tu as passé avec Melissa, tu t'en souviens ?
- Oui.
- Deaton a pu calculer le développement du foetus et prévoir son rythme de croissance. Tu comprends ?
- Oui.

Stiles semblait complètement ailleurs. Il écoutait, mais son regard était ancré dans celui de Derek de telle manière qu'il avait l'air d'être absent. Comme s'il se contentait d'acquiescer docilement sans vraiment comprendre ce que le loup lui disait.

- C'est pour maintenant, Stiles. Ce qui t'es arrivé s'appelle la nidification. La pleine lune a déclenché ton instinct. Il a pris le dessus sur ta conscience et t'a poussé à préparer l'arrivée du bébé.
- Je n'ai pas de douleurs, ce n'est pas le moment, Derek.
- Parce que tu es un homme. Ton corps sait qu'il n'a pas les moyens d'expulser l'enfant, il ne cherchera qu'à le protéger.
- Le protéger ?
- Ta crise de panique s'est déclenchée parce que tu as pris conscience que tu porte un enfant, puis c'est ton corps qui a réagit à son environnement. Tu étais seul et il fallait préparer l'arrivée. Ton instinct s'est mis en route et a probablement entraîné ton amnésie.

Stiles observa autour de lui. Son regard se porta alors sur le tas de linges qui dormaient dans un coin de la pièce. Il fixa l'endroit avec instance, sa main pétrissant inconsciemment celle de Derek qui ne l'avait toujours pas lâché.

- J'ai fait un nid.
- Tu as fait un nid. Mais tu ne peux pas faire naître notre bébé, Stiles. Tu es un homme.
- Qu'est-ce qu'on va faire, Derek ? Il va mourir ...
- Non, tout va bien. Melissa et Deaton seront là pour nous aider. Je vais t'emmener à la clinique et ils prendront soin de toi, d'accord ?
- Tu vas me laisser tout seul ?
- Je serai là jusqu'au bout, c'est promis.
- D'accord.

[Sterek - Mpreg] AccidentellementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant