Ne me lâche pas

Chapitre 9 : un allié de plus

"-Quoi ?? bégayai-je. T'es sérieux là ?"

Avant même qu'il n'aie le temps de répondre, je lui saute dans les bras en le remerciant des dizaines de fois. J'ai dû attendre tout le long du trajet qu'il m'annonce sa grande nouvelle et ce n'est qu'une fois arrivé au paddock de son écurie qu'il m'a avoué avoir trouvé un potentiel assistant familial pour moi.

Il a refusé de me dire qui c'est, préférant me faire la surprise, ce qui m'a étonnée. Je suis donc assise près du circuit à regarder Charles faire ses essais et à attendre que cette fameuse personne arrive.

Peu de temps après je suis sortie de mes pensées par une voix masculine qui m'apostrophe. Je me retourne vivement et me retrouve face à Lando Norris, le pilote de Mclaren. Déçue que ce ne soit pas mon assistant familial je lui souris néanmoins pour ne pas être impolie.

"-Wow, je pense bien que tu es la première personne que je rencontre qui n'est pas contente de me voir ! s'exclame-t-il.

-Oh non, désolée, ce n'est pas ça ! J'attendais quelqu'un mais j'ai bien l'impression qu'elle ne viendra pas..., soufflai-je.

-Besoin d'un peu de compagnie ? me proposa-t-il.

-Avec plaisir ! souriai-je et cette fois-ci un sourire beaucoup plus sincère que précédemment."

Il commence donc par me faire visiter le paddock de son écurie mais nous nous posons vite dans une salle de jeux vide car l'énergie me manquait pour rester debout plus longtemps. Nous nous installons dans le canapé face à une télévision et il me tend une manette :

"-On se fait une partie ? me défia-t-il.

-Avec joie ! J'ai hâte de te défoncer ! Tu vas voir, je suis trop forte aux jeux de courses de voiture !

-Ah ouais ? Je vais te rafraichir la mémoire : je suis pilote de Formule 1 donc si j'étais toi, je ne parierais pas sur ma victoire, après si tu veux absolument gagner, je veux bien te laisser gagner, mais après t'avoir mis la misère à une première partie !

-Ne t'inquiète pas, je n'ai pas besoin de ta pitié. Je te conseille de te donner à fond si tu ne veux pas te faire écraser par une simple adolescente ! rétorquai-je."

La première partie se joue sous tension : nous découvrons le potentiel de l'autre, et on ne va pas se mentir, la partie est assez serrée. Au début, je le colle et tente par tous les moyens de le dépasser, sans succès. Malheureusement pour moi, toute son expérience se fait ressentir, et au bout d'une dizaine de tours, je ne suis plus un danger pour lui. Cependant je ne lâche rien et réussis finalement à rattraper quelques tours. A la fin de la partie, nous soufflons tous les deux, épuisés : cette partie était bien trop fatigante.

Il se tourne vers moi et me félicite :

"-Wow, tu as un vrai potentiel ! Tu manies vraiment bien tes trajectoires et tes réflexes t'ont évité bien des accidents ! Tu joues souvent ou tu fais du karting ? 

-Je joue beaucoup à ce genre de jeux, et j'avais l'habitude de m'entraîner beaucoup, un peu le même type d'exercices qu'effectue un pilote. 

-Mais tu as arrêté ?

-Oui, depuis mon hospitalisation, les médecins m'empêchent de continuer de faire du sport. Ils estiment ça trop dangereux et trop incompatible à mon état de santé, soupirai-je."

Il hoche la tête et me propose une nouvelle partie, que j'accepte volontiers. Cette fois-ci, il me donne des conseils pour m'améliorer tout au long de la course. Ce n'est plus une course à proprement parler, mais plutôt une sorte d'entraînement. 

Nous enchaînons les parties sans voir le temps passer et une vraie progression se fait ressentir de mon côté : j'arrive mieux à gérer les virages et ma vitesse. 

Alors que nous allions lancer une énième partie, Charles nous rejoint :

"Ah bah je vois que tu as fait connaissance avec ton futur représentant légal !" 

Le pilote britannique se crispe à ces paroles et je me retourne brusquement vers le monégasque. 

"Comment ça mon "futur représentant légal" ? m'exclamai-je."

Charles fronce les sourcils et se tourne  vers Lando.

"-Tu ne lui as rien dit ?

-Non, murmura ce dernier."

Un silence inconfortable s'installe dans la pièce et je le brise, avide de réponses :

"Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer ce qu'il se passe s'il vous plait ?"

Le britannique se tourne vers moi et commence à m'expliquer :

"Il y a quelques semaines, il y a eu une rencontre avec plusieurs pilotes, dont Charles. On était assis à côté au restaurant donc on a parlé toute la soirée, et il se trouve que nous en sommes arrivés à ton sujet. Ne t'inquiète pas, il ne m'a pas dit grand chose, si ce n'est me parler de votre rencontre étonnante et votre relation unique. Mais à un moment il a évoqué le fait que tu étais à la recherche d'une famille d'accueil. Et c'est là que je lui ai avoué m'être inscrit dans une agence pour accueillir des adolescents en difficulté. On s'est donc renseigné pour voir s'il était possible que moi je t'accueille, sachant que l'on n'a pas la même nationalité, et il se trouve que oui, c'est possible. Mais quand je t'ai vu aujourd'hui, j'ai eu peur de t'imposer ma présence et que tu n'arrive pas à dire non à ma proposition si ça ne te convenait pas ; c'est pourquoi j'ai préféré que l'on fasse connaissance sans que tu ne saches rien et que l'on en parle plus tard. Voilà, tu sais tout..."

Il reprend sa respiration, essoufflé après son monologue. Il semble beaucoup moins à l'aise par rapport à il y a quelques minutes. 

"-Tu ferais vraiment ça pour moi ? demandai-je au britannique.

-Bien sûr que oui ! Cette après-midi passée à tes côtés était juste incroyable. J'ai sincèrement envie de t'aider, alors si tu l'acceptes, je t'accueillerai avec plaisir.

-C'est OK."