Nos Passés Oubliés

9. Secret

Ginny

Samedi, Bar N°447, 13h30.

Voilà ce que Jayson a écrit sur ma main la semaine dernière. Depuis, je me retourne le cerveau pour comprendre ce qu'on va faire. J'ai cherché d'abord ce qu'il pouvait être organisé dans le bar, mais rien, il est fermé jusqu'en fin d'après-midi. J'ai donc étendu ma zone de recherche, mais aucune activité ne m'a vraiment tapée dans l'œil.

À force de trop réfléchir, je vais en avoir mal au crâne.

La sonnerie de mon téléphone me coupe dans ma réflexion. Je jette un rapide coup d'œil au nom qui s'affiche, m'attendant à voir celui de Sadie. Mon cœur s'arrête quand je constate que ce n'est pas le cas, et je m'empresse d'ouvrir le message.

De Kiddo :

Salut Gin', ça fait longtemps que je n'ai pas eu de tes nouvelles, comment tu vas ? On pourra s'appeler bientôt ? Tu me manques.

Les trois derniers mots me brisent le cœur. Sans attendre, ni le prévenir, j'appuie sur l'icône d'appel.

— Allô ? Dit-il au bout de deux sonneries.

— Comment tu vas kiddo ?

Je l'entends sourire à l'autre bout du fil.

— Kiddo ? J'ai vingt ans je te rappelle.

— Pour moi tu resteras toujours un kiddo. Comment tu vas ?

— Ça va, la routine : fac, boulot, boulot, fac...

— Je comprends...

Mon frère n'a jamais été quelqu'un de très scolaire, c'est pourquoi je ne l'ai jamais imaginé à la fac, mais est-ce qu'il a le choix ?

— Et toi Gin', qu'est-ce que tu fais en ce moment ?

— T'aimerais savoir hein ?

— Aller, je suis ton frère tu peux me dire.

— Comme toi, j'ai repris les cours il y a trois semaines, et le reste du temps, je ne fais pas grand-chose.

— Et t'es où cette fois ?

— Ah ah... quelque part sur terre.

— Gin'...

— Tu ne sauras pas ça sert à rien de demander.

Je l'entends souffler.

— Tu sais que c'est pas facile ici. Papa me demande régulièrement si on s'est parlés.

— Dis-lui que je me suis faite enlevée par des extra-terrestres et que je suis injoignable.

Cette fois il rigole. Ça me fait du bien de l'entendre.

— Sinon, avec Jordan, comment ça se passe ?

— Je l'ai envoyé chier.

La violence dans ses propos me surprend. Il aimait ce garçon et ne m'en a jamais parlé aussi froidement.

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Il s'est foutu de ma gueule, tout simplement. Je l'ai découvert quand il parlait avec ses amis un soir où je voulais lui faire une surprise et aller le voir. Quand je l'ai entendu, je me suis barré, et le lendemain je lui ai dit d'aller se faire voir.

Aïe. Moi qui pensais que ça se passait bien entre eux. Malheureusement, des connards, il y en a de partout, et on ne le sait jamais vraiment avant de payer les conséquences de nos choix.

— Comment tu te sens ?

— Je suis passé à autre chose, c'était il y a deux mois, ça va mieux depuis.