Fleur de Vent

Neige, chat et soupe

La neige tombait sur la campagne aux douces collines. Tel un manteau blanc et luisant, elle s'étendait à perte de vue, immaculée, parfaite.

Nous étions en janvier. Assise, ou plutôt recroquevillée, dans un fauteuil en moelleux et enroulée dans une épaisse couverture de laine, je gardais les yeux rivés sur la fenêtre.

Du haut de mes cinq ans, je pouvais voir la montagne au loin. Elle se confondait avec le ciel gris.

À côté de moi, maman tricotait en chatonnant. Je voyais son reflet dans la vitre. Ses cheveux blancs se confondaient avec la montagne, avec le ciel.

Cela faisait deux jours maintenant. Deux jours que je m'étais réveillé et que j'avais senti que quelque chose de bizarre était arrivé. La lumière qui entrait par la fenêtre de ma chambre n'était pas la même. Le silence au dehors était inhabituel.

Le soir tombait maintenant. L'obscurité de la nuit recouvrait la neige.

Je tournais la tête. Maman s'était levée pour ouvrir la porte au chat. C'était un petit chat, tout blanc. Il vivait à la maison depuis quelques semaines. Il n'avait pas de nom.

Maman ne voulait pas que je touche le petit chat. Elle disait que je pourrais être malade.

Le petit chat me regardait. Maman lui avait donné du lait.

Du lait blanc. Le petit chat blanc. Les cheveux de maman blancs. La neige blanche. La montagne blanche. Le ciel gris. La nuit noire.

Je retournait mes yeux vers la fenêtre.

On ne voyait plus la neige. On ne voyait plus la montagne. On ne voyait plus le ciel.

Le petit chat miaulait. Il voulait plus de lait.

Je n'aimais pas quand le petit chat miaulait. Ça me faisait mal au oreilles. Il avait des toutes petites dents. Des dents blanches. Des dents pointues. Comme son miaulement.

Maman faisait la cuisine.

Ça sentait le chaud, le bon. Elle faisait de la soupe. De la soupe verte.

J'allai voir maman. Je voulais de la soupe. Comme le petit chat voulait du lait.

Dehors, la neige recommençait à tomber. On la voyait passer devant la fenêtre.

Il neigea tout l'hiver. Le petit chat ne pouvait plus sortir. Maman non plus. Il n'y avait presque plus de soupe. Il n'y avait presque plus de lait.

C'est donc ça, l'hiver ?

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